C’est tout de même avec tristesse que l’on quitte ce qui longtemps nous a fait souffrir.
Dans ses cheveux très longs et bouclés, un foulard de même motif, des poissons tracés d’un trait blanc se découpent en vagues dans le tissu d’un bleu méditerranéen. Elle a l’allure de ces femmes africaines qui portent leur race multicolore de manière souveraine.
On accumule ainsi les chagrins, les pertes, les absences qui s’entassent au creux de soi et finissent par étrangler l’amour.
J’ai été et demeure cette romantique, amoureuse éternelle, morte d’avance et en retard d’un siècle !
Il est si facile, pour les artistes, de se sentir coupable pour un retard ou une absence. Nous sommes des matelots qui n’abandonnent jamais le navire. Sans l’un d’entre nous, tout est à risque.
La nourriture, pour toi, avait toujours été à la fois une amante et une ennemie. Et voilà que des fréquentations douteuses t’éloignaient de plus en plus de la réalité. Je me sentais comme un parent face à son enfant qui se perd au loin, sans pouvoir rien faire pour le rescaper.
Les heures coulent, lentes, longues, impuissantes à te ramener parmi nous. Tu avances vers le rideau qui tombera sur le dernier acte de ta vie. La nuit se dépose sur toi et nous sommes tes veilleurs de tendresse, seule action possible en ces heures d’imminent départ.
Nous sommes toutes enchaînées, presque malgré nous, à notre personnalité de sauveur. Exigeant, le chemin du détachement dans l’amour. Il est celui que j’ai choisi ou que ta distance m’a forcée à prendre.