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EAN : 9782413009849
128 pages
Delcourt (05/09/2018)
4.17/5   36 notes
Résumé :
"Les yeux dans les yeux", Jérôme Cahuzac, ancien ministre du Budget, avait assuré ne pas avoir de comptes en Suisse... Monique et Michel Pinçon-Charlot, sociologues, sont spécialistes de la classe dominante. À la faveur du procès Cahuzac, ils décrivent comment la classe au pouvoir, sans distinction de couleur politique, se mobilise pour défendre l'un des leurs et le système organisé de la fraude fiscale.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
A lire absolument si on est fan des ouvrages des Pinçon-Charlot et aussi du dessinateur, Etienne Lécroart, avec lequel ils ont déjà travaillé.
Ou comment nous faire comprendre clairement à coups de croquis comment autant de politiciens peuvent cacher aussi longtemps des malversations, des coups financiers, des millions planqués dans les paradis fiscaux (avec l'exemple magistral de Cahuzac).
Et comment la justice peut se montrer aussi lente, aussi compréhensive, aussi déconnectée des réalités.

Les dessins sont hilarants, les petites réflexions qui les accompagnent aussi.
Ce serait parfait si ce rire ne virait pas au jaune car la conclusion est désolante.
La justice est forte avec les faibles et faible avec les forts, voilà la conclusion imparable de cette BD à lire à l'heure où les gilets jaunes sont en pleine revendication....
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Sur la forme, je n'ai pas grand chose à dire. le dessin assez clair me va bien s'agissant d'une bd de type humoristique mais sur un sujet plutôt tabou.

Sur le fond, beaucoup trop de choses à dire mais qui sortiraient sans doute du cadre. Pour autant, je n'ai pas envie de me censurer moi-même. Vous voilà prévenu.

Cette bd raconte le parcours d'un brillant ministre socialiste sous la présidence Hollande qui s'est dit le champion de la lutte contre la fraude fiscale tout en étant le pire fraudeur que la France est connue (ou attrapée). Je comprends l'exaspération de mes concitoyens sans vouloir jeter plus de pierre. Les yeux dans les yeux, je n'ai pas de compte en Suisse... Sic.

Les auteurs ont voulu nous montrer comment une telle chose a pu se produire dans notre pays sous un aspect purement sociologique et avec heureusement une bonne dose d'humour pour nous faire passer la grosse pilule.

On comprend en effet qu'il y a bien une classe sociale composée de gens riches qui ont beaucoup de pouvoirs notamment politique, sur la presse et également sur la justice. Oui, il existe bien une justice pour les pauvres qui est impitoyable et une justice pour les riches qui est assez clémente alors que leurs faits délictueux est beaucoup plus dévastateurs. Mais bon, c'est cela notre démocratie dans ses imperfections qu'il nous faut accepter sous peine de tomber dans une tyrannie démagogique.

Le but de ces gens est de payer moins d'impôts et de mettre l'argent dans des paradis fiscaux. Cela ne concerne finalement pas que ce ministre mais beaucoup de célébrités comme notre grand chanteur nationale que nous avons presque tous pleuré à sa mort ou encore des acteurs venus se réfugier chez Poutine ou un autre chanteur en Patagonie.

Il y a également des vérités à dire comme le fait que l'impôt sur le revenu ne représente que 25% des recettes de l'état alors que les impôts indirects comme la TVA qui est payé par l'ensemble des foyers représente 53% donc proportionnellement, les riches payent moins. On peut aimer les riches mais détester les inégalités. Et puis, il n'y a franchement pas de mal à participer à l'effort national à l'origine du pacte démocratique de notre république.

La fraude fiscale en France est évaluée à 80 milliard d'euros et les niches fiscales représentent 98 milliards d'euros. Si les riches payaient, les auteurs nous expliquent qu'il n'y aurait plus de déficit public dans notre pays ce qui n'est pas faux. Cependant, ce qui se passe en France, se reproduit dans le monde entier. On comprends que la fraude existait déjà sous l'Antiquité. Bref, c'est un mal qui gangrène nos sociétés depuis bien longtemps. Tout est d'ailleurs conçu pour protéger ce système. C'est édifiant sur le monde qui nous gouverne !

