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Charles Baudelaire (Traducteur)
EAN : 9782253004332
264 pages
Le Livre de Poche (01/03/1972)
4.11/5   2431 notes
Résumé :
Et ici, par une bravade frénétique, je frappai fortement avec une canne que j'avais à la main juste sur la partie du briquetage derrière laquelle se tenait le cadavre de l'épouse de mon cœur...

Pendant un moment, les officiers placés sur les marches restèrent immobiles, stupéfiés par la terreur. Un instant après, une douzaine de bras robustes s'acharnaient sur le mur. Il tomba tout d'une pièce. Le corps déjà grandement délabré et souillé de sang grume... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (68) Voir plus Ajouter une critique
4,11

sur 2431 notes
Lorsque j'étais adolescente, j'avais lu le Scarabée d'Or d'Edgar Allan Poe mais j'avoue que je n'avais pas été touchée par la nouvelle et je n'en garde même aujourd'hui aucun souvenir.

En poursuivant ma découverte de la littérature gothique, j'ai fait une belle rencontre au travers des Nouvelles histoires extraordinaires d'Edgar Allan Poe. J'ai été subjuguée par l'écriture poétique de l'auteur ainsi que par la magnifique traduction de Charles Baudelaire qui retranscrit toute la force et la beauté du texte original. Lire ce recueil a été pour moi un enchantement qui m'a permis d'égayer la monotonie de mes trajets quotidiens, dans le tramway : un vrai régal!

Néanmoins, toutes les nouvelles ne m'ont pas touché de manière égale : parmi toutes, je garderai surtout en mémoire le chat noir, William Wilson, la Chûte de la Maison Usher, le puits et le pendule, Hop Frog et le Portrait ovale. Certaines sont macabres, voire dérangeantes mais Edgar Allan Poe a une manière sans précédent de faire rentrer le lecteur dans son récit et de le faire intéragir avec le narrateur. Dans le Chat noir, je l'ai détesté littéralement et je n'avais de cesse qu'il soit puni pour ses odieux crimes. Dans le puits et le pendule, je tremblais pour le personnage principal, au point d'avoir de l'empathie pour lui et je voulais avec force qu'il se sorte de ses épreuves imposées par l'Inquisition. Dans la Chûte de la maison Usher ou dans Bérénice, les scènes finales ont fait émerger en moi un sentiment d'effroi et d'horreur.

Bref, je ne peux que recommander la lecture de ce recueil en espérant que d'autres lecteurs prennent autant de plaisir que moi à lire ces nouvelles. D'ici peu, je pense re-découvrir le Scarabée d'or et lire un autre recueil de cet extraordinaire auteur.
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Les histoires d'Edgar Allan Poe se parent en français de la plume exquise du traducteur Charles Baudelaire. Ce dernier, auteur de l'Héautontimoroumenos (« le bourreau de soi-même ») dans les Fleurs du mal, voit son alter ego américain entrer en correspondance avec lui via le texte inaugural "Le démon de la perversité". Poe y livre un manifeste littéraire pessimiste, voire masochiste, anticipant la pulsion de mort freudienne : programme prometteur s'il en est.

S'ouvre alors un florilège de crimes morbides commis par les narrateurs à l'encontre de leur bonheur insupportable, comme si leur pire ennemi se manifestait en eux : inquiétante étrangeté... Les lecteurs sensibles auront le droit de se sentir caressés à rebrousse-poil par les images glaçantes de ces nouvelles inaugurales emplies d'une cruauté à la lisière du surnaturel.

L'altérité des narrateurs se retrouve finalement projetée à l'extérieur sous la forme d'un doppelgänger dans le magistral "William Wilson"... Mais une part d'ambigüité demeure : le double du narrateur ne semble exister que dans sa tête, et pourtant certains éléments lui confèrent une existence objective. La folie schizophrène n'isole-t-elle pas irrémédiablement du réel ?

"La chute de la maison Usher" repose sur cette incertitude, tant elle ressemble au paysage intérieur d'un esprit malade, et je me demande si le narrateur ne s'observe pas lui même en contemplant la famille Usher, réunie dans une embrassade fraternelle d'outre-tombe, illustrant sa propre ruine. Dans ce texte et les précédents, le style de Poe m'a impressionné par son sens aigu de la gradation, une horreur allant crescendo jusqu'au paroxysme de la chute, parfois littérale.

