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La trilogie de la poussière tome 2 sur 2
EAN : 9782075164627
768 pages
Gallimard Jeunesse (13/01/2022)
3.79/5   379 notes
Résumé :
Lyra a vingt ans. Déterminée et tourmentée, elle étudie à Sainte-Sophia quand son chemin croise celui d'un éminent professeur nommé Malcolm. Au cœur d'un monde hostile, ils s'engagent malgré eux dans un périlleux voyage: le mystère de la Poussière les mènera bien au-delà d'Oxford et des fontières de l'Europe, jusqu'à un désert hanté d'Asie centrale.
Que lire après La trilogie de la poussière, tome 2 : La communauté des espritsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (98) Voir plus Ajouter une critique
3,79

sur 379 notes
Okay. Quelqu'un peut m'expliquer ce qui s'est passé avec Philip Pullman?

À la croisée des mondes était un pur chef-d'oeuvre que j'ai « religieusement » lu chaque année pendant quinze ans. Et bien qu'un cran en-dessous, La Belle sauvage venait approfondir d'une manière intéressante l'univers et les thématiques abordées dans la trilogie d'origine. Mais là, rien ne va.

L'intrigue et le style donnent l'impression que cette suite a été publiée à la va-vite sans que l'éditeur soit repassé derrière. J'ai eu la sensation de lire 700 pages de péripéties sans réel fil directeur. Lyra, l'héroïne, se rend seule au Moyen-Orient et rencontre par hasard de nombreux personnages (alliés ou ennemis) qui disparaissent aussitôt leur rôle rempli, au point que j'ai de la difficulté à m'en remémorer un seul. Même les personnages de la trilogie d'origine ne semblent là que pour le fan-service (Ma Costa, vous méritiez tellement mieux). le roman aurait pu être coupé de moitié, surtout si l'on élimine les dialogues du genre : — Bonjour, voulez-vous une tasse de thé? — Oh oui, très volontiers, merci… Et le tout s'achève en queue de poisson sans qu'on ait l'impression d'avoir avancé dans l'histoire.

Le personnage de Lyra est moins affirmé que dans À la croisée des mondes et cela pourrait se justifier, mais le traitement narratif qu'en fait Pullman lui fait, au mieux, perdre en profondeur, et au pire, grincer des dents. Pullman a pourtant démontré dans les tomes précédents qu'il était capable d'écrire habilement des personnages féminins ; aussi, je suis plutôt perplexe et déçue de voir une scène de viol incongrue, un professeur tomber amoureux de son étudiante sans que personne ne tique là-dessus, et des remarques sur les personnages féminins sorties tout droit d'un roman de gare des années 50.

Quant aux thématiques abordées… On dirait que Pullman cherche à saboter complètement ce qui constituait la grande force d'À la croisée des mondes, à savoir le fait de présenter de manière positive le passage à l'âge adulte et l'épanouissement de la raison. Ici, on a droit à un beaucoup plus consensuel « l'imagination est plus importante que la raison », dont le traitement n'a, justement, rien d'imaginatif. Et c'est assez désolant de constater qu'on remplace une thématique riche, originale, nuancée et marquante par un lieu commun surexploité.

Bref, j'ai l'impression d'avoir lu une mauvaise fanfiction. Après divers retours de mon entourage sur ce roman, je m'attendais à cette déception et c'est pourquoi j'ai repoussé cette lecture aussi longtemps, mais la pilule n'en est pas moins amère à avaler. Je pense tout de même lire le troisième tome s'il sort un jour, avec l'espoir ténu que Pullman aura réussi à redresser la barre, mais je suis plutôt pessimiste à ce sujet.
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Si le premier tome de la trilogie de la Poussière ne m'a pas entièrement convaincue, j'ai trouvé que La communauté des esprits relevait magnifiquement les défis follement ambitieux que Pullman s'était fixés. Les personnages supplémentaires introduits dans La Belle Sauvage et l'ampleur donnée par la temporalité longue de l'intrigue – puisque ce deuxième tome nous entraîne dans les premières années d'adulte de Lyra, une vingtaine d'années plus tard – permet de développer de nouveaux fils narratifs particulièrement intéressants.

