Jennie

(Jane Goodall) a vu que les chimpanzés sauvages sont très agressifs. Les mâles surtout sont obsédés par leurs rangs et statuts sociaux. Ce sont des arrivistes impitoyables. Ils passent la plus clair de leur temps à décider qui est le chef et qui ne l’est pas. Goodall a été témoin de plusieurs scènes de violence, d’assassinat, d’infanticide et même de cannibalisme. Les chimpanzés ne se battent pas loyalement : ils se liguent contre les plus faibles. Parfois les mâles battent les femelles. Ils craignent les étrangers et les détestent. Ils sont belliqueux et avides de domination. Un groupe de mâles, par exemple, peut former une expédition punitive et aller jusqu’aux frontières de leur territoire pour attaquer et tuer des chimpanzés étrangers. Jane Goodall a été désespérée de découvrir en eux les caractères les plus hideux de l’homme.

Je me suis exercé toute la semaine à faire des signes, et quand Jennie est arrivée, je l’ai saluée par un grand « bonjour ! » (en langage des signes bien sûr). Jennie m’a fait un geste en retour, mais je ne suis pas certain d’avoir bien compris. Peut-être qu’elle se grattait.

Les Navajos méprisent les gens qui accumulent les biens ; ils pensent que c’est un vice, une faiblesse, comme la boisson, l’adultère.

Ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est finalement, que l’Homme et le chimpanzé ont bien des défauts communs – l’égoïsme, la cruauté, la cupidité, l’avarice et un net penchant pour la violence.

…Si j’ai appris une seule chose au cours d’une vie consacrée à la science, c’est que le monde échappera toujours à l’entendement des êtres humains. Nous parviendront peut-être à le connaître, mais jamais à le comprendre. Et la raison de cette impuissance c’est l’évolution : voilà le mot clef, la pierre d’achoppement contre laquelle butte tout notre système de pensée ; notre intelligence ne s’est pas développées pour nous faire comprendre le sens véritable des choses, mais seulement pour nous faire comprendre leurs mécanismes internes. Connaître le sens de la vie n’aide pas à survivre, donc l’évolution n’a pas cherché à combler cette lacune.

L’homme et les grands singes diffèrent davantage par leur ego que par leur anatomie. c’est ce mal qui nous amenés à considérer à tort la Terre comme le centre de l’univers, et c’est ce même mal qui ronge encore quelques taxinomistes soucieux d’attribuer à l’Homme une famille spécifique. Pour ma part je ne vois pas où est le danger de partager notre lignée avec quelques grands singes. Ce serait faire un premier pas vers la reconnaissance du lien intime qui nous rattache à toute vie sur terre ; cela me semble capital si nous voulons survivre en tant qu’espèce. Nous ne sommes pas tombés du ciel.

Nous vivons dans un pays d’arriérés ! L’Américain moyen est d’une ignorance crasse. Un jour un homme m’a demandé si les étoiles partaient avant le lever du jour ou si elles étaient encore là, même si on ne pouvait les voir. Et c’était un agent de change ! un type qui gagnait cent mille dollars par an ! Je lui ai aussitôt retiré la gestion de mon portefeuille…

Mon père était un scientifique. En amenant Jennie au sein de notre famille, il n’avait pas conscience de la dimension humaine de cette expérience. Le cobaye ne se réduisait pas seulement à un animal. Toute sa famille était impliquée.

Montrez-moi la frontière entre l’homme et le singe. Montrez-moi en quoi les deux espèces diffèrent qualitativement, et non quantitativement. Plus vous étudiez les chimpanzés plus vous vous rendez compte que c’est une tâche impossible. Ils se cachent derrière l’étiquette « anthropomorphisme » parce qu’ils sont terrifiés à l’idée de découvrir que nous ne sommes peut-être finalement que des animaux.

Nous faisons tous partie d’un grand dessein inconnu, un dessein qui reste pour nous aussi incompréhensible que le cycle des saisons l’est pour la feuille de l’arbre qui tombe à l’automne.