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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Et l'évolution créa la femmePascal Picq

Comme la question de l'asservissement des femmes par les hommes se posait à la lecture de ses 2 premiers livres « Premiers hommes » et « Sapiens face à Sapiens » Pascal Picq , après reprise des thèmes de notre évolution soit à partir de la lignée chimpanzés, qui pratiquent la torture, la violence, et les viols collectifs, ou à partir de la lignée bonobos, qui règlent les conflits avec le sexe, revient sur les origines de l'homme. Ce qui revient à opposer la vision de Hobbes, l'homme est un loup pour l'homme, à la vision de Rousseau.
Auparavant, Pascal Picq tient à dénoncer l'idéologie au cours des siècles d'histoire, en particulier de la Belle Epoque, tendant à figer les femmes en objets de maison, et la projection de cette idéologie sur le paléolithique ( les hommes trainant leurs femelles par les cheveux, et les hommes, les vrais, allant à la chasse au mammouth tendis que les femmes attendaient dans la grotte avec les enfants. Aucun fondement scientifique, dit l'auteur)

Quels sont les changements entre les grands singes et les hommes ? la taille du cerveau, rendant l'accouchement beaucoup plus difficile et demandant l'aide d'autres femmes, la crainte du sang menstruel, symbole de mort ( tabou toujours présent dans les barbecues et le fait que ce soient les hommes qui coupent la viande)et incapacitant les femmes à certaines périodes, au passage leur interdisant de manger de la viande donc de les fragiliser ,enfin, les enfants, que les femmes nourrissent, périodes pendant lesquelles elles ne peuvent chasser.

Question : pouvoir chasser implique-t-il ne pas prendre un nourrisson dans ses bras ? non., nous dit PP .
Ce que nous imaginons des hommes préhistoriques, ne vient elle pas d'une contre-projection du « modèle de pavillon de banlieue » confinant les femmes dans un territoire délimité et protégé ?

Il semblerait que chez les Néanderthaliens, aucune discrimination liée au sexe ne soit perçue. Les femmes chassaient-elles comme les hommes ? On n'en sait rien, dit Pascal Picq, qui dira cette phrase plusieurs fois dans son livre.
La coercition sexuelle semblerait tout de même être le triste apanage des Sapiens, sauf qu'existent toujours de nos jours des sociétés matriarcales, matrilocales un peu bonoboénnes.

Paléoanthropologue, Pascal Picq se demande d'abord si les sociétés vouées au culte de la mère, avec les Vénus callipyges, les déesses-mères ont vraiment existé avant de céder la place à la coercition masculine qui « a inventé les moyens les plus vicieux pour entraver, dévaloriser et même interdire aux femmes de pratiquer la chasse avec les mêmes moyens que les hommes » ?
Réponse : Si un anthropologue du futur entrait dans une église avec, côte à côte, une Vierge Marie et un Jésus cloué sur la croix, il pourrait croire à un vieux culte matriarcal qui vénère la maternité et sacrifie les hommes adultes.

Voilà pourquoi, aux questions : comment ? à quel moment ? pourquoi ? la coercition masculine exercée contre les femmes est elle de l'ordre de la nature, ou de la culture ? Est elle universelle, alors qu'existent dans différentes sociétés, toujours à l'heure actuelle, des matriarcats, héritiers des bonobos ?

Rarement un livre aussi documenté, aussi savant, avec un glossaire ( ouf) à la fin, donnera aussi peu de réponses à toutes les questions qui se posent quant au passé des Sapiens. Mais, voilà, dire je ne sais pas est la preuve de l'intelligence d'un chercheur qui sait que la science évolue constamment.
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Dans "Et l'évolution créa la femme", Pascal Picq recherche l'origine d'une coercition sexuelle dont sont victimes les femmes depuis des millénaires. Remontant à la préhistoire et comparant différentes espèces, il décrypte une évolution peu flatteuse pour la nôtre.
Et l'évolution créa la femme est un livre qui devrait faire réagir. Son auteur, le paléoanthropologue Pascal Picq, s'attend à ce qu'on lui reproche "de donner des hommes une image dégradée ou dégradante", tout en assurant que là n'est pas sa volonté, l'humanité présentant "une grande diversité d'organisations sociales et de comportement individuels". Il tient à préciser que "tous les hommes ne sont pas violents envers les femmes, quel que soit leur système social", mais assume que son ouvrage "ne dresse pas un noble portrait" de notre espèce, "en tout cas depuis quelques millénaires", et ce en raison de la position dominante de ses mâles. Un constat qu'il pose en remontant jusqu'à la préhistoire pour mieux comprendre une évolution qui se traduit aujourd'hui encore par la mort d'une femme tuée par un proche à peu près toutes les six minutes dans le monde.

