Cela faisait quelques temps que je me disais qu'il faudrait que je tente
Proust, mais j'avoue que le volume et l'hypothétique difficulté me faisaient hésiter beaucoup. L'occasion s'est finalement présentée d'aller
du côté de chez Swann en compagnie de Cricri124, merci à elle, je suis contente d'avoir enfin franchi le pas.
Autant le dire de suite, la lecture ne fut pas des plus aisées pour moi. Honnêtement, je pense qu'il faut avoir du temps libre pour s'attaquer à ce pavé.
Proust a un style exigent, il demande au lecteur une concentration soutenue. Les phrases sont longues, les virgules y circulent à profusion, jouant des coudes avec les parenthèses. Ajouter à cela aucun chapitrage, ce n'est donc pas toujours facile de suivre le fil quand on lit le soir après une journée de travail. Il m'est arrivé plus d'une fois de devoir revenir en arrière pour retrouver le sujet d'un verbe.
Cela m'a un peu gâché la lecture, et c'est bien dommage car j'ai bien aimé pourtant ce que Monsieur
Proust nous racontait.
Ce premier volume de « A la recherche du temps perdu » se découpe en trois parties : Combray - Un amour de Swann - Nom de pays : le nom.
Dans la première partie,
Proust raconte une partie de son enfance et de son adolescence dans la maison de Combray que sa famille occupait lors de la belle saison. Il évoque ses souvenirs et ce qui l'a marqué : les lieux qui lui apportaient du bien-être (la nature y occupe une place importante), mais aussi les personnalités qu'il côtoyait. J'ai souvent apprécié sa manière de décrire les choses en insistant sur les petits détails qui nous donnent immédiatement une représentation visuelle ou un ressenti, éveillant nos propres souvenirs liés à des goûts, des saveurs ou des odeurs. Plus d'une fois, je me suis dit « Ah oui, c'est vrai ! C'était pareil chez mes grands-parents. », bien qu'ils n'aient pas vécus à la même époque. On se régale aussi sur la description des petites habitudes de son entourage, leurs rituels et leurs préjugés (je pense en particulier à la tante Léonie ou à Françoise).
Proust montre une observation fine et une analyse juste de l'humain. Il faut lui reconnaître cette grande sensibilité qui enveloppe son texte.
La seconde partie, beaucoup plus longue, se focalise sur le personnage de Swann que l'on a déjà croisé dans la partie précédente. Surprise pour moi car j'y découvre un Swann très différent de l'image que je m'en étais faite auparavant. Issu d'une famille riche qui vit exclusivement à Paris, il fréquente aussi bien les grandes soirées guindées de l'aristocratie que les déjeuners bourgeois. Amateur de femmes, il ne vit que pour satisfaire son plaisir, tout en veillant à conserver une certaine discrétion. Mais il va s'amouracher d'Odette de Crécy, une femme qu'il ne qualifie pourtant pas de ses goûts mais qui va le fasciner lorsqu'il verra en elle le « caractère esthétique de sa beauté ». le narrateur va nous décrire l'évolution de cette relation, décrivant (à longueurs de pages) les ressentis et émotions de Swann : l'état amoureux, la passion, mais aussi la
jalousie, la souffrance et le déni.
L'auteur décrit aussi magnifiquement l'ambiance et les discussions des salons parisiens. Il n'hésite pas à gratter le vernis qui dévoile les préjugés et l'hypocrisie de ce milieu. Les passages relatant les dîners chez les Verdurins sont piquants à souhait.
Cette partie demeure cependant trop longue à mon goût, car même si c'est bien dit, on finit par s'ennuyer, des redondances alourdissant le texte. C'est en tout cas mon ressenti.
Quant à la dernière partie, elle fait un peu le lien entre les deux premières car elle se déroule à la fois à Combray et à Paris.
On y suit à nouveau le narrateur (que j'associe systématiquement à
Proust, à tort ou à raison) qui croisera à nouveau Swann à Paris. Une partie qui m'a un peu moins intéressée, mis à part un élément surprenant (
la découverte d'Odette en tant que Mme Swann !).
Malgré la compagnie et les échanges toujours aussi appréciables et enrichissants avec mon amie Cricri124, cette lecture fut in fine un peu laborieuse, même si pas négative pour autant. Je poursuivrai d'ailleurs certainement la lecture de ce cycle, mais pas dans l'immédiat, on va digérer un peu avant… ;)