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EAN : 9782072740381
304 pages
Gallimard (22/08/2019)
3.64/5   1013 notes
Résumé :
«J’ai retrouvé l’autostoppeur dans une petite ville du sud-est de la France, après des années sans penser à lui. Je l’ai retrouvé amoureux, installé, devenu père. Je me suis rappelé tout ce qui m’avait décidé, autrefois, à lui demander de sortir de ma vie. J’ai frappé à sa porte. J’ai rencontré Marie.»

Avec Par les routes, Sylvain Prudhomme raconte la force de l’amitié et du désir, le vertige devant la multitude des existences possibles.
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Critiques, Analyses et Avis (211) Voir plus Ajouter une critique
3,64

sur 1013 notes
L'autostoppeur, ce personnage central de Par les routes, roman étonnant, très original, de Sylvain Prudhomme, je ne saurai jamais comment il s'appelle.
Cet homme est mystérieux, irritant, attachant, curieux, décevant, mais surtout d'une audace folle envers les humains que nous sommes.
Sacha, le narrateur, un vieil ami, le retrouve par hasard, vingt ans après, dans la ville de V., au sud de la France, une ville qui ressemble beaucoup à Arles. L'autostoppeur vit avec Marie et ils ont un garçon : Agustin.
Sacha est très bien accueilli, fait l'amour avec Jeanne mais reste seul jusqu'à ce qu'il retrouve Marie. Surprise, l'autostoppeur est reparti et repartira sans cesse dans cette quête incroyable de rencontres et d'échanges. Si Sacha faisait de l'autostop avec lui autrefois, il n'en est plus question pour lui aujourd'hui, sauf…
Alors que cette entrée en matière commence à me lasser car je ne vois pas où l'auteur m'emmène, son roman devient de plus en plus passionnant, de plus en plus étonnant.
L'autostoppeur délaisse femme et enfant pour aller à la rencontre des gens, de toutes sortes de gens qui doivent remplir un seul critère, le prendre à bord de leur véhicule.
Sylvain Prudhomme, rencontré lors des Correspondances de Manosque 2019, conte tout cela avec talent, d'une écriture simple et poétique à la fois, ajoutant anecdotes et informations intéressantes comme cette légende d'Orion dont un village de l'Ariège porte le nom.
Des noms de villages, de villes, de hameaux, il en défile beaucoup dans la seconde partie du roman. J'ai même noté plusieurs bourgs ardéchois : Vocance, Joyeuse, Loubaresse… Je savais que de nombreux noms étaient surprenants, rigolos, mais je n'avais jamais rencontré cela dans un roman mettant si bien en exergue les valeurs d'humanité et d'amitié.
Même si certains faits paraissent improbables, c'est tellement beau que je me suis laissé emporter sur les pas de Sacha qui n'en finit plus de redécouvrir son vieil ami, l'autostoppeur.
Original, Par les routes est une belle fable que j'ai bien appréciée sans bouger de chez moi… Un beau voyage quand même un peu partout en France, sous l'égide de la littérature, de l'écriture car Sacha est écrivain et peintre. de plus, Marie traduit des romans italiens.

