AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de bobfutur


Suite directe de ces « douze chaises » dont je vous ai parlé il y a peu.

Où l'on comprend un peu mieux le pourquoi du comment de l'épilogue bâclé du premier roman ;
celui-là étant ici quelque peu réparé…

Où l'on en ressort rassuré sur la qualité de traduction d'Alain Prechac ;
confirmant également sa faiblesse divulgâcheuse dans son élaboration de préfaces.

Où notre appréciation sur l'essentialité du travail d'éditeur se confirme ;
ici dans son édition Parangon de 2002, où le lecteur n'est plus noyé sous les notes de bas de page : il y perdra justement ces sempiternels « réminiscences de Pouchkine ou de Gogol » ( eux-mêmes farcis de « réminiscences de Schiller ou de Shakespeare »… ) ; en échange, il pourra savourer une histoire sans être troublé par ces tics d'exégète…
(de plus, ce second tome des aventures d'Ostap Bender semblant moins enclin aux pastiches et emprunts…)

Où l'on appréciera l'éternel dilemme entre spontanéité et réflexion, notamment appliqué à l'humour ; trois années de travail ici, contre quelques mois pour le premier ; peut-être moins drôle, il semble davantage distrayant, et surtout beaucoup mieux construit… dans la constance…
(avec le grand soulagement qu'il n'existe plus multiples versions… pas plus que de chaises…)

Où l'on pourra continuer de s'émerveiller de cette liberté de ton face à une censure stalinienne miraculeusement clémente ; la critique flinguant tous azimuts est décuplée, décomplexée, toujours protégée par l'immense succès populaire de cette suite, jusqu'à nous faire imaginer le moustachu géorgien se marrant seul comme un gros morse dans son coin…

Où l'on pourra s'enfoncer, si volonté, dans la grande histoire, à travers ces nombreuses mises en abîme, dont la plus frappante reste celle du Juif Errant, insérée avec une diabolique habileté, sans l'air d'y toucher, dans une réflexion sur la manière de travailler des grands reporters…
On en ressortira trempé, et pas beaucoup plus avancé, restant sidéré par cette trouble évocation d'un héros de la nation ukrainienne, l'ataman Symon Petlioura, par deux écrivains odessites d'expression russe, mâtinée d'argot d'Odessa…
( sans oublier qu'Ilya Ilf se nomme en réalité Yehiel-Leib Arievich Fainzilberg… )
Libre à vous d'y plonger… Vous y heurterez l'impossible débat, sous le feu de propagandes croisées, de l'évaluation de son antisémitisme (ou non), et de son degré de responsabilité dans les nombreux pogroms de l'époque (1918-19). Les historiens n'ont d'ailleurs jamais complètement tranché, son instrumentalisation récente ayant définitivement enterré tout cela sous vingt mille tonnes de gravât…

On en ressort définitivement conquis par ce couple d'écrivains soviétiques, tout heureux d'avoir entre-temps trouvé le reste de leurs oeuvres… mon éternelle reconnaissance aux compagnons d'Emmaüs…

A noter que les éditions Gingko l'ont récemment ré-édité, comme le signale Apikrus dans sa critique, en une version qui renoue avec la passion des notes et astérisques…
Commenter  J’apprécie          9312



Ont apprécié cette critique (89)voir plus




{* *}