Rien ne va plus entre Lyra et Pantalaimon : est-ce elle qui a changé pour devenir moins impulsive, plus rationnelle et moins rêveuse ? Ou est-ce lui qui lui en veut ? Toujours est-il que le petit daemon n'en fait qu'à sa tête et qu'il va être mêlé à une histoire de meurtre qu'il va bien falloir élucider. Une enquête aux allures de mission d'espionnage et de contre-espionnage (vous vous imaginez bien que le Magisterium trempe dans l'affaire d'une manière ou d'une autre) qui mène loin, très loin, sur les traces de roses liées à une crise terrible en extrême orient.

Cette recherche place le récit sous tension. C'est aussi un périple initiatique pour Lyra qui découvre la dureté du monde, les doutes et les dangers de l'âge adulte. Il est question de lobbies et de coups d'État, de réfugiés et de trafic humain, d'oppression des femmes et de fanatisme. Après un tome construit de façon très linéaire, on renoue ici avec l'art pullmanien d'orchestrer les développements sur plusieurs tableaux – puisqu'il s'agit aussi de Malcom et de Hannah, de Marcel Delamere et d'Olivier Bonneville…

Tout cela est percutant et très bien mené. Si bien que je n'en reviens toujours pas que ce tome se termine en queue de poisson, après avoir dénoué à peine un petit fil de l'intrigue si bien enchevêtrée entre passé et présent, destins individuels et luttes de pouvoir. Well done, donc, mais le troisième tome a intérêt à tenir ses promesses et à ne pas trop tarder.

Un grand merci à l'éditeur et à Babelio pour cet ouvrage – et désolée pour cette chronique de dernière minute, j'espère être pardonnée en précisant que j'ai voulu (re)lire tout le reste de la série avant !
Lien : http://ileauxtresors.blog/20..
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Ami(e)s lecteurs de Philip Pullman, réjouissez vous car l'auteur nous offre ici un roman foisonnant et il nous prouve une nouvelle fois qu'il est un conteur d'exception ! "A la croisée des mondes" est la seule trilogie à pouvoir rivaliser avec le "Harry Potter" de J.K.Rowling. Une fresque d'une beauté surnaturelle, mêlée d'une réflexion sur le poids des dogmes religieux, leurs interdits, la menace qui pèse sur nos libertés, autant de questionnement qui font de cette saga un must à lire et relire. Qu'en est-il de cette suite intitulée la "Trilogie de la poussière" ? Les deux premiers livres sont parus, et nous nous intéresserons ici au second tome intitulé "La communauté des Esprits." le premier tome manquait de rythme même si je l'avais beaucoup apprécié. Ici, l'histoire nous embarque dans un grand voyage depuis Londres jusqu'aux confins de l'Anatolie puis des terres arides, des déserts.. Autant le premier tome était une initiation à cette nouvelle trilogie, autant ici on sent que Pullman passe enfin aux choses sérieuses avec ce livre qui est sans doute son meilleur depuis la première trilogie. Loin de l'aspect naïf, enfantin du précédent tome, nous avons le droit ici à un épisode extrêmement riche sur le plan de l'action, de ses rebondissements, d'une intrigue qui s'envole dans la stratosphère des tous meilleurs livres jeunesse. le tout avec un aspect extrêmement sombre car cette histoire va voir Lyra, qui a vingt ans ici, affronter des ennemis impitoyables. le Magisterium lutte toujours pour instaurer une théocratie imposée à tous. Lyra doit fuir, elle est recherchée par un homme qui veut sa perte. Son unique obsession. Mais Lyra va pouvoir compter sur Malcom, le courageux professeur qui affronte tous les périls pour la retrouver. Pantalaimon, le daemon de Lyra, se sent mal aimé, il a un vague à l'âme car Lyra grandit, c'est une jeune femme à présent et surtout elle remet en cause l'imagination, le merveilleux en lisant des ouvrages niant l'existence de ce qu'ils ont sous leurs yeux : les daemons. Pantalaimon décide de partir vers l'est, aux confins du monde vers une ville fantôme où la légende dit que les daemons y vivent sans leurs âme soeur humain. Lyra part alors à sa recherche. Services secrets, complots et manigances, état de guerre.. le mal que doit affronter Lyra est partout. J'ai été surpris par la noirceur de certains passages, Pullman aborde des thématiques plus adultes et c'est ce qui fait toute la richesse de ses livres. Lyra est adulte et elle n'est plus la même que sept ans auparavant, au moment de la Croisée des Mondes. Quelle est donc cette poussière ? Qu'appelle t'on "la Communauté des Esprits" ? le génie de Pullman réside dans la qualité de sa narration, son imagination débordante, foisonnante, les thématiques abordées notamment le pouvoir de l'imaginaire et du merveilleux face à l'obscurantisme religieux. L'univers dépeint ici est d'une richesse déconcertante et l'on a qu'une hâte une fois reposé ce roman, découvrir un troisième et dernier tome qui s'annonce passionnant ! Un plaisir de lecture rare pour un roman jeunesse envoûtant.

Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Gallimard pour cette lecture !
Lien : https://thedude524.com/2022/..
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Il est agaçant (encore) Philip Pullman. Il commence une nouvelle grande histoire dans son univers de la poussière et on se met à attendre tout d'abord impatiemment puis avec une douce ferveur, qu'il donne suite à ses écrits, pour oublier ensuite, un peu, tout ce qu'on avait lu de lui.

Il est agaçant Philip Pullman. Car la communauté des esprits nous arrive en presque 3 ans, et c'est 20 ans que l'histoire se mange. Adieu petit Malcom, bonjour Lyra, au début de sa vie d'adulte. Lyra bien après qu'on l'ait abandonnée sur un banc, dans un jardin d'Oxford.

Il est agaçant Philip Pullman. Il écrit une aventure qui vous embarque, vous inonde, vous oublie de vos soucis réels, une histoire que je pensais toujours pour les enfants et qui pourtant, comme dans ses histoires pour le enfants, arrive à introduire une grande violence, des grandes violences.

Il est agaçant Philip Pullman, parce que contrairement à la Belle Sauvage, il plante un peu son histoire là, au milieu d'un désert, toujours avec une citation qui clôt superbement le texte et renvoie le lecteur vers d'autres pensées, des pistes qu'il semble avoir laissées à dessein pour creuser au delà des lignes.

Il est agaçant Philip Pullman, parce que Lyra a beau avoir grandi, penser autrement, elle éclabousse chaque page de sa hardiesse, sa hargne, sa volonté, sa tristesse, sa solitude aussi. Je crois qu'un personnage solitaire n'a jamais été aussi solaire. A croire qu'on ne pense jamais à la lumière que dégage tout être, même ceux qui essaient de la tamiser.

Il est agaçant Philip Pullman, parce que je lis beaucoup moins vite qu'avant, et ce lourd tome a été mon daemon-refuge pendant de nombreux jours. de ces livres qu'on attend de pouvoir ouvrir avec un soupir d'aise une fois la maison assoupie et hantée de ses seules insomnies. de ces livres qui vous laissent un vide une fois la dernière page tournée.
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Une étoile pour les heures passées à rédiger le récit... mais c'est tout. Bon sang que cette lecture fut laborieuse et frustrante !

D'entrée de jeu, on a l'impression tenace d'avoir appuyé sur un bouton « reset » : pratiquement aucun des aboutissements de la trilogie originale n'est pris en compte ou n'a une importance (la mort de l'Autorité, la promesse de la République des Cieux, la réalisation de la prophétie des sorcières...) alors qu'ils étaient présentés comme un changement de paradigme au sein de la diégèse. Certains enjeux de la première trilogie sont à peine mentionnés (le sujet de l'aléthiomètre est tout simplement inexistant pendant une centaine de pages, alors même que la perte de son « don » de déchiffrage par Lyra était un point crucial du Miroir d'Ambre). le nombre de similitudes avec le début des Royaumes du Nord (cadre oxfordien de départ ; Lyra qui n'est toujours véritablement intégrée nulle part ; intrigue lancée uniquement par le fait qu'un protagoniste assiste par hasard à l'élément déclencheur ; voyage de Lyra planquée sur un bateau gitan ; révélation d'un lien familial aux alentours du premier tiers ; séjour de Lyra dans les Fens avec Farder Coram ; voyage dépaysant dans les pays voisins ; etc) provoque vite un côté rébarbatif dans la première moitié du roman tant l'aspect bis repetita est présent : manque d'inventivité de l'auteur ? Pullman avait pourtant proposé quelque chose de (non sans failles mais) différent avec La Belle Sauvage, mais il faut croire que concernant Lyra, il est de ceux qui suivent trop scrupuleusement ses bibles de narratologie.