J'ai aimé cette bd car les auteurs nous démontrent par des arguments imparables que quelque chose ne fonctionne pas bien dans notre société ce qui peut sans doute expliquer bien des choses.
Les arguments sont bétons sans apport d'une idéologie communiste par exemple. Ce sont des faits. J'ai bien apprécié cette sincérité du propos. Une oeuvre qui m'a convaincu personnellement. Bien entendu, toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire et on peut risquer très gros. Oui, ce n'est pas une bd pour les lèches-bottes sans vouloir être trop offensant.

Au final, une excellente bande dessinée qui détaille bien les mécanismes de la corruption et de la cupidité avec une valeur pédagogique exceptionnelle.
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Cette BD est magnifique et d'utilité publique, à l'image de l'ensemble du travail de ce couple de sociologues de renom (malheureusement marqué par le décès récent de Michel Pinçon, toutes mes condoléances). Elle traite de l'affaire Cahuzac pour évoquer la justice des riches et la pratique de l'évasion fiscale en France.
Sur la forme, disons tout de suite que le dessinateur, M. Lecroart, a fait un travail remarquable, avec des dessins agréables, colorés, plein d'humour, et une pratique géniale de la "mise en scène" des situations rencontrées et racontées, et des "infographies dessinées" sur les faits complexes présentés. C'est impeccable, agréable et drôle !
Sur le fond, les deux sociologues ont encore une fois frappé fort car cette BD (plus BD de type "album" que "roman graphique" malgré sa centaine de pages) se lit très vite mais regorge d'informations et d'éclairages complets, passionnants et accessibles. On y parle de la justice à deux vitesses : avec les comparutions immédiates pour les "petits délinquants", qui n'ont pas le temps de se préparer, sortent de garde à vue, qui sont jugés en quelques minutes avec un verdict rendu dans l'heure, et qui se prennent souvent de la prison ferme. Pendant ce temps, les criminels en col blanc sont jugés dans une autre salle, avec d'autres juges, ont le temps de se préparer ... J'ai aussi appris qu'il y'avait le "verrou de Bercy" (Bercy = Ministère des Finances) par lequel le Ministère des Finances pouvait tout simplement décider de la poursuite ou non de certains crimes financiers ! C'est une violation totale de la séparation des pouvoirs et de la démocratie. Il y'a aussi la pratique de la "convention de justice d'intérêt publique" et de la "comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité" (CPCR) où la justice devient transactionnelle. Dans le cas de la CPCR il s'agit en gros pour l'accusé de reconnaître sa faute (plaider coupable) pour se voir administrer une sanction sur mesure établie par le Parquet (CPCR), sans passer par le procès , et dans le cas de la convention, ça permet à l'accusé ou à l'entreprise de négocier avec les autorités sans même reconnaître sa faute, on paie une amende et le dossier est classé sans suite. La BD nous apprend que ces deux procédés, vantés comme permettant à la justice d'aller plus vite, permet en fait aux criminels en col blanc ou aux entreprises fraudeuses d'éviter le procès en s'en sortant avec des peines sur mesures des amendes qui sont des pichenettes face à la fraude commise ...
On voit aussi comment le parquet financier est sous financé, la salle aménagée pour qu'il n'y'ait pas trop de public parfois, le traitement médiatique de l'affaire, et bien sûr la chronologie des faits de l'affaire Cahuzac, leur explication, qui donne un bel exemple des pratiques en la matière, l'opacité organisée, l'administration qui ferme les yeux, les renvois d'ascenseur, le tout émaillé d'analyses intéressantes sur la sociologie de la bourgeoisie.
Pour être honnête, le pourquoi du comment des faits concernant les moments où Cahuzac utilise le compte bancaire de sa mère me sont restés un peu flous, mais à part ça tout est impeccable.

