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Citations sur Pourquoi pas la vie (58)

Il y a quelque chose dans l'air du temps, un mouvement, qu'elle a du mal à suivre. Elle n'est plus cette fille en avance sur son époque par son ambition, sa sexualité, sa liberté, sa vision de l'amour. Si elle ne fait rien, elle va rester coincée ici, à la lisière de ce vieux monde engoncé dans sa bienséance. Et elle ne parviendra jamais à entrer dans le nouveau, qui
est en train de bouleverser les corps, les esprits et les modes de vie, en admettant enfin l'importance de la complexité de l'individu.
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A ses yeux, la littérature est comme la table d’un buffet, il y a des mets raffinés, des plats régressifs, des saveurs exotiques, de la pâtisserie délicate, et des préparations, et de préparations modestes mais délicieuses, et Sylvia veut goûter à tout. Non, dévorer tout.
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En dansant, elle sent son buste onduler, ses longues jambes se tordre, ses bras maladroits, et elle pense que son corps est devenu inutile. Il ne nourrit plus d'enfant, il ne désire plus personne, il ne crée plus rien de nouveau, il ne jouit presque jamais. Il est devenu fonctionnel. Il la maintient en vie, mais c'est un matériau isolant. Il ne conduit plus le plaisir, l'excitation, la volupté, l'exaltation. Alors ce soir elle danse encore plus fort, encore plus longtemps, s'abandonne à la musique jusqu'à la transe, jusqu'à sentir ses muscles douloureux, jusqu'à faire monter en elle, dans ses reins et au creux de son ventre, une chaleur brûlante, quelque chose de cet éclat de vie et de désir qu'elle veut tant retrouver. Elle voudrait passer ses journées à danser jusqu'à l'épuisement, nager jusqu'à perdre son souffle, manger jusqu'à faire écla ter son estomac, embrasser et faire l'amour jusqu'à gorger son corps et son sexe de plaisir. Il n'y a peut- être que comme ça, par l'excès, qu'elle parviendra de nouveau à toucher du doigt ce que ça fait de vivre.
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Au petit matin du 11 février 1963, dans le quartier résidentiel de Primrose Hill, Londres, entre les murs d'un appartement situé au premier étage d'une maison, une jeune femme de trente ans, fraîchement séparée de son mari, le poète Ted Hughes, rongée par la solitude, la maladie et le désespoir, se suicide, intoxiquée au gaz, en mettant sa tête dans le four. À l'étage, ses deux jeunes enfants, âgés de un et trois ans, dorment. Ils seront sauvés quelques heures plus tard par une infirmière, dont le passage avait été planifié.
C'est ainsi qu'a eu lieu la fin tragique et prématurée d'une poétesse vibrante de sensibilité, d'humour, d'intelligence et de rage: Sylvia Plath.

Ça, c'est la réalité.

Sylvia Plath est une héroïne romantique. Depuis près de soixante ans, on façonne avec son drame des représentations iconiques et poétiques qui flirtent avec la complaisance morbide, Mais ce n'est pas sa mort qui est romantique. C'est sa force de vie. Sa mort, au contraire, est trivialement réelle. Elle rend une sentence implacable et enferme éternellement la poétesse dans cette ultime image de renoncement. Elle est de cette teinte suffocante que prend l'existence lorsqu'elle succombe absolument à l'injustice. Aucune personne de trente ans ne devrait crever la tête dans le four.

Ce n'est pas un monde acceptable.

Cinq ans plus tôt, en décembre 1958, cette même Sylvia Plath comparait dans son journal l'écriture à un geste religieux : une façon de rejouer le réel et d'amender la relation qu'on entretient avec lui.

Alors j'ai décidé de la prendre au mot. Après tout, à quoi sert la littérature si ce n'est pas à commettre cet acte irrationnel: inventer des réalités alternatives à partir de la matière du monde, donner une voix à celles et ceux qui n'en ont pas, déposer des pansements de mots sur les injustices, habiller d'un corps les fantômes, projeter les souvenirs en Technicolor, déclamer notre amour à celles et ceux qui ne peuvent plus nous entendre.

(Incipit)
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Après tout à quoi sert la littérature si ce n'est pas à commettre cet acte irrationnel : inventer des réalités alternatives à partir de la matière du monde, donner une voix à celles et ceux qui n'en ont pas, déposer des pansements de mots sur les injustices, habiller d'un corps les fantômes, projeter les souvenirs en technicolor, déclamer notre amour à celles et ceux qui ne peuvent plus nous entendre.
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Non seulement ce fragment de son histoire se trouve désormais en dehors d'elle, mais il devient une matière. Ce n'est plus qu'une histoire.
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Elle aurait dû se méfier : on ne peut pas faire confiance à quelqu'un qu'un numéro de claquettes ne rend pas heureux.
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Elle n'imaginait pas cela possible, mais les écrivains, plus encore les écrivaines, ont un rôle, si leur imagination peut avoir une utilité sociale et politique, c'est bien celle-ci : inventer une alternative à ce qu'on nous dit inéluctable, et tracer une troisième voie là où le reste du monde ne perçoit qu'un mur ou des broussailles.
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Seule la nuit est assez froide pour nous faire croire que la mort est une issue.
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C’est peut-être ce qui est le plus dur pour elle, avec la maternité : avoir perdu l’indépendance de son corps en même temps que celle de son esprit. Avoir toujours un enfant collé à elle, littéralement : accroché à sa jambe comme un paresseux, affalé sur ses genoux, reposant dans ses bras, escaladant son dos. Elle voudrait retrouver ses bordures. Et puis cesser d’avoir l’esprit encombré par un amoncellement de petites tâches et de préoccupations dont Ted a semble-t-il à peine conscience : courses, vêtements, horaires, couches, rendez-vous chez le médecin… Elle est jalouse. Depuis l’enfance, elle jalouse les hommes, leur liberté, la facilité avec laquelle ils se débarrassent de leur rôle de père à l’instant où ils passent le pas de la porte (quand ils daignent l’endosser à la maison), le droit qu’on leur a toujours concédé à être distraits, absents, inconséquents.
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