Un graphisme particulièrement parlant comme je les aime sans ambiguïté sur les traits des personnages. L'objet du dessin on le comprend immédiatement : un aspirateur, personnage important de la BD, le Vacuumizer 2000 modèle des années 60/70 peut-être est bien perçu comme tel rien à voir avec un Dyson tarabiscoté sans filtre papier, Ramirez aussi en rasta éthiopien avec son nez péninsule
Cyrano de Bergerac et sa moustache à la
Pierre Vassiliu, crépu à souhait mais bien mexicano tout comme son responsable d'agence au profil type hispano colérique .
Une première de couverture flamboyante qui met l'eau à la bouche, des couleurs hyperréalistes et tranchées sur un fond orangé, brume de chaleur torride et poussiéreuse mexicaine que l'on retrouve dans d'autres scènes apocalyptiques, une superposition des personnages: d'adorables nymphettes mortelles et venimeuses comme des crotales aux boss à bacchantes Gengis Khan et boucle d'oreille à la Corto avec cigarillo cubain et en ombre chinoise à l'arrière l'assassin, le tueur qui fait peur, le maffioso, le traître:Ramirez
pourtant décrit comme muet, doux et blanc comme neige.
C'est tellement beau que je me sentirais obligé d'expliquer l'impression éprouvée entre cette première de couverture et les premières pages: la troisième, un Ramirez, le Muet,
vu par dessus, saccageant la moquette orange avec son Vacuumizer 2000, le soucis du détail de Petrimaux pour l'émigré, homme de ménage, qui aspire sa sacoche à l'épaule même pas de vestiaire le tout aux couleurs bleuâtres/verdâtres et noirâtres pour la tignasse!
La cinquième page bleutée blanc/glacé image hyperréaliste de la cafetière du boulot et la
septième,contraste très fort, toute en bleu et noir, lumière filtrée par des persiennes en contre plongé donnant une impression de fraîcheur au lecteur après la fournaise du début
Bref…Difficile de continuer comme ça sur l'ensemble de la BD on ne sent sortira pas!Tout mériterait un commentaire élogieux du début à la fin et de minutieuses descriptions mais bon, mieux vaut avoir la BD en mains.
Un style incomparable et incisif un graphisme digne de plans cinématographiques, de publicités bien léchées et de bons goûts, de la réclame d'autrefois qui ne souciait pas de vraisemblance mais d'impact visuel surtout en pleine page voir sur deux.
Des traits dessinés au scalpel, parfois au burin lorsque nécessité fait loi pour les personnages et surtout les visages et des décors fourmillants de détails plausibles.
Des dessins façon manga avec des angles bizarroïdes et des expressions de bouches criardes et rectangulaires typiquement japonaises…
Un brouet graphique très select de la meilleure eau.
Mise en page des cases très moderne qui accentue la vraisemblance du récit avec des cases rectangulaires, celles de deux par page donnent une impression d'espace démesuré, des carrées, des superposées sur fond noir avec impression de relief, des cases gigantesques d'une page qui débordent du livre, des cases panoramique sur deux pages bref du neuf, de la grande invention.
Pour le scénario, même qualité ce qui est vraiment étonnant et rare que tout cela soit concocté par un seul et même homme! Chapeau!
du farfelu mêlé inextricablement à du vraisemblable. Les genres sont maniés avec subtilité et beaucoup de réussite
Pour le coté filmique une brutalité de la narration qui n'est pas sans rappeler du Tarentino la «Une nuit en enfer» avec ses psychopathes par exemple, une sauvagerie urbaine et policée non-stop : une horde sauvage!
Derrière les tons colorés et chauds des cases/soleil il y a une froideur inéluctable et mortelle.
Brutal et efficace, haletant et essoufflant pour le lecteur, de l' art véritable par un esthète de la violence graphique.
Plein la gueule mais alors vraiment, plein la gueule! S'cuzez mais y'a pas d'autres mots