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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans Les orages, Sylvain Prudhomme, découvert et bien apprécié avec Par les routes, m'a offert treize histoires, treize nouvelles, treize moments de grâce, un régal de lecture.

Certaines de ces histoires avaient déjà été publiées dans une première version mais elles sont regroupées ici et c'est très bien.

Avec son écriture délicate, poétique et précise à la fois, Sylvain Prudhomme m'a fait partager quelques moments de vie aigres-doux où un brin d'humour et d'inquiétude apparaissent de temps à autre.

Souvenir de la lumière ouvre le livre de manière très tendue avec Ehlmann, ce père qui sort de quinze jours et autant de nuits passées près de son enfant, bébé de cinq mois entre la vie et la mort, dans une chambre d'hôpital. Comme dans d'autres histoires, lorsqu'il évoque un personnage féminin, en l'occurrence sa femme, l'auteur se contente d'un A. minimaliste. A., justement, n'a pas pu être présente car obligée de travailler. Enfin, sur le bord d'une route, Ehlmann pleure et rit en même temps…

Le taille-haie se révèle aussi très angoissant car grand-père refuse de passer l'engin à son petit-fils alors que chacun, et lui-même en premier, constate de sérieuses absences de plus en plus inquiétantes.

Les voisins crient en faisant l'amour et tout l'immeuble les entend. En fait, ils ne crient pas, ne jubilent pas non plus : ils exultent et Sylvain Prudhomme offre un court récit bien savoureux.

Les cendres sont celles contenues dans une urne funéraire. Après la cérémonie, il faut se rendre au cimetière et le débat est lancé : faut-il un caveau ou enterrer les cendres sous un arbre ? Quel arbre ? Dans le jardin ou dans la forêt ? le père voudrait se retrouver sous un chêne alors que la mère préfèrerait un amandier… à vous de trancher !

Awa beauté dépayse franchement en m'emmenant en Casamance, au Sénégal. J'ai été très ému par ce que vit cette femme qui travaille dur au service de madame Cissé puis fait le ménage à la banque, subissant les assiduités du directeur, monsieur Ba. Elle a une petite fille, Mamouna, pas encore deux ans, et elle économise au maximum car elle rêve d'ouvrir son salon de coiffure qu'elle nommera « Awa beauté ». Hélas, elle apprend que Boubacar, son frère souffre d'un cancer. Si Demba, autre frère, le conduit à l'hôpital, il n'a pas un sou. Alors, Awa paie d'abord la coloscopie puis le voyage en bateau jusqu'à Dakar, et…

La baignoire offre un moment de grâce, formidable moment de détente pour « Elle ».

L'île se trouve en Bretagne où un couple et ses filles se retrouvent pour les vacances. Elle est épuisée. Tension et incompréhension règnent. Faire l'amour ? L'un a envie, l'autre pas mais, après l'orage, le lendemain, tout semble aller mieux.

Balzac, c'est le nom donné par les clients du seul café de Meulun-Paradis à un client qui s'était mis à écrire, seul à une table. le narrateur, lors d'escapades amoureuses, le rencontre puis le retrouve des années après et Balzac se raconte devant le panorama : la Seine, les barres d'immeubles des Mureaux et l'usine de Flins.

L'appartement est une histoire pleine de nostalgie. Juste avant de le vendre, cet homme revient dans l'appartement où il a vécu dix ans avec A. dont il est séparé. Tous les souvenirs remontent à la surface et sont évoqués avec une justesse infinie.

La vague présente un père et sa fille qui retrouve des selfies, six photos prises à l'hôpital où elle va apprendre pourquoi cet homme près duquel elle a grandi, perd peu à peu tous ses moyens : son hippocampe dégénère. Mainteant, elle est à Venise, avec son homme et ses deux enfants et voilà qu'une vague a apporté, devant leurs pieds, un hippocampe !

