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Critique de katell


Rosa Fiore a toujours trouvé le réconfort dans la cucina, la cuisine de la maison familiale. En pétrissant les pâtes, en épluchant et éminçant les légumes, en découpant viandes et gibiers, en confectionnant pâtisseries et conserves de légumes et de fruits.

La « cucina » est le centre névralgique de la maison, la table en est l'autel. C'est sur cette table, installée depuis des générations, qu'ont été conçus plats et enfants, qu'ont été exposés les dépouilles mortuaires des membres de la famille. La pièce est le royaume de la vie et de la mort.

Lorsqu'elle apprend la mort de son amant, le beau Bartolomeo, Rosa est dévastée et se perd dans la confection des pâtes, nuit et jour, quand elle a épuisé leur déclinaison, elle a fait du pain à n'en plus finir puis des viandes sous toutes leurs formes, ensuite des fromages pour achever son deuil dans les conserves de fruits et de légumes et de sauces tomate. Epuisée et inconsolable, Rosa fuit la fattoria familiale avec son perroquet Céleste et une valise pour prendre le premier car à destination de Palerme où elle trouvera un travail d'aide bibliothécaire et un logement.

Au fil des chapitres, déclinés en quatre saisons, Rosa dévoile son enfance, les raisons de sa fuite, son nouveau départ et la passion amoureuse qu'elle vivra avec l'Inglese, un cuisinier hors pair.

Bien que l'autrice soit anglaise, sa passion de l'Italie fait que le roman est imprégné de toutes les saveurs de la gastronomie italienne, et tout particulièrement sicilienne . Chaque plat réalisé par Rosa l'est à la sueur des mains et des bras. le corps de la cuisinière est le moteur de sa cuisine. Chaque dégustation se mérite et s'effectue dans le respect du travail demandé par la recette. La réalisation de la sauce tomate à la sicilienne est une anthologie de patience à la hauteur du désir amoureux… la minutie alliée à la lenteur.

« La cucina » est l'ode aux saveurs, au plaisir des papilles et des yeux, c'est une farandole extraordinaire de plats qui font saliver tout au long de la lecture. On entend chanter les sauces, tinter les couverts et les ustensiles, on suit les flaveurs odorantes des plats, on ferme les yeux pour savourer chaque instant passé au coeur de la création culinaire. Rosa est la Madone de la gastronomie sicilienne, elle en est une icône attachante.

Lily Prior saupoudre son roman de nombreuses pincées humoristiques tant les membres de la Mafia sont caricaturaux, que le rôle de l'Inglese est tellement nébuleux qu'il en devient vapeur amusante dans la danse des casseroles et autres ustensiles de cuisine. Il y a des meutres, des disparitions étranges ce qui épice la quête de Rosa. Parfois, le rocambolesque n'est pas loin, ainsi les incroyables frères siamois, Guerra et Pace, durs en affaires et d'une tendresse immense envers leur soeur. La Mama est également haute en couleurs : une femme aimant les hommes et qui ne s'en cache pas, menant son monde à la baguette, en bonne matriarche.

J'ai aimé ce roman mêlant la passion amoureuse, la sensualité des corps à celle de la cuisine. L'art culinaire n'est qu'un avant-goût, chez Rosa, de l'art d'aimer et de s'abandonner. Les saisons rythment la transfiguration de Rosa tel un papillon mûrissant dans sa chrysalide.

Une très belle découverte.

Traduit de l'anglais par Marie-France Girod
Lien : https://chatperlitpopette.wo..
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