AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Pourquoi pas la vie (58)

Je sais désormais que c’est l’inimaginable qu’il faut viser. Que ce qui peut nous rendre heureux, ce n’est jamais ce qu’on a planifié. C’est ce qui échappe à nos logiques, contredit nos certitudes et bouscule nos archétypes.
Commenter  J’apprécie          00
Je ne suis pas empathique, j’en ai chié, dit Greta entre ses dents. On ne vient pas du même monde. Toi, tu es une Américaine, blanche, tu appartiens à la classe moyenne, moi je viens d’un milieu ouvrier du nord de l’Angleterre, ma grand-mère paternelle est jamaïcaine et je suis lesbienne. Clairement, on n’a pas eu la même vie, mon expérience de la violence ordinaire est plus aiguë. Alors pour moi, il y a un lien évident et nécessaire avec les autres combats, parce que se débarrasser d’une oppression ne supprime pas les autres. Je veux dire : ça n’a pas de sens de se battre pour l’égalité femmes-hommes sans lutter contre les autres discriminations.
Commenter  J’apprécie          00
-J’espère que ton instinct est un type avisé…
(…) C’est une femme, pas un homme. Regarde : mon instinct est sensible et intuitive, elle a de bonnes idées mais personne ne l’écoute, elle sait ce qui pourrait me faire du bien mais s’est toujours laissé convaincre par ces connards de rationalité et d’ego (qui, eux, son bien des mecs) parce qu’elle n’a pas confiance en elle, parce qu’on ne lui a jamais appris à formuler ses convictions avec assurance. Mon instinct est désespérément féminin.
Commenter  J’apprécie          00
Son allure paraît désaccordée : une robe trop stricte, une parka élimée, un maquillage maladroit. Elle se sent comme un patchwork. Une mère, un peu jeune femme, un peu enfant, un peu libre, un peu sévère, un peu moderne, un peu archaïque, comme si elle ne parvenait pas à se trouver elle, encombrée à la fois de celle qu’elle était, de ces identités qu’elle voudrait endosser et de tous ces modèles de femmes que la société lui impose.
Commenter  J’apprécie          00
Être en colère, c'est être en vie, non?
Commenter  J’apprécie          00
Elle aurait dû se méfier : on ne peut pas faire confiance à quelqu'un qu'un numéro de claquettes ne rend pas heureux.
Commenter  J’apprécie          30
En dansant, elle sent son buste onduler, ses longues jambes se tordre, ses bras maladroits, et elle pense que son corps est devenu inutile. Il ne nourrit plus d'enfant, il ne désire plus personne, il ne crée plus rien de nouveau, il ne jouit presque jamais. Il est devenu fonctionnel. Il la maintient en vie, mais c'est un matériau isolant. Il ne conduit plus le plaisir, l'excitation, la volupté, l'exaltation. Alors ce soir elle danse encore plus fort, encore plus longtemps, s'abandonne à la musique jusqu'à la transe, jusqu'à sentir ses muscles douloureux, jusqu'à faire monter en elle, dans ses reins et au creux de son ventre, une chaleur brûlante, quelque chose de cet éclat de vie et de désir qu'elle veut tant retrouver. Elle voudrait passer ses journées à danser jusqu'à l'épuisement, nager jusqu'à perdre son souffle, manger jusqu'à faire écla ter son estomac, embrasser et faire l'amour jusqu'à gorger son corps et son sexe de plaisir. Il n'y a peut- être que comme ça, par l'excès, qu'elle parviendra de nouveau à toucher du doigt ce que ça fait de vivre.
Commenter  J’apprécie          140
Il y a quelque chose dans l'air du temps, un mouvement, qu'elle a du mal à suivre. Elle n'est plus cette fille en avance sur son époque par son ambition, sa sexualité, sa liberté, sa vision de l'amour. Si elle ne fait rien, elle va rester coincée ici, à la lisière de ce vieux monde engoncé dans sa bienséance. Et elle ne parviendra jamais à entrer dans le nouveau, qui
est en train de bouleverser les corps, les esprits et les modes de vie, en admettant enfin l'importance de la complexité de l'individu.
Commenter  J’apprécie          220
Au petit matin du 11 février 1963, dans le quartier résidentiel de Primrose Hill, Londres, entre les murs d'un appartement situé au premier étage d'une maison, une jeune femme de trente ans, fraîchement séparée de son mari, le poète Ted Hughes, rongée par la solitude, la maladie et le désespoir, se suicide, intoxiquée au gaz, en mettant sa tête dans le four. À l'étage, ses deux jeunes enfants, âgés de un et trois ans, dorment. Ils seront sauvés quelques heures plus tard par une infirmière, dont le passage avait été planifié.
C'est ainsi qu'a eu lieu la fin tragique et prématurée d'une poétesse vibrante de sensibilité, d'humour, d'intelligence et de rage: Sylvia Plath.

Ça, c'est la réalité.

Sylvia Plath est une héroïne romantique. Depuis près de soixante ans, on façonne avec son drame des représentations iconiques et poétiques qui flirtent avec la complaisance morbide, Mais ce n'est pas sa mort qui est romantique. C'est sa force de vie. Sa mort, au contraire, est trivialement réelle. Elle rend une sentence implacable et enferme éternellement la poétesse dans cette ultime image de renoncement. Elle est de cette teinte suffocante que prend l'existence lorsqu'elle succombe absolument à l'injustice. Aucune personne de trente ans ne devrait crever la tête dans le four.

Ce n'est pas un monde acceptable.

Cinq ans plus tôt, en décembre 1958, cette même Sylvia Plath comparait dans son journal l'écriture à un geste religieux : une façon de rejouer le réel et d'amender la relation qu'on entretient avec lui.

Alors j'ai décidé de la prendre au mot. Après tout, à quoi sert la littérature si ce n'est pas à commettre cet acte irrationnel: inventer des réalités alternatives à partir de la matière du monde, donner une voix à celles et ceux qui n'en ont pas, déposer des pansements de mots sur les injustices, habiller d'un corps les fantômes, projeter les souvenirs en Technicolor, déclamer notre amour à celles et ceux qui ne peuvent plus nous entendre.

(Incipit)
Commenter  J’apprécie          100
Elle n'imaginait pas cela possible, mais les écrivains, plus encore les écrivaines, ont un rôle, si leur imagination peut avoir une utilité sociale et politique, c'est bien celle-ci : inventer une alternative à ce qu'on nous dit inéluctable, et tracer une troisième voie là où le reste du monde ne perçoit qu'un mur ou des broussailles.
Commenter  J’apprécie          30






    Lecteurs (295) Voir plus



    Quiz Voir plus

    QUIZ MA FUGUE CHEZ MOI

    Le personnage principale s'appelle...

    Anoushka
    Anouk
    Amélie

    9 questions
    5 lecteurs ont répondu
    Thème : Ma fugue chez moi de Coline PierréCréer un quiz sur ce livre

    {* *}