Le Prix Landerneau 2019 a distingué Par les routes et c'est mérité !
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Au début du roman, Sacha le narrateur, la quarantaine, écrivain, célibataire et sans enfants vient d'emménager dans une petite ville du Sud-Est de la France, pour entamer une nouvelle vie, aspirant au calme et à la solitude.
À peine installé, il retrouve, après l'avoir perdu de vue depuis plus de quinze ans, celui qu'il a toujours appelé l'autostoppeur et qui l'emmenait dans ses folles randonnées, lui disant qu'il fallait "vivre" avant "d'écrire". Sans qu'on sache pourquoi cependant, Sacha lui avait demandé de sortir de sa vie. Celui-ci a guère changé, il vit avec Marie, traductrice de livres de littérature italienne et ont un fils Agustin, 8 ou 9 ans, intelligent et très subtil qui devine assez bien le monde des adultes sans le laisser paraître.
S'ils forment un couple visiblement épanoui, cet homme a du mal à se fixer, c'est plus fort que lui, il lui est impossible de tenir 10 jours d'affilée en place, il lui faut partir en auto-stop pour faire de nouvelles rencontres avec des gens de toutes conditions et vivre de nouvelles aventures. Pour varier, Il va s'éloigner des autoroutes et passer de l'autre côté de la rambarde et s'égarer dans les réseaux secondaires.
La vie que mène l'autostoppeur est en quelque sorte un éloignement volontaire, une fuite de la vie.
L'arrivée de Sacha va quelque peu déséquilibrer ce couple original et Sacha lui-même va être amené à douter de son choix de sécurité.
Sylvain Prudhomme avec une écriture simple et sans fioriture, d'une grande douceur, des phrases courtes, nous offre un roman lumineux, à la fois léger et très profond, un peu mélancolique, qui nous parle du temps qui passe inexorablement, de l'ouverture aux autres, de l'hospitalité et nous pose la question de savoir comment combiner bonheur et liberté, . C'est aussi et surtout l'amitié, l'amour, le partage qui sont évoqués avec beaucoup de poésie dans ce magnifique ouvrage Par les routes, récompensé par le prix Femina et le prix Landerneau des lecteurs 2019.
J'ai apprécié l'originalité dont a fait preuve l'auteur pour traiter ces thèmes par le biais de l'autostop et admiré la beauté et la diversité des noms de ces villages français ! de quoi donner envie de prendre son sac et tenter l'aventure, pouce levé !
Un livre délicat, tout en finesse, une belle ode à la liberté !

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"Le monde se divise en deux parties , ceux qui partent et ceux qui restent"
Bon , pardonnez moi , mais tourner les pages pour tourner les pages , j'ai passé l'âge. Je pars . J'avoue humblement ,mais sans hésitation, n'avoir éprouvé qu'ennui mortel depuis le début de ma lecture . Bien gentils , Sacha et l'autostoppeur , mais , franchement , où veulent - ils en venir ? Je dois être intellectuellement " insuffisant " pour ne pas comprendre ce qui est , pour moi , un vide sidéral. J'avoue ne renoncer que rarement à une lecture mais , quand celle - ci devient une torture , il en va du salut de mon âme, de mon moi , de mon être . Je ne dis pas que c'est un récit sans aucun intérêt, ce serait bien prétentieux de ma part , je dirais simplement que je ne comprends rien et que je m'emmerde , mais " grave " . J'ai bien essayé de rétablir du sens avec la ponctuation , un effet de style soi - disant moderne , qui ravit certains et certaines mais ne me convainc pas , je ne vois pas où je vais , dans quelle galère je m'embarque mais je vois dans quel ennui je sombre . Désolé , j'arrête , je fuis , je laisse la place , ce livre ne m'inspire aucune émotion, c'est tout . Je ne dirai jamais qu'il est mauvais , ce serait d'une prétention.....mais je dis que je ne m'y sens pas bien , n'y trouve rien qui puisse m'emballer. Une déception car , à la lecture des critiques , je pensais me trouver en face d'un remarquable roman , un incontournable de la rentrée littéraire, un élément du plus haut intérêt.
Mais que voulez - vous , comme aurait dit Brassens , " quand on s'emmerde , on s'emmerde " et , franchement , à cette lecture , je m'emmerde et ce n'est pas ma conception de la littérature .Allez , sans rancune , je passe à autre chose ....Rien de plus à dire...
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Le titre Par les routes fait écho à celui de Kerouac et convoque l'idée d'errance, de nomadisme, de voyages et de rencontres fortuites.


Il y a des êtres croisés, côtoyés qui vous marquent au point de rester gravés dans votre mémoire. L'autostoppeur , « donquichottesque silhouette », que le narrateur écrivain Sacha a retrouvé quinze ans plus tard appartient à cette catégorie.
Sacha brosse le portrait de cet ami d'adolescence et colocataire. Épris comme lui de liberté, il leva le pouce en sa compagnie avant que leurs routes divergent.
On comprend qu'il s'en était éloigné, la relation devenant toxique.

