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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ernestine vit dans un milieu social favorisé. Elle ne souhaite pas faire femme au foyer et arrive à convaincre son père de faire des études d'avocat en lui laissant croire qu'elle épousera l'homme qu'il lui a choisi. En 1914 une femme ne fait ses propres choix. Ernestine réussira et travaillera à défendre l'homme qui a assassiné Jean Jaurès.
Un portait de femme avant gardiste dans une époque où rien ne leur est permis.
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Paris. À la veille de la Première Guerre mondiale.
Le père d'Ernestine Godiveau réserve à sa fille un avenir respectable de femme au foyer digne de leur milieu bourgeois. Dans cette conception traditionnelle de la famille, le rôle de la femme se cantonne à s'occuper du foyer et des enfants.
À l'encontre des principes éducatifs qu'elle a reçus, Ernestine rêve de travailler pour s'assurer une vie indépendante sans l'égide d'un mari. Elle ambitionne notamment d'étudier le droit pour viser le métier d'avocate. Mais pour cela, elle doit pactiser avec son père qui accepte son inscription à la Faculté en échange d'un bon mariage avec Eugène. Optimiste, en attendant une intervention bénéfique du destin, elle supporte ce fiancé pendant qu'elle entretient secrètement une relation amoureuse avec Rodolphe. Ce jeune libraire partage avec elle son goût pour les écrits et la politique.
Pour finaliser sa quête de liberté et d'indépendance, Ernestine embrasse alors sa carrière d'avocate grâce à la confiance de maître Géraud, rencontré par l'entremise de Rodolphe. Là, l'apprentissage de la jeune fille débute avec la préparation de la défense de Raoul Villain. Quelle délicate affaire pour elle, que celle de devoir assister l'assassin de Jaurès, un homme qu'elle et Rodolphe adulent ! Un difficile exercice de conscience pour expérimenter la profession.
MON AVIS
Ce roman historique aborde, par le biais d'une jeune femme, le déroulement de la Grande Guerre déclarée le lendemain de l'assassinat de Jean Jaurès. Cette mort a-t-elle précipité la guerre ? le positionnement de ce pacifiste a-t-il échauffé l'esprit d'un « dérangé » ou d'un activiste politique ? Pourtant enclin à se battre par bon nombre de citoyens, le pays va devoir s'adapter face à l'enlisement de cette guerre trop longue. le regard politique et la mentalité anti-conventionnelle d'Ernestine expliquent le bouleversement qui va se produire dans la France durant la guerre. Et cette évolution passe par un changement du rôle des femmes. Jusque là, elles se montraient soumises sous un joug protecteur des hommes. L'adversité de la guerre a révélé des travailleuses dégourdies et capables de suppléer avec efficacité des hommes partis en guerre.

une avocate en 1914
La condition de la femme au début du XXe siècle est dépeinte par l'entremise de notre héroïne. Les auteurs illustrent bien la place de la femme dans la société apparentée à celle d'un mineur. Dépourvues de droits, toutes les femmes, filles célibataires ou mariées se contentent de se taire et de se soumettre. La jeune fille passe de l'autorité du père à celle de son mari.

Ernestine représente une jeune fille subversive pour l'époque avec ses idées d'émancipation. Vouloir travailler pour acquérir une autonomie financière, et une indépendance est totalement contraire aux idéaux de sa classe sociale.

Après une loi votée par Poincaré et Viadini accordant le droit aux femmes de devenir avocate, le parcours d'Ernestine évoque celui de celles qui l'ont précédée, ou qui l'ont inspirée, comme Jeanne Chauvin qui est la première femme en France à avoir plaidé.

le personnage d'Ernestine présente une femme hors norme prête à contrecarrer les plans de son père, l'incarnation de réactionnaire. Pour garantir plus de crédibilité au roman, la jeune fille use de méthodologie, de psychologie ou d'hypocrisie pour obtenir son émancipation de son père. Elle a l'intelligence d'éviter les discussions frontales avec lui, car elle en connaît l'issue, devinant ses convictions irréversibles et l'attitude complaisante de sa mère.

Assassinat de Jaurès : Crime politique ou de droit commun ?
La préparation de la défense de l'assassin de Jaurès, Raoul Villain, est confiée à Ernestine. de là, elle va étudier tout ce qui est relatif à ton passé, de son environnement familial à sa vie d'étudiante décousue. On note qu'aucune influence avec des groupuscules politiques ne l'aurait poussé à commettre le crime par idéalisme. Non, le jeune homme médiocre a agi seul et avec préméditation à la lecture des pressions médiatiques.

On assiste au procès de l'intérieur où l'évolution de la guerre peut marquer la sévérité d'un jury pour le verdict. Ainsi, des reports de procès se sont succédés pendant plusieurs années. Sans clémence, Ernestine va peaufiner sa défense sans éprouver la moindre estime pour Raoul Villain. Heureusement, sa victoire professionnelle compense sa tristesse morale autour d'un verdict qui la sidère.

la guerre de 14
Loin des tranchées et des combats sanglants, Ernestine observe la guerre de Paris. Et le conflit va la débarrasser d'un fiancé encombrant tandis qu'elle vit sa romance avec Rodolphe.

Par ailleurs, le roman relate l'ensemble des publications à propos de l'entrée ou non de la France dans le conflit. En effet, d'une part le pacifiste Jaurès, un socialiste convaincu par la solidarité internationale milite pour éviter une guerre sanglante. d'autre part, certains revanchards y voient enfin une opportunité pour récupérer des territoires perdus. Mais les événements politiques intérieurs et étrangers vont conduire le pays dans une guerre.

Une romance sur un fond historique et d'une recherche très renseignée.
Lien : https://lesparolesenvolent.c..
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Si j'ai vraiment adoré ce livre, je déplore vraiment le texte de la quatrième de couverture qui n'est pas du tout représentatif du texte. Ernestine n'est pas une journaliste et le sujet central du livre n'est pas l'assassinat de Jaurès mais bien le portrait d'une jeune femme hors norme au début du XXe !

L'histoire commence donc avec notre jeune Ernestine qui veut faire des études mais en 1916, une fille ne fait pas ce qu'elle veut. A force de persistance et d'arguments, elle réussit à persuader son père et pour lui prouver qu'elle en veut, obtient son diplôme d'avocate. Entre-temps, son père cherche à la marier et Ernestine doit faire bonne figure malgré son dégoût face à cette idée (et aussi au mari qui est aussi étriqué d'esprit sur les femmes qu'on s'y attend). Mais la guerre va arriver et va changer bien des choses…

J'ai aimé Ernestine, bien sûr, bien évidemment je dirais même ! Comment ne pas apprécier cette jeune femme qui veut s'émanciper, vivre par elle-même, faire un métier, oeuvrer pour la justice et se défaire des carcans du patriarcat ?

Lorsqu'elle devient avocate, elle se fait sans trop de peine embaucher dans un cabinet grâce à une connaissance. La partie sur l'assassinat de Jaurès va donc se jouer ici puisqu'elle va travailler d'arrache pied sur ce dossier qui lui permettra de prouver sa valeur, faire ses preuves et démarrer sa carrière. J'ai trouvé certaines parties longues mais, il faut reconnaître que sur le plan juridique, le sujet est vraiment bien traité et les explications judicieuses.

Les différentes figures masculines croisées sont toutes intéressantes même si pas toutes appréciables et elles permettent de montrer une société en mouvance avec des volontés bien distinctes.

C'est donc une très belle découverte pour moi et je déplore vraiment que ce livre ne fasse pas plus parler de lui !

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