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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Mais nous n'avons rien contre les SDF ! Tant qu'ils restent chez eux ! », déclare un couple de bourgeois friqués du XVIe interrogé par les auteurs.
C'est où, chez un SDF ? 😲 Assurément pas dans les quartiers chics et chers en lisière du Bois de Boulogne.

Lancé en 2015, ce projet de centre d'hébergement dans le XVIe à Paris a suscité de vives réactions de la part des riverains (entraînés par le maire de l'arrondissement, Claude Goasguen, remonté comme une pendule suisse) : réunions houleuses, protestations haineuses, référés juridiques, incendies criminels... Le centre a néanmoins vu le jour et les premières familles ont pu s'y installer à l'automne 2016.

Les sociologues Monique et Michel Pinçon ont suivi sur le terrain cette tumultueuse affaire. Ils en relatent les différentes étapes dans cet album qui est moins une BD qu'un petit essai sociologique sur la reproduction sociale - garder ses privilèges, maintenir un entre-soi, ne surtout pas côtoyer la misère (dont on peut être en partie responsable), ne pas montrer ses richesses et les inégalités criantes...
Les illustrations d'Etienne Lécroart résument quelques idées et viennent ajouter un peu d'ironie.

Intéressant, instructif, et forcément révoltant.
Où l'on voit que « la délinquance est aussi celle des costumes et des tailleurs sur-mesure », celle des très-très-très-très-riches (comme dirait un 'humoriste' pas drôle à propos de lui-même).
« L'installation de ce centre d'hébergement d'urgence a montré combien l'égalité et la fraternité, valeurs cardinales de notre République, ne sont pas les bienvenues dans les beaux quartiers. Il semble que les 'zones de non-droit' dont sont si friands les médias en quête de sensationnalisme, ne sont pas celles que l'on croit ! [...] L'argent et le pouvoir permettent aux nantis d'imposer leur entre-soi résidentiel, condition décisive pour la reproduction des rapports sociaux de domination. »
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Monique Pinçon-Charlotte et Michel Pinçon, sociologues connus pour leurs travaux sur la grande bourgeoise française et l'étude des comportements de celle-ci, nous invite à une véritable promenade sociologique à travers le bois de Boulogne, et sur la "frontière" entre le XVIe arrondissement de Paris et sa banlieue.
Le motif de cette visite : l'altercation, violente, le 14 mars 2016 entre des habitants du quartier et les maîtres d'oeuvres d'un projet d'ouverture d'un centre d'accueil pour sans-abri. Porté par La Ville de Paris, ce projet, d'installation provisoire (une durée de trois ans est envisagée) a pour but d'amener un peu de mixité sociale et répondre aussi à des besoins d'urgence. La colère des riverains, sans limite verbale, se dechaînera alors lors cette réunion d'information.
L'occasion pour ce couple de sociologues engagés de disséquer les comportements de la grande bourgeoisie dans l'acharnement de celle-ci à préserver son cadre de vie, et donc, son mode de vie. Il est intérressant en effet de voir comment une petite partie de population française, au mépris de toute loi, et dans une impunité totale, s'octroie des droits, qui pour elle lui sont dûs. Un véritable "accaparement spatial par les dominants" (p. 43), pour préserver un "entre-soi" (p. 43). Il y aurait donc d'autres ghettos où l'impunité régne que les cités populaires tant décriées ?

Leur but étant de préserver un système économique qui les enrichit sans cesse, et d'asseoir leur domination spatiale et sociale, avec des valeurs claniques, pour ne pas dire mafieuses : "l'énergie dépensée par ceux qui s'accaparent toutes les richesses et tous les pouvoirs pour préserver de génération en génération des espaces purifiés socialement, ce qui est l'une des conditions de la reproduction de l'ordre des rapports de classe" (p. 9).
Pour la justice sociale, un peu de charité salvatrice bien ordonnée suffira, à condition qu'elle soit loin des yeux...

C'est une promenade passionnante et jubilatoire (notamment grâce aux dessins et illustrations de second degré d'Étienne Lécroart) aussi que l'on suit à travers le regard de ces deux sociologues. Un regard engagé, il est vrai, mais pas plus que le discours médiatique officiel habituel. Ce n'est juste pas le même angle de vue...

Lu en septembre 2017.
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Un lundi soir ordinaire dans le 16ème doit être relativement calme mais ce lundi 14 mars 2016 à l'Université Paris Dauphine, un déchaînement de violences verbales va s'abattre sur les orateurs du jour. Leur tort ? Avoir eu l'outrecuidance de vouloir installer un centre d'hébergement pour personnes sans-abri en lisière du bois de Boulogne.
Sauf que dans ce petit paradis de bourgeois, on ne veut pas voir la misère et les pauvres, les SDF et autres migrants sont priés d'aller souffrir en silence très loin de leurs fenêtres.

Un tel égoïsme ne pouvait pas échapper à Monique Pinçon-Charlot & Michel Pinçon, sociologues spécialisés dans l'étude de la haute bourgeoisie et des élites sociales. Accompagnés par le dessinateur Etienne Lécroart, ils nous livrent un objet hybride entre le livre et le reportage dessiné, une plongée dans ce 16ème arrondissement de Paris où l'on pratique volontiers l'entre-soi résidentiel afin d'assurer la reproduction des “élites” et la préservation des privilèges de classe. Et pour défendre les intérêts particuliers de ce tout ce petit monde, rien de mieux que la droite la plus bête du monde à savoir l'UMP - Les Républicains. Sarkozy et Fillon y ont fait des scores très élevées au premier tour des dernières élections présidentielles et le député-maire Claude Goasguen (uniquement député depuis l'application de la loi sur le non-cumul des mandats) est réélu dans un fauteuil à chaque élection.