La fée hasard les réunit de nouveau quand Sacha, à la quarantaine, choisit de quitter Paris, désireux de changer son cadre de vie pour « retrouver la concentration » et mener à bien son roman. Il emménage dans un meublé dans cette ville du Sud, V., où le baroudeur invétéré est lui aussi installé avec femme et enfant.

Inimaginables de telles retrouvailles !
Que ressent-on en pareil cas ? le passé défile et convoque de nombreux souvenirs communs.
Sacha s'interroge sur ce besoin compulsif de rencontres, ce virus qui habite son ami retrouvé et note son énergie décuplée à ses retours. Mais ce dernier n'est-il pas en train de ruiner son couple à négliger ainsi sa famille ? Ne risque-t-il pas le naufrage ?
Au début le téléphone permet un contact plus proche. Son fils, Agustin, les guette ces appels du paternel, puis il manifeste parfois une curieuse indifférence.
Et à la longue, ils insupportent Sacha.
Les cartes postales et les photos polaroid des automobilistes qui ont pris en stop ce père fugueur affluent ainsi que les lettres, souvent rédigées avec humour, jeux de mots. Ce sont les seuls liens avec Sacha (l'archiveur du voyageur) et sa famille qui permettent d'apprivoiser l'absence. Certes, par la correspondance qu'il entretient avec ses êtres chers, leur déclarant à distance son amour, « il parvient à conserver une place à leurs côtés », mais il semble avoir démissionné de son rôle de père, d'époux pour endosser celui de pigeon voyageur. le contact vocal n'est pas totalement rompu, le trio restant se met à téléguider l'autostoppeur sur des sites de leur choix : magnifique et émouvant échange entre le père et le fils suite à un dessin d'Agustin.
Toutefois les envois semblent se tarir. « Un imperceptible effacement » s'installe.

Reste en suspens la question du retour du nomade, ce qui crée agacement et tristesse chez Marie, qui, elle aussi, a besoin de souffler. Mystère quant aux mobiles de son absence d'une dizaine de jours. le récit devient haletant quand elle relate son escapade émaillée de rencontres. Cet interlude lui a permis de faire le point.
Aime-telle toujours celui que Sacha compare à « un coucou, un tisserin qui fait son nid de ce qu'il rencontre » ou même à « une baleine qui refait surface plus loin qu'on ne l'imaginait » ? Marie va-t-elle s'autoriser à s'abandonner à un autre ?

Peu à peu Sacha va combler ce vide de sa présence auprès de ceux qui restent. Une complicité se tisse avec le jeune Agustin. ( promenades, jeux, gardes) Une affinité grandissante le rapproche de Marie, traductrice, tous deux soucieux du mot juste. L'auteur insiste sur la nécessité de l'ascèse, « de la juste dose d'isolement » pour avancer dans le roman en chantier. Ce moment de solitude également indispensable pour Marie. Ne faut-il pas vivre avant d'écrire ?

Mais l'équilibre de cette nouvelle vie à trois ne risque-t-il pas d'être menacé en cas de retour inopiné de l'autostoppeur ? le récit réserve surprises et rebondissements ! .

L'errance de cet électron libre, mobile, interpelle. de quoi vit-il ? Trouve-t-il toujours son bonheur dans la griserie de la vitesse et de la liberté ? Est-ce pour lui une façon de «  secouer le fardeau de la routine » ? Va-t-il un jour revenir définitivement ? Personne ne connaît les pensées secrètes du drôle de «zouave », de «  ce doux dérangé ». Et Sacha de sursauter à chaque coup de sonnette !

