Citations sur Frère Cadfael, tome 1 : Trafic de reliques (24)
Ils approchaient à présent de la petite clairière, les bois reculaient de part et d’autre ; le champ étroit d’herbes folles apparut, puis le mur de pierres du cimetière, vert du faîte à la base. La chapelle de sainte Winifred se dressait, petite, rabougrie comme si elle était trop haute pour son socle ; et à l’extrémité se dessinait oblongue et sombre la tombe de Rhisiart, telle une blessure dans l’herbe verte, pleine de sève printanière.
Chapitre 11
Y avait-il un plus beau jardin bénédictin dans tout le royaume, ou plus riche en herbes potagères ou en simples ? Il en doutait. Les terres et les vergers les plus importants de l’abbaye des saints Pierre et Paul, à Shrewsbury se situaient au nord de la route, à l’extérieur de la clôture ; mais ici, à l’intérieur des murs, dans le jardin clos, non loin des viviers de l’abbé et du ruisseau qui faisait tourner le moulin de l’abbaye, frère Cadfael régnait sans partage.
Cadfael était venu tard à la vie monastique, comme un bateau en péril trouve enfin un port tranquille. Il se rendait bien compte que pendant ses premières années de couvent, novices et frères lais se le montraient du doigt avec des murmures effarés.
Chapitre 1
Dans un pays où chaque individu avait sa place assurée et reconnue au sein d’une famille et d’un clan, et où tout le système social était fondé sur la propriété foncière, en tant que hobereau, homme libre ou serf appartenant à une communauté villageoise, l’étranger, dépourvu de terre, ne s’insérant nulle part, était dénué de tout moyen d’existence. La seule façon pour lui de s’établir était de se trouver un suzerain à qui s’allier, qui le logerait, l’intéresserait à la terre et l’emploierait selon ses capacités.
- Le père Huw doit être le seul à Gwytherin à ne pas encore connaître la vérité, remarqua Cadfael avec componction. Mais il eut été fâcheux de lui mettre un tel poids sur la conscience. Il est infiniment préférable qu'il ait gardé son innocence.
- Je suis venu avec la bénédiction de l'évêque et du souverain, riposta le prieur, furieux. Je ne me laisserai pas évincer par un propriétaire d'ici. Mon ordre n'a-t-il pas de droit chez vous ?
- Très peu déclara carrément Cadfael. Le respect naturel de mes compatriotes irait plutôt à l'ermitage qu'au cloître.
Le prieur avait les reliques sur l’estomac en fait depuis que les clunisiens de Wenlock avaient redécouvert la tombe de sainte Milburga, fondatrice de l’abbaye, dont la châsse était maintenant sur leur autel. Un prieuré tout proche, avec une sainte faisant des miracles, et la grande abbaye bénédictine de Shrewsbury aussi vide de reliques qu’un tronc pillé ! C’était plus que Robert n’en pouvait supporter. Depuis plus d’un an, il cherchait un saint oublié, dans la région des Marches, où les saintes poussaient jadis comme des champignons, et où on ne les considérait pas mieux.
En ce beau matin du début du mois de mai, où l’on peut affirmer que commença vraiment l’affaire sensationnelle des reliques de Gwytherin, frère Cadfael s’était levé bien avant prime pour repiquer ses plants de choux, avant que le vent ne se lève ; ses pensées étaient toutes tournées vers la naissance, la croissance et la fertilité, et ne concernaient en rien les tombes, les reliquaires, ni les morts violentes de saints, de pécheurs ou de gens ordinaires et sujets à l’erreur comme lui par exemple.
L’air de la chapelle était entêtant, elle sentait le vieux bois, les épices et l’encens des draperies où l’on avait posé le reliquaire ; il y avait une vague odeur de vieilles poussières et d’abandon partiel.
Chapitre 7
Les rois et les abbés sont aussi des hommes, qui succombent parfois à la tentation.
Chapitre 6