La tombe est la folle histoire d'un libraire qui, traversant le cimetière du Père-Lachaise, découvre une tombe avec son nom gravé dessus ainsi que sa date de naissance et… 2055. Or, nous sommes le 4 juin 2015 ! Il lui reste donc quarante ans à vivre et il va passer par tous les états, tenter de profiter au maximum, compter les années puis les jours, déprimer, essayer d'écrire. Vraiment, il vaut mieux ne pas savoir…

Fellini montre un homme regardant un film célèbre dans lequel une femme dit que les hommes sont faibles, abouliques, pas clairs, en italien : uomini deboli, abulici, senzo chiarezza. Son métier étant d'écrire des romans, il s'y remet régulièrement et entend sa femme qui lui dit : « Caresse-toi, Guido ». Si elle le dit…

La nuit termine cette série d'histoires, au bord de la mer. Les parents sont avec leurs deux enfants, heureux. Elle lit, dort, nage. le père de leurs deux garçons est reparti pour son travail et c'est la dernière nuit, une dernière baignade…

Ainsi se terminent ces treize moments savoureux. Chacune et chacun sera touché, ému, bouleversé par l'une ou l'autre de ces histoires qui prouvent, à nouveau, toute la délicatesse d'écriture de Sylvain Prudhomme.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Ouvrir ce livre de Sylvain Prudhomme, c'est un exercice de lecture vibrant sur le fil d'un équilibre délicat, avec la promesse d'échappées furtives dans des bulles inspirées, et c'est en substance la sensation d'approcher de plus près encore cet écrivain singulier, à l'écriture sensible.
Le thème de ces orages intimes semble lui aller à ravir : épingler avec des mots la fragilité de nos vies sur des post-it, attraper ces instantanés papillons de bascule potentielle, fixer ces moments charnières d'intense vérité, de lucidité, d'incandescence voire de tourmente, où les existences se révèlent dans leur intégralité.
Vertiges d'instants, pas forcément spectaculaires ni décisifs, dont on se souvient longtemps après.
" Je bois au Temps, cher ami. Au temps et à son élasticité. À ses galeries secrètes et ses doubles-fonds sans lesquels on pourrait tout de même vivre bien sûr – mais pas si bien", trinque Balzac, un personnage qui a fait du temps son allié, en arrêtant la frénésie de son quotidien au troquet de Paradis.
Il est ainsi surtout question de temps dans ses nouvelles, un temps le plus souvent en pause, en observation, en suspens voire en surplomb des existences.
Il y est aussi souvent question de couples, d'amours, de vie et de mort, de vie familiale et sentimentale. Et de maladie, comment ne pas envisager le thème sans ce moment décisif où tout bascule, comme pour la première ensorcelante dans sa construction narrative, superbe d'intensité dramatique retenue. Même si la plupart des instants des autres nouvelles seront plus nuancés, la plupart suivis de contre-coup sous forme de décompression, du torrent de larmes trop longtemps refoulé au rire libérateur, via la plénitude sereine.
Il y est aussi question de simplicité, les histoires bien ancrées en elle, aux scenarii souples et décidés, ni trop ni pas assez, la narration dotée d'attrait et de mystère. Jusqu'au choix formel de la nouvelle qui s'impose au fil des pages comme une simple évidence. On lit un recueil de nouvelles sans en avoir la sensation, les frontières entre chaque vie s'estompant pour taguer la fresque moderne d'un florilège de destinées, une mosaïque contemporaine d'instants figés, à l'allure universelle.
Après le très réussi « Par les routes », Sylvain Prudhomme semble affûter encore un peu plus son univers délicat avec ce beau livre. Un écrivain plutôt discret du paysage littéraire, au retentissement de plus en plus manifeste.

"Était-ce surtout la bouleversante inconscience dans laquelle ils m'avaient semblé se tenir, épargnés pour quelques minutes encore, avait continué la femme, si inquiets fussent-ils, assis côte à côte sur leurs petits sièges en bois, venus là sans un pyjama ni une affaire de rechange, certains il y a une heure encore de s'en retourner tous les trois chez eux avant le soir – le vertigineux contraste entre notre sidération à tous alentour et leur ignorance de premiers concernés pourtant, de premiers détruits en puissance, miraculeusement intouchés encore, quoique sur le point de voir leur vie à jamais ravagée."
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Quel délice, ce recueil délicat de moments de confusions intimes !

Pour moi qui contourne en général les « nouvelles », pour cause de frustration pour des scénettes courtes, trop vite lues, et qui s'évaporent dès la suivante entamée, je fais une exception pour ce dernier opus d'un auteur que j'affectionne de livre en livre, tant pour ces thèmes fictionnels que sa plume élégante.