Ce kaléidoscope de la France (des autoroutes et «  des vaisseaux secondaires ») qui se déroule comme en travelling, avec des arrêts images sur des libellules, des forêts, des plages, un goéland, suscite chez le lecteur une envie de partance. On se prend à rêver à l'énoncé d'une myriade de lieux aux noms pleins de poésie (Orion, Joyeuse, Beausoleil, Contes, Lançon : « le tremplin rêvé », La Flotte, Saint-Pompont...).
Les déplacements étant en stop, une galerie de portraits d'automobilistes défilent en même temps que la radiographie des habitacles, ce qui permet d'avoir un miroir de la société empruntant ces routes. Une mixité des classes. « Un échantillon représentatif de la variété des hommes et femmes d'aujourd'hui ».

Sylvain Prudhomme nous offre une traversée de l'Hexagone quelque peu atypique et erratique, car au gré des voyages en stop de celui dont la passion est restée intacte, de celui qui a une propension à la dromomanie. On avale les kilomètres, fait halte sur les aires de repos et stations service, arpente des villages, passe une soirée conviviale chez Souad, on s'abîme dans la contemplation des paysages dont le narrateur cartographie les charmes, on se recueille aux Éparges devant un champ de croix blanches, devant une plaque commémorative relatant la blessure de Genevoix. Lieu tristement célèbre où l'écrivain Pergaud a perdu la vie.
En alternance mouvement, avec l'autostoppeur pour qui « partir est nécessaire à son équilibre », qui « avait toujours besoin que sa trajectoire en frôle d'autres et immobilité avec Sacha, devenu plus sédentaire, à l'heure du bilan de la quarantaine, cherchant, lui, à freiner, à retenir le temps.
Ce qui donne un rythme saccadé en plus des phrases courtes.

L'auteur signe un roman géographique, une invitation à sillonner, à notre tour, la France profonde, à la manière de Depardon. Un road trip sensoriel, à plusieurs vitesses, scandé par la musique (Cohen Nina Simone, ragas),la voix du GPS, traversé d'odeurs (d'ail, de tarte, de framboise, de café, de piment, de terre, de résine, d'herbes détrempées ou de térébenthine, de javel),nourri de multiples lectures ( Kundera, Mc Carthy, Levé, Lodili, Sau, Ponge). Une écriture frétillante de la vie.
Sylvain Prudhomme explore la pérennité du couple, la fidélité, l'amour, la fiabilité de l'amitié. Il distille de nombreuses références à la fuite du temps : « Vivre c'est maintenir entier le petit nuage que nous formons, malgré le temps qui passe ».
Il expose le processus de la genèse d'un roman, l'attente de voir jaillir « une fulgurance, récompense de mois de patience, d'obstination, de labeur, d'endurance ».
Le tableau final apporte un regain de fraternité salvateur/jubilatoire dans ce rassemblement euphorique, digne de Woodstock. Serait-il là le bonheur dans cette chaîne humaine et son partage ? Dans cette même communion à repérer « la ceinture d'Orion ». Dans cette grande famille de l'Autostoppeur qui lui a fait « don de son hospitalité ». Un récit qui se termine en apothéose et qui ravivera les souvenirs de ceux qui ont pratiqué le stop dans leur jeunesse. Et si l'envie de barouder vous habite, sachez que l'auto-stop ressemble à la pêche : « Même patience, même délicatesse dans le coup de poignet, même absence de brusquerie. Même joie dans les prises » !











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Par les routes, ce sont des décors. Avec un point de ralliement choisi par le narrateur, dans une petite ville du sud qui sert de point fixe à une cascade de départs et de rencontres. Des petites bourgades qui constituent le maillage rural de notre sol, on se délectera de leur nom, qui est le motif avoué de leur visite, pour le squatter de véhicules, héros de ce roman. (L'auteur connait-il l'existence de ce rassemblement annuel dans une petite ville de Bretagne, destiné à célébrer ces communes au nom improbable?)

Ce sont aussi des personnages.

Le narrateur, artiste, écrivain, éternel ado qui a cependant pris conscience du temps qui passe, sans pour autant rechercher à se créer des attaches stables. Un coucou sympa, mais un coucou quand même.

