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Paola Pigani a grandi en Charente où elle a rencontré une femme manouche qui a vécu dans le camp des Alliers. Cela lui a inspiré l'histoire de ce premier roman qu'elle a présenté à Niort l'hiver dernier, parce qu'elle était nominée pour le prix de la Voix des Lecteurs.

La période historique et le thème m'intéressaient, la quatrième de couverture m'intéressait, MAIS, parce qu'il y a un mais, je n'adhère définitivement pas au style de l'auteur : c'est lent, avec des énumérations, souvent sur un rythme ternaire, et ça je ne supporte pas... ("la course, le rire, la faim se partagent leur ventre", "les adultes complotent, chuchotent, ont des regards qu'ils n'avaient pas avant", "pourquoi moins de cris, moins de chants, moins de pagaille"... et bien d'autres encore page 52). Je me suis un moment demandé si ça n'était pas pour faire une opposition rythmé entre avant : leur vie joyeuse de nomades, et l'instant décrit : leur vie dans le camp. Mais non, puisqu'on retrouve la même chose dans cette dernière. C'est dommage parce qu'il y a, par ailleurs, des images très poétiques ("secourus par les vents, ils volent d'une misère à la joie, d'une ivresse à l'effroi" "(le cheval) entre tout entier dans son coeur avec sa peau de bête, son souffle puissant, son odeur de terre" pages 54-55).

Alors j'ai posé le livre et tenté d'y revenir plus tard, ce qui m'a permis d'aller au bout de ma lecture...

Je vous laisse vous faire votre opinion !!


Lien : http://la-clef-des-mots.e-mo..
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Histoire d'Alba, jeune fille de quatorze ans qui est internée, à partir de 1938, avec toute sa famille dans un camp pour Tziganes près d'Angoulême. Jusqu'en 1946, ils vont connaître l'humiliation et les brimades. Ils se retrouvent entassés dans des baraquements qui laissent passer le froid et la pluie, alors que les tziganes n'aiment pas avoir de toit en dur au-dessus de la tête. Leurs roulottes leur sont enlevées ainsi que leurs animaux. Alba rencontre Rémi et son frère, alors qu'ils arrivent dans le camp et doivent s'installer dans la baque de la famille d'Alba. Rémi n'est pas un garçon comme les autres. Elle devient très proche de son frère. Un très beau roman sur un épisode assez peu connu de l'histoire française.
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N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures Paola Pigani

C'est un roman sur un sujet grave l'internement des Manouches au camps des Alliers en Charente, pendant la seconde guerre mondiale.
L'auteure raconte de façon romancée l'histoire d'une Manouche qu'elle a connu et qui a été interné dans ce camp.
La jeune Alba entre dans ce camp encore enfant, 14 ans, et n'en ressortira que 6 ans plus tard. Elle verra dépérir et mourir des êtres chers mais elle y trouvera aussi l'amour.
C'est un beau roman sur une page sombre et méconnue de notre histoire, je savais que les Tsiganes avaient été déporté en Allemagne, mais je ne savais pas qu'ils avaient été interné aussi en France.
Dans ce roman on passe du sourire aux larmes. La souffrance de ces pauvres gens est palpable, même si ils ne sont pas victimes de sévices, comme ont pu l’être les déportés dans les camps de concentration. Ils sont mal nourri, logés dans des conditions déplorables et les autorités françaises leur ont tout pris du peu qu'ils possédaient, chevaux, mules et surtout roulottes. Et beaucoup mourront de ces mauvaises conditions de vie.
Pourtant il y a de l'espoir, Alba continue à avancer pour son petit frère dont elle prend soin et ensuite pour son premier enfant et son amour.
Plus d'un an après la Libération ils seront relâchés et renvoyés sur les routes totalement démunis.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman, et j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire. C'est rempli d'humanité, d'espoir et on apprend beaucoup sur ces gens pour qui la liberté de voyager, de bouger même si parfois ils ne vont pas très loin est la chose la plus précieuse qui puise exister.

c'est vraiment un texte à lire.