Les cauchemars de Poe s'apparentent ainsi à une mécanique de précision, et cet art narratif est bien illustré dans le récit en huis-clos "Le Puits et la Pendule", où le héros se retrouve confronté à une Inquisition espagnole invisible en dehors de ses pièges automatisés aux allures d'uchronie. Je ne m'attendais pas à cette nouvelle là - mais qui donc peut s'attendre à l'Inquisition espagnole ?

De même, dans "Le Masque de la Mort Rouge", le récit et son enfilade de salles extravagantes ressemblent à une machinerie théâtrale raffinée, un paradis artificiel débouchant sur une noirceur infernale. Ce cadre baroque semble taillé sur-mesure pour faire briller Baudelaire. Et il s'en donne d'ailleurs à coeur joie dans sa traduction riche en couleurs.

Avec tout cet entremêlement de mécanique et de vivant, on n'est jamais très loin du rire, et l'on peut déjà s'en rendre compte lors du climax de "La chute de la maison Usher", où la montée de la terreur s'accompagne d'une mise en abyme parodique. Cette tendance ne cessera de s'affirmer, par exemple à travers l'incroyable galeries de portraits du Roi Peste et de sa cour, des personnages vivides réunis dans un tableau macabre et empli d'humour grotesque - qu'est-ce que j'ai pu penser à Mervyn Peake en lisant cette nouvelle ! A ce stade du recueil, la comédie prend de plus en plus l'ascendant sur l'horreur, avec les mise à mort bouffonnes de "La barrique d'Amontillado" et de "Hop Frog", ou encore la cacophonie farcesque du "Diable dans le beffroi".