Monique et Michel Pinçon explorent les agissements de cette bourgeoisie qui considère que le bois de Boulogne lui appartient, qui se bat contre ce centre d'hébergement en s'abritant derrière des motifs écologiques alors que - l'hypocrisie n'ayant décidément pas de limite - ces mêmes bourgeois bénéficient d'infrastructures privés dans le bois de Boulogne à travers les multiples cercles sportifs existants.

L'enquête sociologique est fluide, bien structurée, facile à lire et les dessins apportent une touche d'humour à défaut d'apporter de l'information systématiquement pertinente.
Merci au couple Pinçon d'éclairer nos lanternes sur les comportements de ces grands bourgeois qui après s'être accaparés la plus grosse part du gâteau veulent que les pauvres hères s'en aillent manger les miettes bien loin de leurs appartements cossus. Une lecture chaudement recommandée.
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On trouvera cet ouvrage, de notre couple de sociologues favori, dans quasiment toutes les biblis de Paris... y compris dans le 16e (je note l'ironie). A partir d'une l'étude de cas (la lutte des habitants du 16e pour empêcher l'installation d'un centre d'hébergement pour sans abris), les Pinçon Charlot nous offrent une oeuvre de vulgarisation alliant bande-dessinée (merci au dessinateur) et textes, et mêlant les thématiques dont ils sont spécialisés : la bourgeoisie et l'urbanisme, et à mi chemin entre caricature, journalisme et sociologie.

Ce qui ne se mélange pas en revanche, ce sont les bourgeois du 16e et les autres. Les zones de non droit ne sont pas celles qu'on imagine. Mobilisant des notions telles l'entre soi, les capitaux et la violence symbolique, cet ouvrage a le mérite de faire tomber les masques et d'ôter le vernis de correction, ainsi que les prétextes de bon goût et de préservation de patrimoine. Un autre mérite est d'en mobiliser une autre : l'individuation.
Car pour les populations hébergées par les centres, c'est une question de dignité humaine. On notera le cynisme des bourgeois du livre lorsque certains provoquent des incendies avant que d'autres n'utilisent cet argument pour montrer la non résistance des matériaux du bâtiment hébergeant les SDF - afin d'empêcher le projet.

Des Pinçons Charlot, j'avais lu Voyage en Grande Bourgeoisie qui traite du parcours des auteurs et de la méthode sociologique. Ce livre, un zoom, le complète et l'illustre bien. Je le recommande.
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Une petite promenade dans une zone de non-droit ( une no go zone comme le dit si bien la chaîne US débile et débilitante Fox News) ça vous dit ? Un quartier ultra sensible, tellement replié sur lui même que peu de chaînes télés ou de journalistes osent y fourrer leur nez tellement ils ont peur des représailles. Un périmètre de plusieurs km2 où une grande délinquance sévit impunément, se riant des lois et de la morale. Un enfer légal où 9/10 des français n'ont aucune envie de vivre ( heu...si ils pourraient avoir envie mais il ne le peuvent pas !). Cet endroit se situe DANS notre capitale ( pas en banlieue !) et il s'agit du si protégé seizième arrondissement ( où se situent, pour les plus provinciaux de ceux qui me lisent, la maison de la radio, mais surtout les habitations de la plupart des plus fortunés des habitants de Paris ). le 16ème, si l'on regarde une carte, est une sorte de zone protégée par des frontières naturelles comme la Seine d'un côté, le bois de Boulogne de l'autre et d'une avenue mythique, les Champs Elysées. Dans ces quartiers, on a voté à 60 % pour François Fillon au premier tour de la dernière présidentielle et ne pas payer l'ISF vous fait regarder de travers par votre voisinage.
Mais voilà, que cette bolchévique de mairesse de Paris, cette sale gaucho d'Anne Hidalgo, accompagnée de quelques sbires biberonnés au marxisme, a décidé en mars 2016 d'implanter dans ce quartier un centre d'hébergement pour sans abris !!!! Les colliers de perles ont tressauté et on a avalé de travers le Romanée-Conti servi par cette adorable Juana ( émigrée équatorienne si servile et si peu onéreuse....elle accepte 500 euros mensuels au black pour 62 heures de travail hebdomadaire, une perle je vous dis !). La révolution a grondé dans les salons Empire et la colère s'est exprimée sans complexe lors d'une réunion d'information à la faculté d'Assas ( une université du secteur, très bien fréquentée car assez sélective...).
Les Pinçon-Charlot ont assisté à cette édifiante confrontation entre des élus de gauche et des habitants haineux, prêts à tout pour ne pas voir s'installer des pauvres qui, sans nul doute, voleraient et violeraient tout le monde jusqu'aux caniches abricot. Devant cette fronde bourgeoise, ils ont décidé d'éclairer notre lanterne en nous narrant la dure épopée de la Mairie de Paris pour l'installation de ce centre d'accueil ainsi que de la replacer dans son contexte géographique, politique et sociologique.
Spécialisés dans l'étude de nos riches français, cette incursion dans le 16 ème leur est facile et leur permet encore une fois de démontrer la violence de cette grande bourgeoise envers les moins nantis, leur manque total de sens moral et leur soi-disant bon droit à cultiver un entre soi auquel il ne faut pas toucher.
La fin sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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