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4,11

sur 2488 notes
Lorsque j'étais adolescente, j'avais lu le Scarabée d'Or d'Edgar Allan Poe mais j'avoue que je n'avais pas été touchée par la nouvelle et je n'en garde même aujourd'hui aucun souvenir.

En poursuivant ma découverte de la littérature gothique, j'ai fait une belle rencontre au travers des Nouvelles histoires extraordinaires d'Edgar Allan Poe. J'ai été subjuguée par l'écriture poétique de l'auteur ainsi que par la magnifique traduction de Charles Baudelaire qui retranscrit toute la force et la beauté du texte original. Lire ce recueil a été pour moi un enchantement qui m'a permis d'égayer la monotonie de mes trajets quotidiens, dans le tramway : un vrai régal!

Néanmoins, toutes les nouvelles ne m'ont pas touché de manière égale : parmi toutes, je garderai surtout en mémoire le chat noir, William Wilson, la Chûte de la Maison Usher, le puits et le pendule, Hop Frog et le Portrait ovale. Certaines sont macabres, voire dérangeantes mais Edgar Allan Poe a une manière sans précédent de faire rentrer le lecteur dans son récit et de le faire intéragir avec le narrateur. Dans le Chat noir, je l'ai détesté littéralement et je n'avais de cesse qu'il soit puni pour ses odieux crimes. Dans le puits et le pendule, je tremblais pour le personnage principal, au point d'avoir de l'empathie pour lui et je voulais avec force qu'il se sorte de ses épreuves imposées par l'Inquisition. Dans la Chûte de la maison Usher ou dans Bérénice, les scènes finales ont fait émerger en moi un sentiment d'effroi et d'horreur.

Bref, je ne peux que recommander la lecture de ce recueil en espérant que d'autres lecteurs prennent autant de plaisir que moi à lire ces nouvelles. D'ici peu, je pense re-découvrir le Scarabée d'or et lire un autre recueil de cet extraordinaire auteur.
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Les histoires d'Edgar Allan Poe se parent en français de la plume exquise du traducteur Charles Baudelaire. Ce dernier, auteur de l'Héautontimoroumenos (« le bourreau de soi-même ») dans les Fleurs du mal, voit son alter ego américain entrer en correspondance avec lui via le texte inaugural "Le démon de la perversité". Poe y livre un manifeste littéraire pessimiste, voire masochiste, anticipant la pulsion de mort freudienne : programme prometteur s'il en est.

S'ouvre alors un florilège de crimes morbides commis par les narrateurs à l'encontre de leur bonheur insupportable, comme si leur pire ennemi se manifestait en eux : inquiétante étrangeté... Les lecteurs sensibles auront le droit de se sentir caressés à rebrousse-poil par les images glaçantes de ces nouvelles inaugurales emplies d'une cruauté à la lisière du surnaturel.

L'altérité des narrateurs se retrouve finalement projetée à l'extérieur sous la forme d'un doppelgänger dans le magistral "William Wilson"... Mais une part d'ambigüité demeure : le double du narrateur ne semble exister que dans sa tête, et pourtant certains éléments lui confèrent une existence objective. La folie schizophrène n'isole-t-elle pas irrémédiablement du réel ?

"La chute de la maison Usher" repose sur cette incertitude, tant elle ressemble au paysage intérieur d'un esprit malade, et je me demande si le narrateur ne s'observe pas lui même en contemplant la famille Usher, réunie dans une embrassade fraternelle d'outre-tombe, illustrant sa propre ruine. Dans ce texte et les précédents, le style de Poe m'a impressionné par son sens aigu de la gradation, une horreur allant crescendo jusqu'au paroxysme de la chute, parfois littérale.

Les cauchemars de Poe s'apparentent ainsi à une mécanique de précision, et cet art narratif est bien illustré dans le récit en huis-clos "Le Puits et la Pendule", où le héros se retrouve confronté à une Inquisition espagnole invisible en dehors de ses pièges automatisés aux allures d'uchronie. Je ne m'attendais pas à cette nouvelle là - mais qui donc peut s'attendre à l'Inquisition espagnole ?

De même, dans "Le Masque de la Mort Rouge", le récit et son enfilade de salles extravagantes ressemblent à une machinerie théâtrale raffinée, un paradis artificiel débouchant sur une noirceur infernale. Ce cadre baroque semble taillé sur-mesure pour faire briller Baudelaire. Et il s'en donne d'ailleurs à coeur joie dans sa traduction riche en couleurs.

Avec tout cet entremêlement de mécanique et de vivant, on n'est jamais très loin du rire, et l'on peut déjà s'en rendre compte lors du climax de "La chute de la maison Usher", où la montée de la terreur s'accompagne d'une mise en abyme parodique. Cette tendance ne cessera de s'affirmer, par exemple à travers l'incroyable galeries de portraits du Roi Peste et de sa cour, des personnages vivides réunis dans un tableau macabre et empli d'humour grotesque - qu'est-ce que j'ai pu penser à Mervyn Peake en lisant cette nouvelle ! A ce stade du recueil, la comédie prend de plus en plus l'ascendant sur l'horreur, avec les mise à mort bouffonnes de "La barrique d'Amontillado" et de "Hop Frog", ou encore la cacophonie farcesque du "Diable dans le beffroi".

