Citations sur Nouvelles histoires extraordinaires (106)
Mais comme, en éthique, le mal est la conséquence du bien, de même, dans la réalité, c'est de la joie qu'est né le chagrin ; soit que le souvenir du bonheur passé fasse l'angoisse d'aujourd'hui, soit que les agonies qui sont, tirent leur origine des extases qui peuvent avoir été.
Moi, vivant dans mon propre cœur, et me dévouant, corps et âme, à la plus intense et à la plus pénible méditation, — elle, errant insoucieuse à travers la vie, sans penser aux ombres de son chemin, ou à la fuite silencieuse des heures au noir plumage. Bérénice ! — J'invoque son nom, — Bérénice ! — Et des ruines grises de ma mémoire se dressent à ce son mille souvenirs tumultueux !
Mais n'est-ce pas le souvenir du chagrin passé qui fait la joie du présent?
C'est ce désir ardent, insondable de l'âme de se torturer elle-même, de violenter sa propre nature, de faire le mal pour l'amour du mal seul, qui me poussait à continuer, et finalement à consommer le supplice que j'avais infligé à la bête inoffensive.
Une fureur de démon s'empara soudainement de moi. Je ne me connus plus, mon âme originelle sembla tout d'un coup s'envoler de mon corps, une méchanceté hyperdiabolique, saturée de gin, pénétra chaque fibre de mon être.
Il n’est pas dans la nature de passion plus diaboliquement impatiente que celle d’un homme qui, frissonnant sur l’arête d’un précipice, rêve de s’y jeter.
Une nuit, comme je rentrais au logis très ivre, au sortir d’un de mes repaires habituels des faubourgs, je m’imaginai que le chat évitait ma présence. Je le saisis ; – mais lui, effrayé de ma violence, il me fit à la main une légère blessure avec les dents. Une fureur de démon s’empara soudainement de moi. Je ne me connus plus. Mon âme originelle sembla tout d’un coup s’envoler de mon corps, et une méchanceté hyperdiabolique, saturée de gin, pénétra chaque fibre de mon être.
- Le chat noir -
C’était la nuit, et la pluie tombait ; et quand elle tombait, c’était de la pluie, mais quand elle était tombée, c’était du sang. Et je me tenais dans le marécage parmi les grands nénuphars, et la pluie tombait sur ma tête, — et les nénuphars soupiraient l’un vers l’autre dans la solennité de leur désolation.
Il y a dans les cœurs des plus insouciants des cordes qui ne se laissent pas toucher sans émotion.
L'ombre des arbres tombait pesamment sur l'eau et semblait s'y ensevelir, imprégnant de ténèbres les profondeurs de l'élément. Je m'imaginais que chaque ombre, à mesure que le soleil descendait plus bas, toujours plus bas, se séparait à regret du tronc qui lui avait donné naissance et était absorbée par le ruisseau, pendant que d'autres ombres naissaient à chaque instant des arbres, prenant la place de leurs aînées défuntes.