Tranches de vie impactées par des temps forts quand le quotidien vacille: la maladie, le deuil, la vieillesse ou la séparation. Pour autant, aucune tristesse dans ces petites narrations racontées avec une fine perception de l'instant. On y célèbre l'amour filial, fraternel, conjugal, l'amitié comme valeurs essentielles et évidentes dans le parcours des personnages. C'est un recueil de perceptions, et de fines observations, tant psychologiques (l'angoisse, le bonheur, la tristesse, la crainte...) que d'environnement matériel ( la nature, la lumière, la mer, le calme d'un appartement vide ou d'un bain en baignoire...).

Je conseille vivement.
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LES ORAGES sont autant de moments de vérité, de conscience aigüe, d'expériences intimes mais aussi de conversations étonnantes, d'échanges intenses, d'affections retrouvées vécus par les personnages qui habitent ces quelques nouvelles qui finissent toutes dans un calme retrouvé et une légèreté qui repose.
Portées par l'écriture sensible de SYLVAIN PRUDHOMME qui m'a touché au plus profond dans les plus intenses (Awa beauté, La nuit) ou les plus surprenantes ( La baignoire, L'île), leur lecture m'a pour chacune d'elles émoustillé au démarrage et convaincu au final pour la plupart.
Je vais donc avec impatience me tourner vers les autres o(uv)rages de cet écrivain afin de prolonger ces belles découvertes.
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Ce recueil est composé de treize nouvelles. La première "Souvenir de lumière" est très forte et magnifique. le narrateur se souvient d'une rencontre qui l'a marqué "Lorsque j'ai rencontré Ehlmann, il était debout sur le bord de la route, sa voiture garée en catastrophe sur la bande d'arrêt d'urgence, feux de détresse allumés. J'ai vu qu'il souriait, que tout son visage était tordu de larmes et de rires à la fois, j'ai pensé qu'il était fou." Ehlmann venait de passer plusieurs jours à l'hôpital près de son bébé entre la vie et la mort. le narrateur, sept ans après cette rencontre, se rend dans cet hôpital à la recherche d'un soignant qui se souvienne de cette histoire...

Sylvain Prudhomme va, dans chacune de ces treize nouvelles, explorer les moments où un être vacille, les moments où les "orages" font basculer la vie sans qu'on s'en rende vraiment compte. Un vieil homme qui présente les premiers symptômes d'un Alzheimer et qui se refuse à reconnaitre ses faiblesses en tentant par l'autodérision de sauver la face auprès de son petit-fils. Un homme qui quitte l'appartement où il a vécu avec sa compagne et leurs enfants. Awa, une jeune sénégalaise qui ne pourra pas ouvrir le salon de coiffure pour lequel elle économise depuis si longtemps. Un homme qui croit connaitre la date de sa mort et dont la vie va être à jamais influencée par cette découverte...

Une écriture d'une grande simplicité sans inutile fioriture pour raconter des histoires toutes simples de personnes ordinaires. Sylvain Prudhomme nous raconte le temps qui passe, l'amour, la maladie, la vieillesse, le deuil, la vie qui passe, des moments de nostalgie ou de résilience. Ses histoires ne se terminent jamais de façon dramatique ou sensationnelle mais plutôt dans une forme d'apaisement qui fait du bien, après les orages le calme revient toujours. Certaines m'ont surprise (La baignoire, L'île), d'autres m'ont émue (Souvenir de lumière, Les cendres), toutes m'ont intéressée.

Un recueil que j'ai pris le temps de lire à raison d'une ou deux nouvelles par jour pour mieux m'en imprégner. J'y ai retrouvé avec délice la sensibilité, la délicatesse, la tendresse, la subtilité, la sobriété de Sylvain Prudhomme.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Après "Par les routes", le roman de Sylvain Prudhomme en 2019, qui m'avait vraiment éblouie par son style, sa façon d'aimer ses personnages jusqu'au plus profond, j'ai acheté "Les orages" dès sa sortie. J'y ai découvert treize histoires, treize moments, treize éclats de lumière dans lesquels des personnages vivent un moment important, ou bouleversant, ou intime, même une femme prenant son bain juste avant de quitter l'hôtel de ses vacances...
Cet homme, par exemple, rencontré par le narrateur au bord d'une route, pleurant et riant à la fois, qui se rendait compte, d'un coup, que sa vie changeait grâce à la guérison de son fils de 5 mois, après quinze jours de terreur, enfin la lumière... ou ce vieil homme qui refuse d'accepter qu'il perd un peu la tête, et qui décide, au grand dam de son fils, d'aller chercher son taille-haie électrique pour tailler la haie, pourtant devenue trop grande pour lui... Awa, beauté sénégalaise qui a économisé toute sa vie pour ouvrir un salon de coiffure, l'homme qui a vendu son appartement, et en fait un dernier tour pour se rappeler de tout ce qu'il y a vécu...
C'est avec profondeur, par petites touches pourtant légères, que l'auteur effleure ces personnages à un moment privé, personnel, dont ils se souviendront. Ces histoires sont belles, simples, et poétiques. J'ai beaucoup aimé.