Le pitch était pourtant prometteur : avec une Lyra adulte dix ans après les évènements de la trilogie d'origine, on pouvait s'attendre à de nouvelles dynamiques. Hélas, les choses n'ont pas franchement changé du côté de la protagoniste non plus... Quelle déception de ne pas retrouver dix ans plus tard une Lyra étudiante dont la spécialisation est l'alethiomètre (et pas crédible pour un sou qu'elle ne consacre qu'une séance hebdomadaire à cette étude vu sa détresse intense à la perte de son don). Quelle déception de voir que son autonomie et sa marge de manoeuvre sont à peine meilleures que dans la première trilogie (le passage expliquant qu'elle n'a jamais pensé à jeter un oeil à ses finances même à l'approche de sa majorité est idiot). Quelle déception de voir que ce personnage n'a toujours pas gagné sa légitimité dans son cadre de vie, et surtout, évolue toujours seule sur la scène ! Il est difficile à avaler que Lyra ne se soit fait aucune amie après deux ans d'études dans un collège féminin, surtout quand le Miroir d'Ambre se terminait sur une promesse d'amitiés futures. La seule camarade qu'on lui verra n'aura de présence que le temps d'un chapitre, et les autres femmes de son âge en présence desquelles elle se retrouvera ne seront prétexte qu'à une relation de rivalité, uniquement le temps d'une ou deux scènes. Comme trop souvent dans la fiction, les personnages féminins ne sont pas placés dans un cadre d'amitié (et les femmes adultes de ce roman sont généralement seules dans un monde d'hommes).

Le reste du roman ne fournira pas de quoi surmonter les faiblesses du début. La nouvelle méthode d'interprétation de l'aléthiomètre flirte avec le pouvoir magique, alors que toute la première trilogie nous a vendu l'interprétation comme une science. La révélation sur les motivations de Delamare paraît au mieux superflue : pourquoi avoir fait de cela une affaire personnelle puisque les mobiles du Magisterium contre Lyra tiennent très bien debout tout seuls ? (Les implications de la trilogie de base ont en effet tellement été occultées que le Magisterium n'a eu entretemps aucune raison de s'abstenir de continuer à cibler Lyra).
Certains passages sont simplement absurdes, comme Lyra qui semble ingénument ignorer que le Magisterium a une dent contre elle (a-t-elle vraiment vécu les évènements de la première trilogie ?). Ou encore ces scènes (récurrentes au point de donner une impression de running gag) où les personnages adultes d'Oxford évoquent systématiquement l'usage de l'aléthiomètre pour connaître la traduction d'un mot étranger : l'auteur n'a visiblement pas pensé que le réflexe d'un Érudit dans une université serait de consulter un dictionnaire...

Il faut passer outre ces éléments si l'on veut venir à bout du livre, car le roman est beaucoup trop long pour ce qu'il a à raconter - et aurait pu être aisément réduit de moitié pour garder un rythme plus dynamique et des péripéties intéressantes. Cela aurait été moins dérangeant s'il n'y n'avait pas déjà eu dans la Belle Sauvage cette impression d'un texte destiné originellement à n'être qu'une nouvelle, mais qu'un éditeur aurait souhaité voir étiré en roman pour alimenter la machine à fric. Dans la Communauté des Esprits, récit s'étale sans fin dans une succession de boucles narratives, et à partir du deuxième tiers, c'est presque la mort cérébrale tant la structure se répète à l'identique à chaque chapitre : Malcolm et Lyra passent de tableau en tableau avec toujours le même schéma : arrivée dans un nouveau lieu, constatation que la situation est au bord de l'explosion, rencontre du contact sur place (ou rencontre fortuite), une ou deux péripéties, la situation dégénère, le protagoniste fuit vers le tableau suivant. Cette redondance systématique, portée sur un nombre interminable de pages, est épuisante, si bien qu'on se surprend à souhaiter les interruptions pourtant intempestives des POV secondaires.
Le tout pour aboutir à un final qui donne envie de hurler par sa non conclusivité et par le découpage qu'il opère. Si jusqu'ici il était encore crédible que Pullman produise une histoire médiocre en toute bonne foi, il est difficile de croire qu'il (ou son éditeur) ne s'est pas ouvertement moqué de son lectorat tant cette fin est insultante. Au final, la Communauté des Esprits ne sert que d'interminable prélude au 3e tome à venir.