L'auto-stoppeur, objet de toutes les questions, un type auréolé de mystère, cultivant le doute, et incapable de résister à l'appel du chemin. Il m'a tout de suite fait penser à Augustin Meaulnes, celui-là, éternel fugitif, créant le manque et semant le doute autour de lui. Un vrai romantique contemporain.

Et puis les femmes, Jeanne, Marie, de belles personnes, qui donnent sans contrepartie, jusqu'au point de non retour.

Il en naît une curieuse histoire, portée par la magie d'une écriture fluide, nimbée de poésie et de tendresse, qui m'a emportée presque malgré moi sur les traces laissées par le voyageur impénitent .

Une belle découverte , qui vient d'être récompensée par l'attribution du Prix Fémina
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critiques presse (4)
LeDevoir
22 octobre 2019
Le huitième roman de Sylvain Prudhomme explore sans faire du surplace l’amitié, le désir et cette envie folle que l’on peut éprouver parfois de rompre les amarres. Le magnifique roman de Sylvain Prudhomme, nous donne à la fois envie de partir et de rester.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LeMonde
20 septembre 2019
A chaque nouvelle parution, l’étonnement, le doute, puis l’enchantement envahissent le lecteur [...]. Sans qu’il soit toujours facile de dire à quoi tiennent le charme, mais surtout la force de ses romans. A son écriture, ­assurément, dont l’absence de ponctuation expressive contraint le lecteur à choisir lui-même l’intensité qu’il veut donner.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Bibliobs
02 septembre 2019
Pour être heureux, faut-il « partir » ou « rester » ? C’est le sujet de « Par les routes », un des plus beaux romans de la saison.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LaCroix
30 août 2019
Avec ce très beau livre sur l’attachement, Sylvain Prudhomme poursuit son œuvre passionnante, portant une intensité d’une grande modestie.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (232) Voir plus Ajouter une citation
Je me demandais quels obstacles il avait vaincus pour revenir ainsi. J'étais à côté de lui comme à côté d'une orange gorgée de jus, défendue par une écorce trop épaisse. Je le sentais plein. Peuplé du dedans, divers, nombreux. Hors de portée. 
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vivre c'est maintenir entier le petit nuage que nous formons, malgré le temps qui passe, malgré les bonnes et les mauvaises rencontres. c'est réussir à faire tenir ensemble toutes les petites gouttes de vapeur qui font que ce nuage c'est nous, et personne d'autre. Depuis que j'ai lu Spinoza je m'encourage, elle racontait, , je me suis dit allez petit nuage, avanti, fends vaillamment le monde, reste le petit nuage que tu es, sois-le toujours plus, un petit nuage vaillant et unique. Parfois je tombe amoureuse, elle disait, je rencontre un autre nuage qui me plaît très fort et l'autre nuage me bouscule, son intégrité chamboule la mienne, nous ne pouvons empêcher nos parties de se mêler, tous les deux nous sommes un peu confus.Je suis heureuse, je suis triste, tout est brouillé, il me faut du temps pour m'habituer à ce nouvel état. Et puis petit à petit je me retrouve, je me ressaisis au sens propre. Vaille que vaille je ramasse les parties de moi-même. Le petit nuage que je suis reprend son chemin.
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Certains jours j’allais prendre le train. Il faisait froid désormais et les salles d’attente des gares avaient ce côté cour des miracles qu’elles prennent l’hiver, havres d’air chaud où viennent se réfugier tous les congelés de la ville. Parmi les sans-toit qui étaient là, engourdis, somnolents, entourés de cabas Monoprix ou Leclerc, enveloppés de châles, de couvertures, amas de tissus eux-mêmes, boules de linge serrées contre d’autres boules de linge qui étaient leurs enfants, leurs affaires, leurs caddies, leurs chiens – au milieu de ceux-là je reconnaissais des silhouettes venues d’un autre monde, dormeurs-à-même-le-sol par choix, rouleurs-de-bosse