Que l'on soit homme ou chat, on a besoin d'être reconnu, accepté, respecté et surtout aimé. (p.160)
Les racines d'un homme ne sont pas toujours uniquement là où il est né ou bien là où il a grandi, elles peuvent être là où les émotions et les sentiments auront empli son existence. (p.265)
L'anxiété conduit à la déprime et l'imagination devient nuisible. Il faut savoir laisser les choses arriver si elles doivent se produire et ne pas aller à leur devant. (p.167)
L'espérance et le bonheur, tout comme le malheur, provoquent l'anxiété. (p.134)
Nos cinq mistigris savaient aussi interpréter les expressions que prenaient les lèvres de leur ami, le regard qu'il lançait à son entourage, les moments de tristesse et de déception qu'il essayait de dissimuler. L'amitié est de se comprendre sans avoir à prononcer un mot, seul le cœur parle, et ce courant passait entre les félins et le jeune homme.
Avec l'âge, on devient le spectateur de sa propre vie. Un "je me rappelle" et le spectacle commence.
Bien des gens n'aiment pas les chats par ignorance. Cependant, quand ils apprennent à les connaître, tel André, ils en deviennent des inconditionnels. D'autres en ont peur : d'ailleurs, tout au long de l'histoire des hommes, les chats n'ont-ils pas été tantôt adorés, voire déifiés comme en Egypte, tantôt tellement haïs qu'au Moyen Age on les assimilait à Satan et qu'on les brûlait avec les sorcières !
Les papés ne perdaient jamais une occasion pour refaire le monde à leur façon, souvent avec la sagesse de leur âge et de leurs observations. En fait, le luxe de la vieillesse n'est-il pas de retrouver ce naturel et cette spontanéité des jeunes années ? Peut-être est-ce pour cette raison que l'on dit "retomber en enfance", alors que les années s'amoncellent. Avec en plus cet acquis de connaissances dû à une existence bien remplie : la philosophie de la vie.
Ceux qui ont consacré tant d'heures à leur labeur, accèdent enfin à la capacité de ne consacrer désormais leur temps qu'à eux-mêmes et à ceux qui les entourent. C'est le grand retour sur soi-même, sans masque. C'est là que nous retouchons à l'enfance, à ses bouderies, à l'assurance de son bon droit et à son impatience. La vieillesse rejoint bien l'enfance. A la différence qu'elle ne soupire pas après les années à venir.
Tiger - attention à bien prononcer à l'anglaise, avec le son "aÏ ", monsieur y tient, c'est son côté snob de chat de gouttière -, ils avaient voulu l'appeler Tigrou quand ils l'avaient recueilli. En fait de recueillir, c'est lui qui les avait séduits et qui s'était imposé en se blottissant contre elle, puis dans ses bras à lui, en ronronnant à s'époumoner et les marquant tous les deux de ses phéromones. Enfin, si ça leur fait plaisir de croire que c'est eux qui l'ont choisi... L'essentiel est qu'il soit là, la panse repue, sans souci du lendemain, à se prélasser sur leur, pardon, sur "notre" canapé.
Tigrou, c'est un nom de chaton, de petit minet, pas d'un gros matou tigré qui avait réussi à échapper aux chasseurs et dont les deux plombs qu'il portait toujours sous son jabot attestaient de sa capacité à survivre. Il aurait eu l'air de quoi en acceptant de répondre à des "Tigrou, Tigrou" puérils et avilissants ! Question de dignité !
"Dieu a fait le chat pour donner à l'homme le plaisir de caresser le tigre" (Joseph Méry). Page 176