Challenge abc 2014/2015
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Un seul regret pour ce livre : avoir tourné la dernière page ... mais il reste toujours la possibilité de le relire !

La rencontre avec Alba nous fait rencontrer, en fait , tout un peuple, toute une culture au travers de ces six années d'enfermement et d'adversité. Une foule de sentiments vous envahira à la lecture de ces jours, mois, années passés derrière des grilles dans la plus grande misère.
Mais tout autant que le récit qui permet d'ouvrir les yeux sur des faits oubliés , c'est l'écriture et le style de Paola Pigani qui vont vous emporter et vous envoûter tout au long de ces pages, une émotion émane des mots comme elle émane des faits.

Une magnifique lecture pour une leçon d'histoire. Un livre à lire absolument...
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Un beau texte poignant sur une page de l'histoire de la seconde guerre mondiale peu connue. Un témoignage issu de la rencontre de l'auteure et d'une rescapée de ce camp qui lui a raconté son histoire.

Au travers des souvenirs d'Alba aujourd'hui âgée de quatre-vingt ans, nous suivons le quotidien de 350 tziganes enfermés dans un camp entre 1940 et 1946. Alors âgée de quatorze ans, Alba arrive dans ce camp à Angoulême avec sa famille. Ce qui frappe, c'est le décalage entre la vie nomade très libre de ce peuple et les restrictions imposées par l'état français.

Les manouches ne fréquentent pas les « gadje » et vivent différemment : la verdine ou roulotte est leur maison, le cheval qui tire cette roulotte fait partie de la famille et tous travaillent de leurs mains pour vivre. Les parents d'Alba étaient forains avant la guerre.

Quel décalage et tristesse en découvrant ce camp : privés de liberté, de leur roulotte, de leur cheval et de toute activité de leur vie d'avant. Ils vont souffrir de la faim, de maladie et d'ennui. Maria, la mère d'Alba, est particulièrement émouvante : aveugle, elle communique avec ses enfants à la voix et avec ses mains. Au toucher, elle ressent toutes leurs émotions et les consolent. le père, fier comme tous les manouches, fera tout pour améliorer leur quotidien par son travail. Des personnages forts vivants et attachants.

Un style fluide, poétique et pur. Une histoire qui émeut, interpelle et se lit facilement.

Je vous recommande cette lecture pour ses qualités littéraires et l'intérêt du sujet.

Lien : http://www.despagesetdesiles..
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L'histoire dans l'Histoire. L'histoire des Manouches au travers une famille qui vivait dans les Charentes avant la dernière guerre. Depuis leur incarcération due aux lois de Vichy à leur libération en 1949 ! C'est par Alba l'héroïne que nous suivons le fil et découvrons cette communauté, leurs vie, leurs habitude, leur formidable appétit de Vie. Et aussi l'horreur d'avoir enfermé ces fils du vent dans cette cage malpropre et malodorante. On y croise aussi la résistance, bien sûr, et surtout des Hommes et des Femmes dont le mode de vie est brisé, puis, peu à peu délité dans ce qu'il est convenu d'appeler le progrès.

Style : Paola Pigani a une très belle écriture, sensible, riche. Elle a écrit et publié des poèmes, cela se sent. Et il le fallait pour parler de ces êtres riches et forts mais sensibles comme la feuille au vent.

C'est un très beau roman, un écrit pour une société sans écrit, sans archive, qui passe à côté de nous légers malgré le poids de nos légendes et de nos peurs, pour un peuple qui perd peu à peu ses racines qui étaient de vent et d'insouciance.
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On ne peut rester indifférent aux conditions de vie misérables qui ont été faites à ceux que l'on a appelés Manouches, tziganes, romanichelles. Parqués dans des camps comme des bêtes, à peine nourris ayant tout perdu sauf leur dignité tout simplement parce qu'ils étaient « gens du voyage » Ils ont survécu tant bien que mal et ont été les derniers libérés quand la guerre s'est enfin terminée. Leur faute ? ne pas vivre comme « tout le monde »
L'auteure a romancé un peu la vie d'Alba mais si peu, que nous ne pouvons que dire : respect à tous ces oubliés et égarés de cette guerre.
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Récit très émouvant sur un épisode méconnu de la 2ème guerre mondiale , révoltant par son manque d'humanité envers des personnes ayant une culture et un mode de vie différents .
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Ce très beau roman évoque un sujet rarement traité, l'internement dans des camps de la communauté tzigane pendant la seconde guerre mondiale.
6500 personnes alors ont séjourné dans une trentaine de camps en France.