Lien : https://melieetleslivres.wor..
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Sylvain PRUDHOMME. Les orages.

Dans ce livre, sylvain PRUDHOMME nous fait partager des pages de vie personnelle. Chacun de nous peut, un jour ou l'autre, être confronté à de tels évènements, qu'il s'agisse de la découverte de la maladie d'Alzheimer qui touche nos parents, de la résurrection incroyable d'un petit enfant, d'un déménagement après plus de vie ans de vie dans l'appartement. Et les sentiments exprimés dans ces treize nouvelles nous sont à tous connus. Tous ces orages que nous subissons au cours de notre existence nous interpellent. Et Sylvain nous les traduit de façon magistrale.

Moi, qui n'aime pas les nouvelles, je suis agréablement surprise par ces lectures et cela me réconcilie avec ce genre littéraire. Je suis séduite par la nouvelle, intitulée, Balzac. Narration d'amours clandestines. Quelques années plus tard, après la séparation le narrateur achète un bien dans une ville du Sud et l'adresse est : Rue Balzac. Coïncidence ?

J'ai été très touchée par Awa Beauté, cette jeune femme noire qui rêve d'ouvrir un salon de coiffure et qui va se séparer de toutes ses économies pour sauver, ou tenter de sauver un membre de sa famille…

Mais je ne vais pas vous donner un résumé de chaque page de vie. Je vous conseille de lire ces nouvelles. Il y a beaucoup de vécu, de sentiments, d'humanité, d'humilité. J'ai déjà apprécié l'écriture de Sylvain avec « Les Grands » que j'ai adoré et « Par les routes », son périple de la France en parcourant uniquement les autoroutes. . Je vous souhaite une bonne journée et une bonne lecture. ( 10/03/2021 )
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Quel bonheur que la lecture du recueil de nouvelles de Sylvain Prudhomme ! Treize textes, treize histoires très différentes qui dépeignent des personnages confrontés à des épreuves, aux difficultés de la vie, à l'inconnu, qui s'adaptent, qui trouvent des solutions tant bien que mal. Faire face aux « orages » de la vie, quoi de plus universel ?

L'auteur explore des univers très divers avec beaucoup de précision et d'acuité. Chaque histoire est un petit bijou car tout n'est pas explicite, un mystère demeure. Ce qui est passionnant, c'est ce qui n'est pas raconté, c'est ce que le lecteur se plaît à imaginer.

« L'île » raconte la complexité des sentiments au sein d'un couple, "Balzac" , « L'appartement » évoquent de façon subtile et astucieuse l'inexorable fuite du temps. Les textes intitulés « le taille-haie » ou « La vague » décrivent des personnages vieillissants et nous parlent de la perte. « La tombe » est un texte surprenant et habile : l'auteur nous brosse en accéléré la vie d'un homme qui, à l'occasion d'une balade inopinée au Père-Lachaise, découvre gravée sur une tombe l'année de sa mort. En quelques pages, quarante ans de vie racontée de façon condensée, les hauts et les bas, le sentiment d'urgence face à l'inéluctable…

Sylvain Prudhomme sait donc surprendre et aussi émouvoir. Chaque nouvelle témoigne d'une grande finesse d'observation et d'une grande lucidité sur l'être humain. Cet auteur nous embarque et nous convainc. On a hâte de plonger dans le reste de son oeuvre.
Lien : https://inthemoodfor.home.bl..
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Un père se rappelle la quasi mort de son fils, un garçon qui s'inquiète de voir son grand-père déclinant manier le taille-haie, des voisins aux ébats amoureux sonores, une discussion au retour d'un enterrement, le rêve d'Awa de salon de beauté contrarié par la réalité familiale sénégalaise, un père qui rejoint sa femme et ses enfants en vacances, les retrouvailles des amants au Paradis sous les yeux De Balzac un habitué du café du coin, l'au revoir à l'appartement par celui qui vient de le vendre, une vague et le minuscule trésor qu'elle charrie, les années qui restent à vivre et combler avant un décès annoncé, un homme décrit une scène cinématographique qui le touche, une mère savoure les nuits d'été.