Dans cette riche variété de récits, la mort demeure constamment un objet de fascination, qui excite toutes les émotions… y compris le rêve, comme on le voit à fin du recueil, où on trouve d'étonnants dialogues post-mortem, voire post-embaumement et post-apocalyptiques. Poe y poursuit son exploration obsessionnelle de l'au-delà, à l'instar de son personnage envoûté par "le portrait ovale" de celle qu'il espère rencontrer dans l'après-vie.
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En relisant ce recueil je me suis rendue compte que je découvrais bon nombre de nouvelles pour la première fois. Souvent étudié en cours d'anglais, mon piètre niveau ne m'a jamais permis d'apprécier par moi-même le texte.
Chaque nouvelle ou presque par son rythme, la progression narrative, l'accumulation de détails installe un mystère qui se transforme en horreur. La prose de Poe donne à entendre le son discordant qui sonne la fin du personnage comme le grain de sable qui fait dérailler le rouage. Je ne sais pas si c'est la plume de Poe ou la traduction de Baudelaire mais je trouve aux textes une musicalité dans le choix des mots qui participe à l'étrangeté et à l'horreur des situations.
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A la relecture des nouvelles d'Allan Poe, je me rends compte à quel point il a façonné mon imaginaire d'adolescent. Peut-être a-t-il structuré mon approche de la fiction, à moins que ce soient les échos toujours renouvelés que l'on trouve dans la littérature et le cinéma actuels qui me donnent cette impression ? Entrer dans ce volume, c'est un peu comme passer une semaine dans un extraordinaire parc d'attractions. Les effets spéciaux, les manipulations, les chausse-trappes, les illusions, les mises en abîmes défilent sans répit. Un grand huit d'effets littéraires pour eux-mêmes, la pure jouissance du récit court. L'auteur semble vouloir démontrer son talent à chaque page et use de tous les moyens à sa disposition sans le moindre scrupule. le but est de charmer, de surprendre, de choquer, de s'extasier. Canulars, retournements de situation, fantastique, policier, exotisme, humour, ironie, horreur, morbide, tous les moyens sont bons pour emporter le lecteur. Cette dimension foraine de la fiction et cette ambition démesurée d'être le meilleur, expliquent cette modernité étonnante, au milieu du XIXe siècle. Même les contes moins célébrés, comme "l'homme de la foule", ou "le coeur révélateur" saisissent par leurs effets et la simplicité du dispositif.
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Voilà que je lis mon premier Edgar Allan Poe. Les histoires sont taillées pour leur époques, c'est à dire le gothique. Et la traduction de Charles Baudelaire est une délectation. Certaines des nouvelles sont d'un sublime morbide : le Masque de la Mort rouge, le Démon de la perversité, le Chat noir, etc. Cependant, d'autres m'ont laissé de marbre comme L'île de la fée par exemple.
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Les « Nouvelles histoires extraordinaires » sont la troisième contribution de Baudelaire à la diffusion en France des oeuvres d'Edgar Allan Poe, après « le corbeau » (1856) et « Histoires extraordinaires (1856)
« Histoires extraordinaires », destiné à présenter Edgar Poe aux lecteurs français, présentait un large éventail des genres utilisés par l'auteur américain : le récit policier à énigme (« Double assassinat dans la rue Morgue », « La lettre volée ») le récit fantastique (« Metzengerstein », « Ligeia »), le récit d'horreur (« Morella »), le récit de science-fiction (« Aventure sans pareille d'un certain Hans Pfaall ») le récit d'aventure (« le Scarabée d'or »), etc.
Les « Nouvelles histoires extraordinaires », en revanche, se cantonnent en grande partie dans le domaine du fantastique, voire de l'horreur. Et reconnaissons-le, c'est très efficace. Prenez « le Chat noir » par exemple. C'est l'histoire d'un brave homme, avec une brave femme et un brave chat… mais à la fin du récit vous avez les cheveux qui se dressent sur la tête, comme si vous aviez mis les doigts dans une prise… Bon, ce n'est pas toujours comme ça, prenez « William Wilson », vous n'aurez qu'une coulée de sueur glacée dans le dos… Prenez « La Chute de la maison Usher », « le puits et le pendule », « le Masque de la mort rouge » ou toute autre histoire, vous en serez quitte pour trois ou quatre nuits d'insomnie, on n'en meurt pas… (enfin, j'espère).
Le style est impeccable : hautement suggestif, évocateur (plus qu'on ne le souhaiterait peut-être), apte à faire naître en vous les terreurs les plus profondes, les plus incontrôlables, les plus irraisonnées. le problème c'est qu'on ne sait pas s'il faut l'attribuer à Edgar Poe ou à son traducteur Charles Baudelaire. Ces deux-là, c'est un fait unique dans la littérature, sont en véritable osmose, comme si c'était un même esprit (un peu torturé, il faut l'avouer) en deux personnes. Et pourtant, ils ne se connaissaient pas ! ils ne se sont jamais vus ! encore plus fort, Edgar est mort en 1849, à peine un an après que Baudelaire se mette en tête de traduire son oeuvre pour les lecteurs français (et les lectrices françaises, mais elles ne devaient pas être nombreuses à lire ce genre de choses… quoique…) ce qu'il fera pendant dix ans.
Le fantastique d'Edgar Poe est tout à fait innovant : issu du gothique qui faisait rage en Angleterre à la fin du XVIIIème siècle et au début du XIXème siècle, il s'est nourri des fantasmes de l'auteur, de ses obsessions, de ses convictions également dans une littérature où les errances de l'esprit auraient leur place (l'alcool et l'opium n'étant pas pour rien dans ces convictions). Poe comme Baudelaire célèbrent une esthétique du macabre, une séduction de la mort, une apologie de l'étrange, de l'insolite, de l'anormal… Avec Nathaniel Hawthorne, il est l'ancêtre direct de Howard Philip Lovecraft, et après lui des grands spécialistes de l'horreur que sont Stephen King, Dean Koontz ou Graham Masterson.
Quand on pense aux écrivains américains, on se réfère surtout aux contemporains, ou bien à la « génération perdue », il ne faut pas oublier ces géants qui ont créé la littérature américaine : Washington Irving, Fenimore Cooper, Nathaniel Hawthorne ou Herman Melville… et Edgar Poe.
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Edgar Poe était fasciné par le rêve, le spiritisme, mais aussi les sciences.
A lire et à relire ce recueil traduit par Baudelaire qui explore le fantastique, l'épouvante, mais aussi la logique de l'enquête policière. Un homme atteint la lune en ballon, un autre transforme en or les vils métaux, les morts apparaissent pour entraîner les vivants au tombeau, les malédictions s'accomplissent. Cette atmosphère particulière, irrationnelle, mystérieuse nourrie par le rêve, le spiritisme, les légendes et les malédictions en fait un grand moment de lecture pour les amateurs du genre.