Paola Pigani a rencontré l'une d'elle, Alexienne. C'est son témoignage qui a servi de trame à ce roman.

Alba (Alexienne) a 14 ans en novembre 1940, quand avec sa famille, on l'envoie dans le camp des Alliers près d'Angoulème.
Elle y restera jusqu'en mai 1946, presque 2 ans après la fin de la guerre.

Mais que reproche-t-on aux tsiganes?

"Le camp d'internement se veut un camp d'éducation où tout le monde doit oublier un mode de vie antérieur, apprendre les joies de la sédentarisation, le plaisir de vivre dans des ersatz de maisons qui se putréfient sur des sols froids et humides, traversés de toutes sortes de rongeurs et d'insectes nocifs, le plaisir d'être coupés de la bienfaisance des arbres, du vent et de la lune. le plaisir d'oublier la lumière qui vous traverse le corps du matin au soir.
Les objectifs secondaires de l'internement sont de leur apprendre à vivre comme tout le monde, d'abandonner leurs rites, leurs vices, d'adopter des règles d'hygiène, d'éduquer les enfants, de les faire travailler afin qu'ils ne soient pas à la charge de l'État."

Ainsi le but est surtout de leur faire renoncer à ce qui fait leur identité. leur culture, leurs croyances.

A ce sujet, Paola Pigani nous en apprend beaucoup, sur leur rapport à la nature, à leurs chevaux, les rites qui accompagnent les différentes étapes de la vie (naissance, fiançailles, mort), l'importance de la musique, leur peur des coins noirs des maisons des "gadjés"...

Et que leur propose-t-on en échange dans ces camps? Des conditions de vie et d'hygiène déplorables, le froid, la faim. L'éducation se résume à 4 heures d'école par semaine pour les enfants. Les hommes travaillent à l'extérieur du camp, mais les femmes restent enfermées dans des maisons qui ne correspondent pas à leur mode de vie et leur font peur. Leurs chevaux meurent. Leurs roulottes sont détruites.

Pourtant, malgré les conditions difficiles, la solidarité entre manouches tient.
Malgré les humiliations, ils restent debout.
Certains tentent de s'évader pour rejoindre la Résistance. "...Ne pas être français comme les autres? Jean veut se prouver à lui-même qu'il sera français jusqu'au bout de sa fierté."
Malgré la mort, la vie s'immisce parfois. Au médecin qui lui reproche sa grossesse, Alba répond "pour la mort, on a tout le temps devant nous, Monsieur le Docteur. Pour vivre, il faut faire vite."
Quelques "gadjés" leur apportent également leur soutien et essaient d'adoucir leur peine.
Mine, une jeune volontaire, se débat pour permettre aux enfants de jouer quelques heures à l'extérieur du camp. Michel, un gardien du camp, les aide discrètement.

Quand en 1944, la guerre se termine, leur enfer se poursuit encore pendant 2 ans.
Et quand enfin les portes s'ouvrent, beaucoup sont morts et les autres n'ont plus ni roulottes, ni chevaux.
Mais, petit à petit, malgré la misère, ils vont tenter de se reconstruire et de renouer avec leurs traditions.

Paola Pigani est en quelque sorte une passeuse de voix d'une communauté méconnue, encore aujourd'hui souvent rejetée et cette voix est portée dans une langue riche.