MASCULINITÉ ET VIOLENCE
Pour mieux appréhender les racines d'un machisme qui semble inhérent aux civilisations humaines, le chercheur innove avec une approche phylogénétique qui s'attache à reconstituer notre histoire évolutive et celles de différentes espèces. Par cette étude multidisciplinaire utilisant, entre autres, l'éthologie, la génétique et l'anthropologie, il en arrive à la conclusion que "les causes principales du malheur des femmes sont d'ordre culturel". le suggèrent notamment les différences de comportement de nos plus proches cousins dans la chaine de l'évolution, les chimpanzés et les bonobos, avec lesquels nous partageons un dernier ancêtre commun. Chez ces grands singes, la place de la femelle s'avère néanmoins très différente, prouvant qu'il n'y a pas de fatalité à la coercition sexuelle, attitude conduisant à la domination et à une violence que l'on retrouve chez les chimpanzés, mais pas côté bonobo. Ces derniers démontrent ainsi qu'un autre type de relation est possible avec un "régime de codomination" dans lequel les conflits se régulent à l'aide d'une sexualité aussi débridée qu'apaisée.

"En nous montrant d'où l'on vient, le paléoanthropologue donne un aperçu de l'ampleur du chemin à parcourir"
On ne sait si notre ancêtre commun se comportait comme un bonobo ou un chimpanzé, mais l'homme manifeste toutes les formes de coercition sexuelle de ce dernier, d'une manière "plus oppressive, agressive et violente". On ne trouve même chez aucune autre espèce que la nôtre l'existence du féminicide. L'accaparement des femmes, objet de convoitise et de pouvoir, a également atteint chez l'homme un niveau inégalé. Il pourrait d'ailleurs être à l'origine de la victoire d'Homo sapiens sur Néandertal, comme le laissent penser des données paléogénétiques telle que la détérioration du chromosome Y chez les Néandertaliens qui pourrait signifier que leurs femmes les aient progressivement quittés, de gré ou de force pendant des milliers d'années, jusqu'à causer leur extinction. Dès le mésolithique, âge d'or des chasseurs-cueilleurs, les femmes ont en tout cas été réduites à des moyens de reproduction et de production, du moins en Europe et au Proche-Orient, qualifié d'"arc de la domination masculine".

Outre les bonobos, quelques sociétés historiques, notamment en Asie, montrent toutefois que cette domination n'est pas une obligation. Et bien que l'institutionnalisation de la coercition depuis la fin de la préhistoire l'incite à affirmer que "les civilisations ne sont pas les amies des femmes", Pascal Picq voit s'ouvrir d'autres perspectives évolutionnistes. On peut penser que notre société est déjà bien engagée sur une voie menant à la fin de la domination masculine, mais en nous montrant d'où l'on vient, le paléoanthropologue donne un aperçu de l'ampleur du chemin à parcourir.

Lien : https://www.marianne.net/soc..
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C'est un essai de plus de 400 pages qui, en s'appuyant d'un côté sur ce l'on sait des sociétés chez les singes et sur l'histoire de l'humanité, tente de comprendre pourquoi et comment la race humaine est devenue la plus coercitive envers les femelles.

Je ne suis pas une virulente féministe, je ne pense même pas être une féministe tout court, je constate juste que certaines choses ne me sont pas forcément accessibles en tant que femme : le poste que j'occupe a failli me passer sous le nez parce que je suis une femme, il arrive que mon avis ne soit pas pris en compte parce que je suis une femme, j'ai l'impression qu'au travail, être compétente ne suffit pas quand on est un femme...
C'est au moment où, désabusée, je constate toutes ces choses, que j'entends parler de la sortie de ce livre qui traite de la question de manière scientifique, avec un recul qui mène à une certaine objectivité, et ça a fait tilt.

Tenter de comprendre le pourquoi et le comment. C'était passionnant, vraiment. A ne pas lire quand on est fatigué parce que pour le coup, pour un ouvrage de vulgarisation (l'est-ce vraiment finalement ?), c'est très très dense et cela reste très compliqué. Gardez bien le dictionnaire à côté de vous, parce que même avec le lexique final on n'a pas toutes les réponses. Mais ça vaut le coup de s'accrocher.

Il reste tout un monde à découvrir pour pouvoir arriver à un élément de réponse, parce qu'au final il y a plus de questions que de réponses, mais tout est à construire en matière de recherches. Et puis l'évolution de l'Homme n'est peut-être pas encore terminée, à nous d'apporter un nouveau souffle pour amorcer une évolution positive, bien que les dernières nouvelles sur le sujet ne soient pas du tout réjouissantes.
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400 pages où de son propre aveu, Pascal Picq n'apporte pas de réponse définitive à cette question: pourquoi, dans toutes les sociétés que nous connaissons, ce sont les hommes qui s'accaparent quasiment tous les pouvoirs?