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Je trouve que le sujet des nouvelles se répètent, l'âme de chaque personnage est toujours aussi sombre; le scénario est le même; cela se termine toujours par un acte odieux. Il n'y a donc pas de réelle surprise.
Mais certaines nouvelles se détachent et la plume d'ombre de l'auteur reste fascinante et troublante.
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Certains se lassent de l'unité thématique de ces Nouvelles histoires extraordinaires, mais ne seraient-ils pas les premiers à pester contre un recueil trop disparate et manquant de cohérence ? Et à y regarder d'un peu plus près, en essayant de lire avec un peu plus d'attention et un peu moins d'empressement, ne pouvons-nous pas distinguer une infinie variété de tons, de styles et de formes dans ces nouvelles qui vont du récit macabre au conte drolatique, qui cheminent entre fait divers et dialogue philosophique ? Bien sûr la mort comme obsession est bien présente de la première à la dernière ligne de ce recueil, la perversité originelle de l'humanité répand son ombre d'atrocités sur toute l'oeuvre, mais quand on en parle aussi finement, avec cynisme ou fantaisie, on ne peut que rester ébahi devant la beauté de ces fleurs du mal…
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Edgar Allan Poe est un homme fascinant, doté d'un univers fantastiquement sombre.
Que ce soit dans ce recueil de nouvelles, ou les autres, je suis toujours autant admirative envers sa plume et ses histoires tout aussi fantastiques, sombre, cruelle et intelligentes.
Il avait une très bonne et belle observation des êtres humains qui met très bien en valeur de manière assez sombre, mais on l'aura bien compris, l'univers de Edgar est (vraiment à mes yeux) de la fantaisie obscure.
Il met très bien aussi en valeur les sentiments profonds que l'on peut ressentir, que ce soit dans la mort, dans la nature, dans le silence (qui d'ailleurs, cette nouvelle est magnifique), dans la foule, dans la solitude, dans les folies et rêveries. du moins, pour ma part, je trouve quelques parties de moi, des souvenirs, des pensées que je pensais enfouis.
Il avait pour moi, un humour noir très bien prononcé, et qui me fait vraiment rire. Il y'a aussi beaucoup de sens cachés dans ce qu'il dit, des fois tellement cachés que certaines personnes n'ont pas su et en sont, quelque fois déçus. En tout les cas, pour ceux qui ne connaissent pas ou n'ont pas lu Edgar Allan Poe, je le conseille vivement. Et si les nouvelles ne plaisent pas, il y'a les poèmes qui sont tout à fait fabuleux.
Toutes les nouvelles dans ce livre m'ont plu, et je n'ai pas de préférence,elles sont tout aussi bien.
Et j'ajoute quelque chose d'autre : il avait aussi une très grande sensibilité ce bon cher Edgar. Car je remarque que quelque personnes le cataloguent de quelqu'un de sordide et grotesque, pas du tout, loin de là même. Il faut juste accepter son côté très sombre, qui quelque fois ne fait pas de mal du tout.
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