Dans cette riche variété de récits, la mort demeure constamment un objet de fascination, qui excite toutes les émotions… y compris le rêve, comme on le voit à fin du recueil, où on trouve d'étonnants dialogues post-mortem, voire post-embaumement et post-apocalyptiques. Poe y poursuit son exploration obsessionnelle de l'au-delà, à l'instar de son personnage envoûté par "le portrait ovale" de celle qu'il espère rencontrer dans l'après-vie.
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Les « Nouvelles histoires extraordinaires » sont la troisième contribution de Baudelaire à la diffusion en France des oeuvres d'Edgar Allan Poe, après « le corbeau » (1856) et « Histoires extraordinaires (1856)
« Histoires extraordinaires », destiné à présenter Edgar Poe aux lecteurs français, présentait un large éventail des genres utilisés par l'auteur américain : le récit policier à énigme (« Double assassinat dans la rue Morgue », « La lettre volée ») le récit fantastique (« Metzengerstein », « Ligeia »), le récit d'horreur (« Morella »), le récit de science-fiction (« Aventure sans pareille d'un certain Hans Pfaall ») le récit d'aventure (« le Scarabée d'or »), etc.
Les « Nouvelles histoires extraordinaires », en revanche, se cantonnent en grande partie dans le domaine du fantastique, voire de l'horreur. Et reconnaissons-le, c'est très efficace. Prenez « le Chat noir » par exemple. C'est l'histoire d'un brave homme, avec une brave femme et un brave chat… mais à la fin du récit vous avez les cheveux qui se dressent sur la tête, comme si vous aviez mis les doigts dans une prise… Bon, ce n'est pas toujours comme ça, prenez « William Wilson », vous n'aurez qu'une coulée de sueur glacée dans le dos… Prenez « La Chute de la maison Usher », « le puits et le pendule », « le Masque de la mort rouge » ou toute autre histoire, vous en serez quitte pour trois ou quatre nuits d'insomnie, on n'en meurt pas… (enfin, j'espère).
Le style est impeccable : hautement suggestif, évocateur (plus qu'on ne le souhaiterait peut-être), apte à faire naître en vous les terreurs les plus profondes, les plus incontrôlables, les plus irraisonnées. le problème c'est qu'on ne sait pas s'il faut l'attribuer à Edgar Poe ou à son traducteur Charles Baudelaire. Ces deux-là, c'est un fait unique dans la littérature, sont en véritable osmose, comme si c'était un même esprit (un peu torturé, il faut l'avouer) en deux personnes. Et pourtant, ils ne se connaissaient pas ! ils ne se sont jamais vus ! encore plus fort, Edgar est mort en 1849, à peine un an après que Baudelaire se mette en tête de traduire son oeuvre pour les lecteurs français (et les lectrices françaises, mais elles ne devaient pas être nombreuses à lire ce genre de choses… quoique…) ce qu'il fera pendant dix ans.
Le fantastique d'Edgar Poe est tout à fait innovant : issu du gothique qui faisait rage en Angleterre à la fin du XVIIIème siècle et au début du XIXème siècle, il s'est nourri des fantasmes de l'auteur, de ses obsessions, de ses convictions également dans une littérature où les errances de l'esprit auraient leur place (l'alcool et l'opium n'étant pas pour rien dans ces convictions). Poe comme Baudelaire célèbrent une esthétique du macabre, une séduction de la mort, une apologie de l'étrange, de l'insolite, de l'anormal… Avec Nathaniel Hawthorne, il est l'ancêtre direct de Howard Philip Lovecraft, et après lui des grands spécialistes de l'horreur que sont Stephen King, Dean Koontz ou Graham Masterson.
Quand on pense aux écrivains américains, on se réfère surtout aux contemporains, ou bien à la « génération perdue », il ne faut pas oublier ces géants qui ont créé la littérature américaine : Washington Irving, Fenimore Cooper, Nathaniel Hawthorne ou Herman Melville… et Edgar Poe.
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En relisant ce recueil je me suis rendue compte que je découvrais bon nombre de nouvelles pour la première fois. Souvent étudié en cours d'anglais, mon piètre niveau ne m'a jamais permis d'apprécier par moi-même le texte.
Chaque nouvelle ou presque par son rythme, la progression narrative, l'accumulation de détails installe un mystère qui se transforme en horreur. La prose de Poe donne à entendre le son discordant qui sonne la fin du personnage comme le grain de sable qui fait dérailler le rouage. Je ne sais pas si c'est la plume de Poe ou la traduction de Baudelaire mais je trouve aux textes une musicalité dans le choix des mots qui participe à l'étrangeté et à l'horreur des situations.
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A la relecture des nouvelles d'Allan Poe, je me rends compte à quel point il a façonné mon imaginaire d'adolescent. Peut-être a-t-il structuré mon approche de la fiction, à moins que ce soient les échos toujours renouvelés que l'on trouve dans la littérature et le cinéma actuels qui me donnent cette impression ? Entrer dans ce volume, c'est un peu comme passer une semaine dans un extraordinaire parc d'attractions. Les effets spéciaux, les manipulations, les chausse-trappes, les illusions, les mises en abîmes défilent sans répit. Un grand huit d'effets littéraires pour eux-mêmes, la pure jouissance du récit court. L'auteur semble vouloir démontrer son talent à chaque page et use de tous les moyens à sa disposition sans le moindre scrupule. le but est de charmer, de surprendre, de choquer, de s'extasier. Canulars, retournements de situation, fantastique, policier, exotisme, humour, ironie, horreur, morbide, tous les moyens sont bons pour emporter le lecteur. Cette dimension foraine de la fiction et cette ambition démesurée d'être le meilleur, expliquent cette modernité étonnante, au milieu du XIXe siècle. Même les contes moins célébrés, comme "l'homme de la foule", ou "le coeur révélateur" saisissent par leurs effets et la simplicité du dispositif.
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Citations et extraits (97) Voir plus Ajouter une citation
" C'était aussi dans cette salle que s'élevait, contre le mur de l'ouest, une gigantesque horloge d'ébène. Son pendule se balançait avec un tic-tac sourd, lourd, monotone; et quand l'aiguille des minutes avait fait le circuit du cadran et que l'heure allait sonner, il s'élevait des poumons d'airain de la machine un son clair, éclatant, profond et excessivement musical, mais d'une note si particulière et d'une énergie telle, que d'heure en heure, les musiciens de l'orchestre étaient contraints d'interrompre un instant leurs accords pour écouter la musique de l'heure; les valseurs alors cessaient forcément leurs évolutions; un trouble momentané courait dans toute la joyeuse compagnie; et, tant que vibrait le carillon, remarquait que les plus fous devenaient pâles, et que les plus âgés et les plus rassis passaient leurs mains sur leurs fronts, comme dans une méditation ou une rêverie délirante. Mais, quand l'écho s'était tout à fait évanoui, une légère hilarité circulait par toute l'assemblée; les musiciens s’entre-regardaient et souriaient de leurs nerfs et de leur folie, et se juraient tout bas, les uns aux autres, que la prochaine sonnerie ne produirait pas en eux la même émotion; et puis; après la fuite des soixante minutes qui comprennent les trois mille six cents secondes de l'heure disparue, arrivait une nouvelle sonnerie de la fatale horloge, et c'était le même trouble, le même frisson, les mêmes rêveries.
Mais, en dépit de tout cela, c'était une joyeuse et magnifique orgie."
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Mais la maison ! — quelle curieuse vieille bâtisse cela faisait ! — Pour moi, quel véritable palais d’enchantements ! Il n’y avait réellement pas de fin à ses détours, — à ses incompréhensibles subdivisions. Il était difficile à n’importe quel moment donné, de dire avec certitude si l’on se trouvait au premier ou au second étage. D’une pièce à l’autre, on était toujours sûr de trouver trois ou quatre marches à monter ou à descendre. Puis les subdivisions latérales étaient innombrables, inconcevables, tournaient et retournaient si bien sur elles-mêmes, que nos idées les plus exactes relativement à l’ensemble du bâtiment n’étaient pas très différentes de celles à travers lesquelles nous envisagions l’infini. [William Wilson]
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PETITE DISCUSSION AVEC UNE MOMIE
...
- Eh bien, c'était la coutume générale en Égypte, avant d'embaumer un cadavre, de lui enlever les intestins et la cervelle ; la race des Scarabées seule n'était pas sujette à cette coutume. Si donc je n'avais pas été un Scarabée, j'eusse été privé de mes boyaux et de ma cervelle, et sans ces deux viscères, vivre n'est pas chose commode.
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(Petite discussion avec une momie)

