Elle semblait avoir un don pour lire les gens, ou du moins les gens qu’elle ne
connaissait pas, mais elle avait fini par se rendre compte qu’elle s’était trop
reposée sur cette compétence.
À plus d’une occasion, elle avait ignoré des preuves qui auraient pu
l’aider à résoudre une affaire parce que ses instincts lui disaient autre
chose.
La douleur physique de ce moment n’avait été égalée que par
l’humiliation qu’elle ressentait encore quand elle se souvenait qu’elle avait
passé dix ans à vivre avec un sociopathe sans jamais s’en rendre compte. Après
tout, elle était censée être experte en détection de ces sortes de gens.
Un homme ne peut-il pas
apprécier la petite joie que lui procure l’arrivée inopinée d’un
visiteur ?
La façon dont il prononça sa dernière phrase mit les sens de Jessie en
alerte, comme s’il y avait eu un sens caché. Elle resta assise sans parler
pendant un moment pour se donner la possibilité de réfléchir sans se fixer de limite temporelle.
Bruce Hunt n’était pas un homme d’abord
facile et Jessie n’était pas non plus la plus tendre des filles. Les souvenirs
qu’elle avait de sa jeunesse avec lui étaient un mélange de joie et de
frustration. Il y avait eu des vacances au ski, ils avaient campé et randonné à
la montagne et ils avaient rendu visite à la famille à Mexico, à tout juste
cent kilomètres.
Cependant, il y avait aussi eu de grosses disputes, surtout quand elle
avait été adolescente. Bruce était un homme qui appréciait la discipline.
Je n’aurais jamais dû accepter que cela se produise.
C’était un moment de faiblesse. Elle me connaissait depuis des années. Elle
connaissait mes points faibles et savait ce qui était le plus susceptible
d’éveiller mon intérêt. J’aurais dû me méfier, mais je me suis laissé abuser
Une erreur, c’est
trébucher sur un bord de trottoir et renverser quelqu’un. Une erreur, c’est
oublier la retenue quand on fait une soustraction. Permettre accidentellement
au mari de ta meilleure amie de coucher avec toi, ce n’est pas une erreur,
Penny !
Je prétends qu’une chose assez peu admirable que je fais dans ma
vie n’est pas si grave parce que, si j’admettais qu’elle était grave, j’aurais
encore plus de mal à la supporter.
Elle avait encore l’apparence de l’ex-mannequin
de mode qu’elle avait été jusqu’au jour où, peu avant d’avoir trente ans, elle
avait abandonné cette carrière pour vivre une vie certes moins excitante mais
beaucoup moins frénétique.