Bon, évidemment, cette question paraît encore de nos jours idiote pour une grande partie de la population, qui trouve cela "naturel" et "normal". Circulez, y a rien à voir, ça a toujours été comme ça, les copains. Pourtant, un seul élément devrait nous inciter à y réfléchir: plusieurs études montrent que les entreprises dirigées par des femmes se portent mieux que les autres. Et même Mc Kinsey l'a calculé: si les femmes étaient considérées à l'égal des hommes, la richesse mondiale augmenterait de plus de 1200 milliards de dollars.

Et pourtant, la paléontologie, l'ethnologie, et l'éthologie montrent qu'il a existé - et qu'il existe encore - tout un éventail de possibilités. Et même, des sociétés sans coercition des mâles envers les femelles.

Au passage, l'auteur met en lumière des éléments que l'on n'a pas forcément en tête. Par exemple, que l'espèce humaine est la seule où des mâles tuent les femelles. Et que si d'autres espèces peuvent se montrer agressives, l'homme s'est montré particulièrement inventif pour trouver des moyens de contrôler les femmes, pour justifier ces moyens, et pour punir les femmes qui tenteraient d'échapper à cette condition (que l'on pense seulement à ce qui s'est passé en Iran ces jours-ci...)

Le bouquin peut paraître un peu long, parfois technique par son vocabulaire (heureusement un glossaire figure à la fin), mais il mérite d'être lu tant pour les informations dont il fourmille, que pour les clichés qu'il remet en question. Comme par exemple l'image du mâle chasseur intrépide qui s'occupe de tuer l'auroch pendant que madame restait au fond de la caverne. En fait dès la préhistoire, les femmes travaillaient autant que les hommes.

Autre idée reçue: l'espèce humaine a t'elle forcément progressé au fil du temps? Rien n'est moins sûr. En fait l'évolution est bien plus complexe, elle tâtonne. Ce qui nous paraît aujourd'hui un écart à la norme est en fait un test d'autres possibilités, qui aboutiront peut-être un jour à un monde différent...

Finalement, le développement de nos cerveaux et notre capacité à construire des mythes - en particulier, les religions, - ont servi à justifier la coercition masculine. Laquelle répond à un but tout simple: les hommes ont toujours cherché à s'assurer le contrôle des moyens de production et de reproduction.
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C'est un livre très intéressant, pour ceux que le sujet questionne, quoiqu'un peu ardu,, sur les rapports homme femme vus et analysés par un paléoanthropologue.

La démarche scientifique est novatrice car l'auteur cherche à comprendre par le biais de la préhistoire et des traces qu'elle a laissé, comment s'articulaient les rapports homme femme et pourquoi il y a une telle coercition, une telle violence, des hommes envers les femmes et quelle en est l'origine culturelle et écologique ? biologique ? génétique ? ….

Si l'on voulait synthétiser de manière philosophique l'auteur évoque : Rousseau « l'homme nait bon c'est la société qui le corrompt » et Hobbes « l'homme est un loup pour l'homme » …

La préhistoire jusqu'à présent ne s'était pas ou peu intéressé aux rapports hommes femmes dit-il.

Il met également en parallèle les types de coercition dans le monde animal et particulièrement les primates, du chimpanzé extrêmement violents avec les femelles aux bonobos plutôt conciliants.

Bon le constat est plutôt affligeant, il affirme que les féminicides sont une particularité humaine et que jamais cela n'a été constaté chez d'autres mammifères et particulièrement les espèces de singes précédemment citées.

Cependant il y quelques lueurs d'espoir, car nous sommes dans le top des 6 pays dont la loi condamne les discriminations et toutes formes de coercition envers les femmes. Ça c'est la loi après dans les faits c'est une autre histoire…
Évidemment les zones rouges se situent en Afrique et au moyen orient (de l'excision à la charia).

Pour finir il évoque un chapitre sur les religions ou les codes religieux auraient ou auraient eu pour objectif principal d'enfermer et de contraindre encore plus les femmes (voir la charia). C'est un vrai sujet.

Je regrette que le livre ne soit pas assez vulgarisé, il faut sans cesse se référencer au glossaire un livre de scientifique pour les scientifiques, dommage car ces questions sont passionnantes et intéressent également les non spécialistes.
Je conseille également sur le site de BABELIO la vidéo de Pascal PICK en conférence reprenant tous les thèmes de ce livre.



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Essai foisonnant, passionnant. Qui pense plus large et plus fin,  géographiquement, conceptuellement. Qui rappelle tous les possibles que réserve l'Evolution et qu'on oublie souvent d'envisager, par manque de recul.
Un essai dont on peut regretter qu'il soulève plus de questions qu'il n'apporte de réponses. Mais n'est-ce pas là le plus stimulant !
Pourquoi tant d'acharnement des hommes à dominer et asservir les femmes ? En quoi leur font elles à ce point peur ???
Une note d'espoir cependant : ce mode de société n'est pas le seul possible !
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