D'ailleurs, à partir d'environ 40% du roman, Lyra (qui l'était déjà assez peu, ou laborieusement, dans le premier tiers) ne sera tout bonnement plus du tout actrice de sa propre trajectoire. Les seuls moteurs de l'intrigue la concernant seront soit des rencontres fortuites, soit des gens qui la trouvent ou la sauvent, et l'on devra se contenter de la regarder se mouvoir au rythme du hasard en se retenant de s'exclamer à chaque fois « ça alors, quelles étaient les chances ? ». Elle ne devient qu'un personnage parmi d'autres, partageant un temps d'écran quasi-équivalent avec Malcolm, Delamare, Pantalaimon et Bonneville (ainsi que, plus marginalement, une pluralité de personnages adultes), au point qu'on se demande parfois quelle est encore l'opportunité de conserver Lyra en tant que protagoniste. (L'exemple le plus représentatif est sans doute ces deux chapitres où le récit est carrément davantage intéressé par nous donner le POV (surprenant) du patriarche de Constantinople, dont l'utilité est difficilement cernable (surtout considérant son sort qui nous est spoilé par.... un intitulé de chapitre ! Il fallait le faire...) puisqu'il enfonce surtout des portes ouvertes et donne une tenace impression que le texte cherche à faire du remplissage). Puisque l'auteur aime tellement Malcolm, pourquoi ne pas l'avoir choisi comme protagoniste de ce tome au lieu de Lyra, prolongeant ainsi la focalisation entamée dans la Belle Sauvage ?

Aussi logique qu'aurait pu être ce choix, je suis au final contente que l'auteur ne l'ait pas opéré, tant le personnage de Malcolm est une épine dans le pied de cette lecture. Bedonnant mais agile et rapide, d'origine modeste mais Érudit, costaud mais discret, pas bagarreur mais ceinture noire, multi-talents mais humble, simple mais redoutablement intelligent, etc : Malcolm est, tout simplement, un Gary Sue, qui porte vite sur les nerfs (écriture déjà en germe dans la Belle Sauvage où, malgré ses onze ans, ce personnage d'enfant n'était pas du tout écrit comme un enfant, avec une maturité et une capacité réflexive d'adulte, assurant la sécurité et la direction du duo, rôle dénié à Alice pourtant plus âgée que lui). La révélation de l'amour de Malcolm pour Lyra est un malaise total, surtout devant l'insistance avec laquelle la narration tente de nous convaincre que ce volet est naturel et valide, alors que Malcolm a vu grandir Lyra, qu'il a été son professeur, et qu'elle est mineure. Pour celles ou ceux tentés de me rétorquer que Lyra a vingt ans, il faut rappeler que de l'aveu du texte lui-même, elle était âgée de 14 ou 15 ans lorsque Malcolm, alors son professeur, a commencé à être attiré par elle (vous reprendrez bien un peu de vomi ?). Par ailleurs Bonneville, dont on nous dit qu'il est d'un âge similaire à Lyra, est qualifié par Malcolm de « vraiment très jeune » alors que Lyra est qualifiée par Malcolm de « une adulte » (on voit ici le double-standard qui s'opère selon le genre).

Il faut enfin parler de l'éléphant au milieu du couloir : le débat surnaturel vs raison qui infusera tout le récit, tentative maladroite où surnagent les amalgames (notamment : surnaturel = imagination), les incohérences (Lyra dans le camp des sceptiques après avoir voyagé entre les mondes... vraiment ?) et le manque de nuances (Église catholique très très méchante). La forme (manière dont ce débat est restitué) est tout aussi pénible que le fond : chaque itération de la boucle narrative (même schéma se répétant à chaque chapitre, dont je parlais plus haut) est saupoudrée d'un passage sur ce débat mais, plutôt que de progresser à chaque fois enrichi des enseignements du chapitre passé, le débat ne fait que ressasser sans cesse les mêmes arguments, chacun livré en plusieurs exemplaires de lui-même (et déguisé de paraphrase), sans aucun ordre logique apparemment, sinon parfois une régression visible.

Pour finir, les lecteurs de la traduction en français pâtiront de cette version, entre erreurs fréquentes de concordance des temps, maladresses grammaticales (il est fréquent de tomber sur des phrases dont le sujet est celui mentionné deux ou trois phrases avant, sans le rappeler, alors qu'il y a eu un autre (ou plusieurs) sujets entretemps, ce qui anéantit la fluidité de lecture), et surtout, dans la tradition des titres nuls de fantasy français, le raté total de ce titre, « la communauté des esprits », qui perd le mystère et le soupçon d'élégance de son original, « the secret commonwealth ».

En point positif, on notera quand même la mise en discussion des conflits entre humains et daemons ; il était temps, car le concept des daemons a été largement sous-exploité dans la trilogie de base, et il me tardait de voir la diégèse éprouver et approfondir quelque peu son concept.