Nous parlâmes alors de la grande beauté et de l’importance de la démocratie, et nous eûmes beaucoup de peine à bien faire comprendre au comte la nature positive des avantages dont nous jouissions en vivant dans un pays où le suffrage était ad libitum, et où il n’y avait pas de roi.

Il nous écouta avec un intérêt marqué, et, en somme, il parut réellement s’amuser. Quand nous eûmes fini, il nous dit qu’il s’était passé là-bas, il y avait déjà bien longtemps, quelque chose de tout à fait semblable. Treize provinces égyptiennes résolurent tout d’un coup d’être libres, et de donner ainsi un magnifique exemple au reste de l’humanité. Elles rassemblèrent leurs sages, et brassèrent la plus ingénieuse constitution qu’il est possible d’imaginer. Pendant quelque temps, tout alla le mieux du monde ; seulement, il y avait là des habitudes de blague qui étaient quelque chose de prodigieux. La chose néanmoins finit ainsi : les treize États, avec quelque chose comme quinze ou vingt autres, se consolidèrent dans le plus odieux et le plus insupportable despotisme dont on ait jamais ouï parler sur la face du globe.

Je demandai quel était le nom du tyran usurpateur.

Autant que le comte pouvait se le rappeler, ce tyran se nommait la Canaille.
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LE PUITS ET LE PENDULE

Toujours plus bas ! – Incessamment, – Inévitablement plus bas! Je respirais douloureusement, et je me débattais à chaque balancement. Je me rapetissais convulsivement à chaque vibration. Mes yeux le suivaient dans sa volée ascendante et descendante, avec l’ardeur du désespoir le plus insensé; Ils se refermaient spasmodiquement au moment de la descente. Quoique la mort eût été un soulagement, – Oh! Quel indicible soulagement! Cependant, tous mes nerfs me faisaient trembler, quand je pensais qu'il suffirait que la machine descendît d'un cran pour précipiter sur ma poitrine cette hache aiguisée, étincelante. C'était l’espérance qui me faisait ainsi trembler, et qui faisait se rétrécir tout mon être. C'était l'espérance, – l'espérance qui triomphe même sur le chevalet, – qui chuchote à l'oreille des condamnés à mort, même dans les cachots de l'Inquisition.

THE PIT AND THE PENDULUM

Down – still unceasingly – still inevitably down! I gasped and struggled at each vibration. I shrunk convulsively at its every sweep. My eyes followed its outward or upward whirls with the eagerness of the most unmeaning despair; they closed themselves spasmodically at the descent, although death would have been a relief, oh! how unspeakable! Still I quivered in every nerve to think how slight a sinking of the machinery would precipitate that keen, glistening axe upon my bosom. It was hope that prompted the nerve to quiver – the frame to shrink. It was hope – the hope that triumphs on the rack – that whispers to the death-condemned even in the dungeons of the Inquisition.
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La Chute de la maison Usher | Bande-annonce officielle VF | Netflix France 2023
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