C'est une BD instructive, drôle, intéressante, éclairante, mais surtout, surtout, surtout, passionnée, passionnante, engagée et généreuse (par ses dessins, son humour, son accessibilité, son contenu riche et dense).
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Une BD pleine d'humour pour faire passer la pilule de l'injustice – ou plutôt la justice à deux vitesses.

Monique & Michel PINCON-CHARLOT remettent leurs talents de vulgarisateurs-citoyens à profit aux côtés d'Etienne LECROART pour notre plus grande satisfaction.

Structuré chronologiquement au fil des différentes audiences des (ex-)époux CAHUZAC et de leurs copains banquiers, on revient par simili-flashbacks sur la vie des protagonistes pour démêler la pelote des réseaux mondains et bancaires de ce « cher » Jérôme, cupide ex-chevalier blanc de la finance.
Très didactique, parfaitement clair et ne nécessitant aucun prérequis particulier, les sociologues et le dessinateur nous livrent des planches à l'humour incisif qui permettent de contrebalancer le sentiment d'injustice qu'éveilleront à coup sûr les révélations faites au fil des pages ; le mythe de la Justice aveugle est méthodiquement déconstruit, tous ses rouages exposés et décortiqués.
S'agissant des montages financiers complexes, là-encore, les planches font le travail et s'il arrive qu'on ne s'y retrouve plus entre la Suisse, Singapour, les Seychelles ou l'Île de Man : c'est normal, c'est fait pour ! Mais nos deux sociologues veillent à ne pas nous perdre en route et n'hésitent pas à revêtir leur costume de super-héros « Dekonstruktors » et tout devient limpide.

Un grand merci à Monique & Michel PINCON-CHARLOT pour leur fascinant travail et leur aptitude à mettre à la portée de tous un regard qui transperce l'opacité la plus sophistiquée de la grande bourgeoisie.
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Quoi de mieux qu'un beau dessin pour décortiquer un montage financier? La mise en graphique rend ce sujet tellement plus clair. le cas de fraude fiscale décortiqué ici est emblématique et mérite d'être regardé en ce qu'il illustre parfaitement une pratique très répandue chez les possesseurs de grandes fortunes.
Les Pinçon-Charlots maîtrisent parfaitement le sujet et le dessin de Lécroard rend tout ça très vivant. Au delà de la fraude , on voit aussi les entrelacs serrés entre le monde politique et celui de l'argent en grande quantité.
Ce procédé montre aussi que le droit et la morale on souvent peu en commun. La délinquance en col blanc est finalement peu poursuivie et ne risque quasiment jamais la prison, bénéficiant de peines qui permettent toujours un aménagement.
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critiques presse (2)
ActuaBD
05 mars 2019
Loin d'analyser un phénomène global, cet album illustre le procès Cahuzac à la lumière des commentaires du fameux couple de sociologues qui étudie la sphère sociale des grands bourgeois hexagonaux depuis des années. Bien mené mais sans la moindre nuance.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BoDoi
10 janvier 2019
Un ouvrage audacieux et pédagogique, à la manière d’un article de la Revue dessinée, qui se veut tout aussi instructif sur la démarche des sociologues que sur l’étendue du système frauduleux qu’il dénonce.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
L'avare n'est jamais riche.
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*Le Méprisant de la République* de Monique Pinçon-Charlot En livrant son diagnostique implacable sur la conjoncture actuelle, Monique Pinçon-Charlot signe un livre détonateur pour tout ceux qui ne supportent plus le "macronisme". En librairie le 6 septembre 2023 !
*Les hommes et le féminisme* de Francis Dupuis-Déri En tirant le bilan critique de plus d'un siècle d'expériences où la frontière entre faux-amis et alliés est souvent poreuse, le sociologue proféministe Francis Dupuis-Déri esquisse les pistes d'un féminisme au masculin. En librairie le 4 octobre 2023 !
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