Citations sur Comment les économistes réchauffent la planète (95)
Il ne sert à rien de monter la chute possible des civilisations, d’aller chercher des cas aussi divers que les Mayas, la civilisation de l’âge du bronze ou la fin de l’Empire romain. À ces exemples de civilisations éteintes, l’Économiste rétorquera : « C’est qu’elles n’avaient pas les marchés. »
Les climatologues ont pu calculer approximativement le nombre total de tonnes de CO2 qu’il restait possible d’émettre à partir de 2010, pour garder une chance sur deux de rester en dessous d’un réchauffement de 2°C : environ 1 800 milliards de tonnes (environ deux fois moins pour avoir quatre chances sur cinq). […] force est de constater qu’il y a plus d’énergie fossile qu’il n’est possible d’en brûler pour préserver le climat […] L’approche métabolique amène ainsi à conclure que limiter le réchauffement climatique à2°C devrait conduire nécessairement à ne pas exploiter des gisements d’énergie fossile déjà connus : un tiers du pétrole, la moitié du gaz et les quatre cinquièmes du charbon, parmi les réserves actuelles, devront rester inexploitées jusqu’en 2050. […] ces gisements, enregistrés comme des actifs seraient donc surévalués […] L’ONG britannique Carbon Tracker estime ainsi que deux tiers des actifs détenus par les entreprises énergétiques sont sans valeur. […] Il y aurait donc une « bulle carbone » sur les valeurs énergétiques minières. […] Le succès même de la lutte contre le changement climatique pourrait achever de déstabiliser un système financier mondial déjà bien fragilisé par des montagnes de dettes. Espérons que nous saurons dépasser les insuffisances du discours économique pour faire face avec lucidité à ce dilemme.
Lorsque les émissions de méthane sont éliminées, le réchauffement ralentit : à cause du fort pouvoir de réchauffement du méthane, les réductions se font sentir instantanément. En revanche, le réchauffement de long terme est peu affecté car il est beaucoup plus sensible à la réduction des émissions de C02. 𝐴 𝑐𝑜𝑛𝑡𝑟𝑎𝑟𝑖𝑜, avec des réductions d’émissions uniquement en CO2, le réchauffement ne ralentit pas au départ mais est moins fort à long terme.
L’homme qui s’est habitué à tous les climats terrestres s’adaptera d’autant mieux au changement climatique qu’il s’en remettra aux signaux délivrés par les marchés .
Grâce aux équivoques dans la présentation des résultats atteints, cette construction intellectuelle fonctionne comme une preuve de la véracité du fondamentalisme de marché : les marchés concurrentiels conduisent à une situation optimale pour la société. Sans les jeux de l’évocation et la caution scientifique de théories économiques, le fondamentalisme de marché apparaîtrait pour ce qu’il est : un credo absurde, sans cesse contredit par les faits. Et, sans eux, le climato-scepticisme perdrait l’un de ses principaux points d’appui.
Ce fut une véritable opération d’endiguement des préoccupations écologistes, qui se mit en place à partir de la fin des années 1970 et qui dure encore aujourd’hui. Ce mouvement antiécologiste reprend les techniques de manipulation si brillamment utilisées par les industriels du tabac. Ces instituts créés pour l’occasion publient des livres minorant les dégâts environnementaux et appelant à une analyse froide et sereine des faits. Le recouvrement entre appartenance politique et prise de position sur l’environnement est total. Les groupes de réflexions conservateurs adoptent tous une position « sceptique » sur les sujets environnementaux, tandis que quasiment tous les ouvrages « sceptiques » sont publiés ou soutenus par de tels groupes.
Dans les quarante dernières années, en affinité avec le néolibéralisme, elle a renoué [la science économique] avec ses institutions originelles, notamment concernant la place du marché. Le substrat du discours économique est aujourd’hui constitué autour de deux pôles.
Le rêve de l’Économiste s’était brisé sur les réalités de la souveraineté des États.
Presque vingt ans après Kyoto, l’ambition est toujours la même, celle de construire un cadre de coopération dans lequel, un jour, des réductions d’émissions décisives, même de faire baisser les émissions globales, seront entreprises. Vingt ans ont été perdus dans la construction de cette confiance mutuelle. Ce deux décennies ont été gâchées à cause du discours économique, qui a interprété le protocole de Kyoto comme un partage du fardeau des réductions d’émissions, devant être rendu efficace par un marché mondial du carbone.
[L’accord de la COP21] n’offre toutefois aucune garantie que les États réaliseront bien leurs contributions aux réductions d’émissions, pas plus qu’il n’offre de garantie que l’écart entre l’objectif déclaré de 2°C et les contributions de chacun sera un jour comblé. Par l’habitude prise de travailler ensemble, par la confrontation des objectifs de chacun, l’accord de Paris ambitionne néanmoins e créer suffisamment de confiance entre les États pour les amener graduellement à renforcer leurs contributions, à adopter et mettre en œuvre des réductions d’émissions plus fortes, à tenir l’objectif des 2°C.