Lien : http://leslivresdechris.blog..
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Le 6 avril 1940 le gouvernement décrète :
"La circulation des nomades est interdite sur la totalité du territoire.
Les nomades, c'est-à-dire toutes personnes réputées telles dans les conditions prévues à l'article 3 de la loi du 16 juillet 19121, sont astreints à se présenter sous les quinze jours qui suivent la publication du présent décret, à la brigade de gendarmerie ou au commissariat de police le plus voisin du lieu où ils se trouvent. Il leur sera enjoint de se rendre dans une localité où ils seront tenus à résider sous surveillance de la police. Cette localité sera fixée pour chaque département par arrêté du Préfet".
Le rapport relatif à ce décret précisait :
"En période de guerre, la circulation des nomades, individus errant généralement sans domicile, ni patrie, ni profession effective, constitue, pour la défense nationale et la sauvegarde du secret, un danger qui doit être écarté".


Pour Alba, qui a alors quatorze ans, et ses parents, Louis et Maria, ce sera le camp des Alliers, situé sur la commune de Sillac, près d'Angoulême, qu'ils atteindront après une longue marche, dans le froid et sous la pluie, encadrés par les « schmits » (= gendarmes)
« C'est une horde de noyés qui franchit le portail du camp des Alliers ce jour de novembre 1940 »

Ils ont toujours vécu sous le vent, dans la crainte des murs, ils sont trop vivants pour les faiseurs de loi qui aiment que tout soit encadré même le rire des enfants.

Tout ce qui fait leur vie va s'éteindre comme la flamme de leurs feux.
Avec leur arrivée dans ce camp d'internement où on les parque, tout ce qui faisait leur joie, leur grâce et la légèreté de leur pas va s'étioler : « le seul savoir qui vaille chez les siens : avancer dans une vie où rien ne se perd, où tout est donné dans l'instant. »
Ce camp, en bordure de la ligne de chemin de fer Paris Bordeaux, va être le lieu sordide d'une succession de pertes : l'odeur du feu de bois qui imprégnait les vêtements, celle du lièvre grillé, de la lessive en plein air, 
perte du compagnon de voyage, l'animal le plus important pour leur survie, le cheval qui finit par mourir faute d'une nourriture appropriée
«  Les chevaux sont leurs ailes, leur puissance, leur signe extérieur de richesse. Ils sentent l'orage, les drames, imposent le respect aux gadjé, emportent des familles entières où bon leur semble. C'est à cheval qu'on s'enfuit, qu'on enlève les fiancées, qu'on traverse les forêts, les contrées inconnues, qu'on franchit les regards hostiles. » p 56

Perte du goût de faire vibrer les cordes du violon
p 88 le violon qui accompagne les fêtes et les deuils n'a plus que trois cordes et ils n'ont plus le goût d'en jouer.

Alba va devenir femme dans ce camp (p 75 « Alba est devenue une jeune fille grave, poussée par son propre sang et par l'absurdité de la guerre. »)
C'est par ses yeux que nous traversons le quotidien de la vie, les joies, les peines, les humiliations de ces années.

Parmi les joies celle, par exemple, d'entendre arriver et voir la migration des grues cendrées : « Un doux vacarme fait lever tous les yeux en même temps que les siens. Un voile sonore qui enfle au-dessus de leurs têtes, au-dessus des barbelés. Il les oblige à se souvenir qu'un grand territoire leur appartient encore, une zone libre céleste. C'est le passage des grues cendrées, là-haut. Des centaines d'ailes bruyantes, un immense V comme un accroc dans le bleu du ciel. p 54

Mais aussi la grande tristesse devant la dégradation des liens de la tribu : « Des règlements de compte agitent de nombreuses familles ici. La faim , le froid attisent des haines surgies de choses minuscules. » p 86 « …des mensonges des envies y faisandent » 
« Louis n'aime pas la tournure que prennent les choses, l'ennui qui éteint les regards et les voix, les jalousies nouvelles qui brisent les liens et cette peur toujours latente qui ruine l'espoir. »

Paola Pigani a réinventé la vie d'Alexienne (Alba dans le livre) qu'elle a rencontré alors qu'elle avait 80 ans. Elle nous dit qu'elle a « écrit sur des silences, sur un lieu qui n'existe plus. » Merci à elle pour avoir su ranimer la mémoire et redonner vie, à travers la voix de Alba-Alexienne, dans une belle langue pleine de poésie, à tous ceux qui y ont souffert et pour certains qui y ont laissé leur vie.
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