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Citations sur Panique dans le XVIe ! (15)

Quatre jeunes discutent devant le centre d'hébergement. Nous nous présentons à eux et découvrons que ces élèves de première ES * dans un lycée privé du secteur [16e arrdt] connaissent notre travail. Bien que conscients des limites de cet entretien, nous souhaitons partager avec vous ces échanges révélateurs : les points de vue et arguments de ces jeunes sont les mêmes que ceux de leurs parents.
Pour eux, la décision de la ville de Paris d'installer ici ce centre d'hébergement est éminemment politique, et ils s'interrogent sur la promiscuité entre richesse et misère.
« Pour les habitants du quartier, les SDF logés dans ce centre feront tache », nous disent-ils.
Cette cohabitation sera défavorable aux personnes sans-abri, le mépris et l'élégance des riverains contribuant à stigmatiser ces corps meurtris par la rue. Une ébauche de compassion aussitôt bousculée par la dénonciation de cet hébergement gratuit dans les beaux quartiers, quand leurs parents paient cher cette localisation privilégiée...
Nos lycéens, déjà pétris des théories néo-libérales, déplorent qu'il n'y ait « aucun retour sur investissement à en attendre ». « Ce sera même un frein pour l'économie » déclare l'un d'eux. Pour ne pas nuire à l'image et au prestige de Paris, « il vaudrait mieux installer les SDF dans les périphéries de la région parisienne ou en province ».
(p. 87)
* bac général, filière Economique et Sociale (16-17 ans)
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- Christophe Blanchard-Dignac, riverain et président de la coordination pour la sauvegarde du Bois de Boulogne.
Cet énarque, ancien PDG de la Française des Jeux, préside la coordination pour la sauvegarde du Bois de Boulogne qui regroupe vingt associations actives sur cette question. Aussi ne sommes-nous pas étonnés de le voir dans la foule qui attend l'ouverture des portes de l'université Paris-Dauphine [pour la réunion publique].
« Ce centre d'hébergement est un projet insensé, a-t-il déclaré au 'Monde' le 6 mars 2016. Le site fait partie intégrante du Bois de Boulogne, il est donc classé. S'il s'agissait d'installer ici des touristes dans un complexe cinq étoiles, notre combat serait le même. C'est un des rares espaces verts parisiens, il doit le rester. » Ce riverain, qui habite à une centaine de mètres du futur centre d'hébergement, ne serait donc pas opposé à son principe mais il souhaiterait le voir 'ailleurs', dans un lieu plus 'propice'.
« Nous ne sommes pas des révolutionnaires, nous demandons simplement que le Bois de Boulogne reste public, nous sommes farouchement opposés à sa privatisation ! » dit-il à Charlotte Perry au micro de France Inter pour l'émission 'Comme un bruit qui court' du 19 mars 2016. Des propos d'autant plus savoureux que sa femme est membre du Lagardère Racing Club, une enclave privée de plus de 7 hectares, située au coeur du Bois de Boulogne et réservée aux seuls membres cooptés.*
(p. 21)
* Pour entrer dans ce club, il faut être coopté et acquitter une cotisation annuelle de 1 825 € + 6 870 € de droits d'admission.
(p. 17)
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La misère fait vivre dans l'immédiateté et l'opulence dans l'éternité.

Page 39, La Ville brûle, 2017.
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La charité à l'égard des « bons pauvres » justifie le refus de la solidarité avec les autres classes sociales. La construction de ce centre d'hébergement à proximité des plus grandes fortunes de France, en imposant quotidiennement à leur vue les défaillances du système capitaliste qui les enrichit, risque de mettre à mal l'indicible face-à-face avec eux-mêmes des membres de l'oligarchie.

Page 30, La Ville brûle, 2017.
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Le Gotha ne peut échapper aux ghettos de son monde clos. Les distances sociales doivent être redoublées par des distances spatiales jusqu'à obtenir des lieux de condensation parfaits de l'excellence , comme les cercles dont l'accès est strictement interdit aux indésirables.

Page 55, La Ville brûle, 2017.
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Loin des cités et des quartiers défavorisés, le comportement et les stratégies mises en œuvre par les grands bourgeois dans leur refus d'accueillir de façon pérenne des sans-abri viennent nous rappeler que la délinquance est aussi celle des costumes et des tailleurs sur mesure. L'argent et le pouvoir permettent aux nantis d'imposer leur entre-soit résidentiel, condition décisive pour la reproduction des rapports sociaux de domination.

Page 91, La Ville brûle, 2017.
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L'impossibilité de construire dans le bois de Boulogne semble être à géométrie variable selon qu'il s'agit de défendre les intérêts de l'oligarchie, qui préempte ses lieux de vie en se présentant comme étant au service de l'intérêt général, ou ceux des sans-abri : un vaisseau dans les arbres demeurera et couronnera l'immortalité symbolique de la première fortune de France, tandis que des modules en bois posés pour trois ans à meme l'Allée des Fortifications pour les exclus du néolibéralisme déclenchera la colère des riches riverains. Des racines et des fondations pour les uns, du provisoire éternel pour les autres. Cercle vertueux ou cercle vicieux ? La Fondation Louis-Vuitton dans le bois de Boulogne ou les tentes Quechua dans le bois de Vincennes ?

Page 53, La Ville brûle, 2017.
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Que l'on soit logé dans le 16e ou dans le 93, règne la même peur panique du déclassement social qui se manifeste dans la haine de l'immigré et du plus pauvre que soi. Conditionnés par les médias dominants, les TF1 et BFM, les classes populaires se trompent de colère ! Au lieu de s'en prendre aux milliardaires, ils se fourvoient dans la xénophobie, le racisme et le vote pour l'extrême-droite. Atteints du choléra, ils choisissent la peste pour tenter de s'en sortir.

Page 24, La Ville brûle, 2017.
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Plusieurs entrées de cette tour d'ivoire donnent directement sur la rue du Maréchal Maunoury, doublées à chaque fois d'une entrée de service pour le personnel domestique et les ouvriers affectés à telle ou telle tâche dans un immeuble ou un appartement. À l'interieur de la forteresse les dizaines d'appartements de service réservés aux cuisiniers, chauffeurs, femmes de ménage et autres employés de maison, sont desservis par des escaliers et des ascenseurs séparés de ceux de leurs employeurs. L'objectivisation spatiale des positions sociale ne connaît pas de limites.

Page 68, La Ville brûle, 2017.
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Deux élégantes en tailleur Chanel expliquent à des jeunes d'origine africaine qu'elle ne veulent pas voir cette partie du bois se transformer en jungle. La réponse est cinglante : « Mais, mesdames, la jungle c'est ici ! » Un de leurs interlocuteurs se retourne vers notre voisine couverte d'un manteau de fourrure : « Voici d'ailleurs un beau spécimen de léopard ! ».

Page 13, La Ville brûle, 2017.
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