par vocation, pareils à celui que j’avais été autrefois. Voyageurs fatigués mais en chemin, poussés par le besoin de se frotter à la vie, aux épreuves, au bitume. La plupart seuls, chevelus, hirsutes, sans le sou. Certains en couple. Presque tous joviaux malgré leur crasse. Aisément repérables à leur vitalité, au milieu des autres, les vrais immobiles, les sans-issue, les coincés-là, entre les murs de ces limbes. Plus encore que leurs cheveux longs et leurs habits sales, c’était leur rapport au sol qui me frappait. Leur habitude du contact avec le bitume et le carrelage. Leur affranchissement de toute gêne. Comme une rupture consommée avec l’exigence de station debout. Une délivrance des interdits habituellement incorporés à notre insu, ne pas s’affaler, ne pas se répandre, ne pas encombrer, toute une morale du quant-à-soi, du non-étalement, du corset. Morale du respect du voisin et des bornes, du découpage du sol en parcelles aux frontières bien délimitées. Eux indifférents à tout ça. Comme déverrouillés. Émancipés. Leur corps désentravé, devenu maître dans l’art d’occuper l’espace, de s’y nicher, de s’y lover. Je les regardais étalés au sol et je me rappelais brusquement ce que j’avais parfaitement su jadis : qu’être sur la route, c’était ça. Cet affalement. Ce lâcher-prise.
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Et alors est-ce qu'après tout la France ce n'est pas ça. Est-ce qu'aujourd'hui pour la plupart d'entre nous elle n'existe pas d'abord sous ce rapport : des forêts et des champs regardés par les vitres de nos voitures ou du TGV. Un bloc de vert et de brun entrevu par-delà une rambarde d'autoroute dont chacun de nous pouvait décrire, pour l'avoir longée mille fois, le renflement,le poli, les diaprures,les rivets.
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Cette nuit-là Jeanne est revenue dormir chez moi. C'était la deuxième nuit que nous passions ensemble et ce fut bon. J'ai toujours préféré les deuxièmes fois. On se connaît. On a repensé à la première fois. On a eu le temps de couver de nouveaux désirs, de comprendre après coup des préférences de l'autre à peine soufflées. La deuxième fois c'est encore meilleur.
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Videos de Sylvain Prudhomme (35) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sylvain Prudhomme
Alors que la famille de Simon est réunie autour de la tombe de son grand-père, Luciano Malusci, un secret lui est révélé par l'indiscrétion d'un oncle : Malusci aurait eu un fils illégitime, qui vivrait toujours sur les rives du lac de Constance. Habité par l'envie de découvrir qui est ce fils tenu à l'écart du clan, Simon se met à enquêter, porté par un sentiment de perte et de fragilité, à un moment où il se sépare lui-même de sa compagne et mère de ses deux fils. Tissant avec habileté un double récit alternant enquête familiale et traversée du deuil amoureux, Sylvain Prudhomme livre un roman émouvant, qui met en lumière l'humanité de personnages pris en étau entre leurs contradictions et de leur ambivalence. Par la grâce de son écriture, il invite le lecteur à un cheminement mélancolique où le destin de ces êtres entre en résonance avec les trajectoires de tout un chacun. La lecture du roman sera faite à deux voix, par l'auteur et le comédien Pierre Baux.
Sylvain Prudhomme est l'auteur d'une dizaine de livres parmi lesquels Par les routes (prix Femina 2019), Les Grands et Les Orages (L'Arbalète), tous salués par la critique et traduits à l'étranger. Comédien, Pierre Baux est également directeur du festival 543 de Coustouges qu'il a cofondé en 2020 avec Antoine Caubet et Violaine Schwartz.
Lecture à deux voix, suivie d'une rencontre animée par Sarah Polacci
Retrouvez notre dossier "Effractions le podcast" sur notre webmagazine Balises : https://balises.bpi.fr/dossier/effractions-le-podcast/ Retrouvez toute la programmation du festival sur le site d'Effractions : https://effractions.bpi.fr/
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