Recueil de nouvelles toutes de sensibilité et de poésie, de véritables friandises littéraires et des voyages d'introspection vraiment réussis. Ça se raconte peu, ça se savoure avec délectation.

L'écriture de Sylvain Prudhomme est sans cesse fine, clairvoyante, abondante, jalonné d'allusions irrévérencieuses, de vérités cinglantes. Que le narrateur soit homme ou femme, il réalise chaque nouvelle comme un voyage intérieur si réaliste, si palpable que la magie opère sans cesse. Et le format court n'empêche pas la complexité, la lenteur, le détail.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Comme évoqué sur ce blog précédemment, j'ai beaucoup aimé l'ouvrage Par les routes de Sylvain Prudhomme. J'avais été particulièrement sensible à l'écriture de l'auteur, son style travaillé, passe-partout et pourtant unique, cette capacité à présenter les situations de façon on ne peut plus humaine. J'ai donc été ravie quand ma soeur m'a offert ce recueil de nouvelles du même auteur, moi qui suis, par-dessus tous les genres littéraires, fana de nouvelles.

Dieu sait qu'il est dur d'écrire de bonnes nouvelles ! Il faut faire entrer le lecteur très vite dans un univers inconnu, l'embarquer en deux trois tournures, créer rapidement une sorte de climax dans l'intrigue, puis finir sur une chute, un espoir, un pied de nez. On entend souvent, à tort ou à raison, qu'il est bien plus difficile d'écrire une très bonne nouvelle qu'un bon roman. Je ne sais pas si cela est vraiment plus difficile, mais toujours est-il qu'une bonne nouvelle est rare. Surtout quand il s'agit de nouvelles véritablement courtes (moins de dix pages) qui doivent, par ailleurs, laisser une trace dans l'esprit du lectorat.

Sylvain Prudhomme, qui je le reconnais gagne des places dans mon top 10 des écrivains français contemporains, réussit parfaitement cet exercice. le principe du recueil Les orages est le suivant :

« Avec Les orages, Sylvain Prudhomme explore ces moments où un être vacille, où tout à coup il est à nu. Heures de vérité. Bouleversements parfois infimes, presque invisibles du dehors. Tourmentes après lesquelles reviennent le calme, le soleil, la lumière. »

Dit autrement, nous suivons des personnages qui vivent un moment profondément intime, marquant un tournant dans leur existence, avant de reprendre le cours de leur vie. Il y a donc le père qui accompagne un nourrisson malade, le couple qui va faire l'amour sans en avoir envie mais parce que c'est un bon créneau, un grand-père ayant conscience de perdre la tête mais qui veut donner le change, une famille qui enterre un proche et se pose des questions sur les enterrements futurs… Bref, tout ce qui fait la vie dans ce qu'elle a de plus intime, et paradoxalement de plus simple.

La grande force du texte réside essentiellement dans l'écriture unique de l'auteur. Je me répète, j'en conviens, mais la façon qu'il a de raconter si simplement ce que tellement d'autres galèrent à mettre en mots est littéralement remarquable. En lisant, je me disais que ce type devait passer sa vie à sentir les choses et les gens, et qu'il devait être doté d'une intuition et d'une sensibilité rares.

Les orages nous révèle finalement qu'il n'y a pas d'évidences, mais des heures confuses qui ne se passent pas comme prévu, comme dans un idéal. Chacun de ces moments, parfois dramatiques, apporte son lot de charme tant il en dit sur notre nature et notre inscription dans la vie et le monde.

Non franchement, c'est un très bel ouvrage que je ne peux que vous recommander bien chaleureusement.

Jo la frite

Lien : http://coincescheznous.unblo..
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