Charlotte Poireau

Paru dans le Journal de Tintin de 1978 à 1981, Charlotte Poireau est une concierge-détective, à l'image de Sherlock Holmes, son idole. Elle mène ses enquêtes avec Marcel, son poisson rouge, et sa voisine qui joue le rôle du Dr Watson en chroniquant les enquêtes de son amie.
Les déductions de Charlotte sont souvent fantaisistes et passent complétement à côté de la réalité. Cependant, à l'instar d'Hercule Poirot, son inaltérable croyance en la supériorité de ses petites cellules grises, fait qu'elle ne tient absolument aucun compte de ses erreurs. Mais ce n'est pas bien grave, d'une manière ou d'une autre Charlotte Poireau retombe toujours sur ses chaussons !
Deux poils sous le menton, une verrue sur le nez, son éternel parapluie sous le bras et ses chaussons au pied, Charlotte Poireau est une figue du quartier bien connu de ses habitants et même des plus hautes instances de la République.
J'aime beaucoup cet humour, basé sur la suffisance de son héroïne et des jeux de mots subtils. Les dessins sont "ronds", tout est toujours ronds chez Poirier et les cases sont bien remplies, il y a souvent plusieurs lectures dans une même scène.
Cette BD est malheureusement trop méconnu car l'auteur est décédé trop jeune. Je regrette qu'il n'y ait pas une réédition de l'univers de cet auteur.

C'est à ce genre de bouts de vie comme celle de Jean-Claude Poirier que l'on ne peut que déplorer l'absence de toute intelligence supérieure guidant nos destinées. Car enfin, à quoi sert-il d'engendrer un tel talent pour nous en priver aussitôt par la faute d'un cancer foudroyant. Poirier, à part pour quelques acharnés amateurs de Pif gadget, ne restera pas dans les consciences et pourtant, son style, son dessin et son humour exceptionnel lui auraient ouvert toutes les portes... C'est triste, un tel gâchis. Relire ce qu'il reste de ses oeuvres, c'est tout le bien que je vous souhaite.