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Critique de marielabrousse1


Okay. Quelqu'un peut m'expliquer ce qui s'est passé avec Philip Pullman?

À la croisée des mondes était un pur chef-d'oeuvre que j'ai « religieusement » lu chaque année pendant quinze ans. Et bien qu'un cran en-dessous, La Belle sauvage venait approfondir d'une manière intéressante l'univers et les thématiques abordées dans la trilogie d'origine. Mais là, rien ne va.

L'intrigue et le style donnent l'impression que cette suite a été publiée à la va-vite sans que l'éditeur soit repassé derrière. J'ai eu la sensation de lire 700 pages de péripéties sans réel fil directeur. Lyra, l'héroïne, se rend seule au Moyen-Orient et rencontre par hasard de nombreux personnages (alliés ou ennemis) qui disparaissent aussitôt leur rôle rempli, au point que j'ai de la difficulté à m'en remémorer un seul. Même les personnages de la trilogie d'origine ne semblent là que pour le fan-service (Ma Costa, vous méritiez tellement mieux). le roman aurait pu être coupé de moitié, surtout si l'on élimine les dialogues du genre : — Bonjour, voulez-vous une tasse de thé? — Oh oui, très volontiers, merci… Et le tout s'achève en queue de poisson sans qu'on ait l'impression d'avoir avancé dans l'histoire.

Le personnage de Lyra est moins affirmé que dans À la croisée des mondes et cela pourrait se justifier, mais le traitement narratif qu'en fait Pullman lui fait, au mieux, perdre en profondeur, et au pire, grincer des dents. Pullman a pourtant démontré dans les tomes précédents qu'il était capable d'écrire habilement des personnages féminins ; aussi, je suis plutôt perplexe et déçue de voir une scène de viol incongrue, un professeur tomber amoureux de son étudiante sans que personne ne tique là-dessus, et des remarques sur les personnages féminins sorties tout droit d'un roman de gare des années 50.

Quant aux thématiques abordées… On dirait que Pullman cherche à saboter complètement ce qui constituait la grande force d'À la croisée des mondes, à savoir le fait de présenter de manière positive le passage à l'âge adulte et l'épanouissement de la raison. Ici, on a droit à un beaucoup plus consensuel « l'imagination est plus importante que la raison », dont le traitement n'a, justement, rien d'imaginatif. Et c'est assez désolant de constater qu'on remplace une thématique riche, originale, nuancée et marquante par un lieu commun surexploité.

Bref, j'ai l'impression d'avoir lu une mauvaise fanfiction. Après divers retours de mon entourage sur ce roman, je m'attendais à cette déception et c'est pourquoi j'ai repoussé cette lecture aussi longtemps, mais la pilule n'en est pas moins amère à avaler. Je pense tout de même lire le troisième tome s'il sort un jour, avec l'espoir ténu que Pullman aura réussi à redresser la barre, mais je suis plutôt pessimiste à ce sujet.
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