Avec le 2e tome de cette nouvelle trilogie, Philip Pullman aura, à mes yeux, succombé à la tentation malheureuse de ces artistes qui ont tenté en vain de ressusciter leur oeuvre à succès (conclusive) des années plus tard. La suite, ce sera sans moi.
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critiques presse (1)
Elbakin.net
27 octobre 2020
La Communauté des esprits est un deuxième tome étrange, loin d’être désagréable mais qui pose énormément de questions et ne pourra être convenablement jugé qu’à l’aune du troisième et dernier tome de cette Trilogie de la Poussière.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
- Si on part, c'est pour de bon, dit-il. On ne pourra plus jamais remettre les pieds ici. On sera des étrangers. [...]
- On trouvera un travail. Et un toit.
- Oh, un jeu d'enfant.
- Ça ne sera pas facile, je sais. Ou plutôt, non. Je n'en sais rien. Peut-être que ce sera facile. Tout le monde doit en faire autant tôt ou tard. Partir de chez soi. Et gagner sa vie.
- Oui, mais la plupart des gens peuvent retourner chez eux, où ils sont toujours les bienvenus. Les autres sont heureux de savoir ce qu'ils deviennent.
- Tant mieux pour eux. Nous, on est différents. On l'a toujours été. Et tu le sais. (p. 108)
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- Dans le temps, c'est toi qui était impulsive, fit remarquer Pan. Et moi qui te réfrénais. C'est différent maintenant.
- Tu sais, les choses changent... On pourrait attendre et retourner à Saint-Aldate quand ce policier aura terminé son service. [...] Un meurtre a été commis.
- Je sais. J'y étais.
- Et peut-être qu'en agissant ainsi, on aide le meurtrier sans le vouloir. En nous mêlant de l'enquête. Ce n'est pas bien.
- Ça aussi, c'est différent.
- Quoi donc ?
- Tu étais toujours optimiste. Quoi qu'on fasse, tu étais certaine que ça se finirait bien. Même quand on est revenus du Nord tu pensais ça. Maintenant, tu es prudente, inquiète... pessimiste.
Lyra savait que Pan avait raison, mais il n'avait pas le droit de lui parler sur ce ton accusateur comme s'il pouvait lui reprocher ce changement.
- J'étais jeune. (p. 46-47)
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— [...] Le camp d'en face possède une énergie qu'on n'a pas. Elle leur vient de la certitude d'avoir raison. Et quand tu as cette certitude, tu es prêt à tout pour atteindre ton but. C'est le plus vieux problème de l'humanité, Lyra, et c'est ce qui différencie le bien du mal. Le mal peut être sans scrupules, pas le bien. Rien n'empêche le mal d'agir à sa guise, alors que le bien a une main attachée dans le dos. Pour remporter le combat à coup sûr, il faudrait imiter le mal.
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C'est le plus vieux problème de l'humanité, Lyra, et c'est ce qui différencie le bien du mal. Le mal peut être sans scrupules, pas le bien. Rien n'empêche le mal de faire ce qu'il veut, alors que le bien a une main attachée dans le dos. Pour faire ce qu'il faudrait faire, pour remporter le combat, il faudrait imiter le mal.
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- Dans le temps, c'est toi qui était impulsive, fit remarquer Pan. Et moi qui te refrénais. C'est différent maintenant. (...)
- Tu étais toujours optimiste. Quoi qu'on fasse, tu étais certaine que ça se finirait bien. Même quand on est revenu du Nord tu pensais ça. Maintenant, tu es prudente, inquiète...pessimiste.
Lyra savait que Pan avait raison, mais il n'avait pas le droit de lui parler sur ce ton accusateur comme s'il pouvait lui reprocher ce changement.
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Vidéo de Philip Pullman
La quête de la jeune Lyra touche à sa fin, puisque cette troisième saison devrait logiquement être la dernière : À la croisée des mondes est une trilogie. Même si Philip Pullman, à l'origine de cette adaptation pour le petit écran, a signé d'autres opus en lien avec les aventures de la jeune fille dans des mondes parallèles… On la retrouve ici en bien mauvaise posture, tombée entre les griffes de sa mère, la cruelle Marisa Coulter, qui la drogue pour la retenir captive dans une chapelle abandonnée… Qui de son père, l'impulsif et ambigu Lord Asriel, en conflit ouvert avec la tyrannique Autorité, ou de son ami Will, armé du redoutable poignard subtil, parviendra le premier à la secourir ? Un vent de révolte et de castagne souffle sur ces inédits qui poursuivent honnêtement l'entreprise des précédentes saisons. Des épisodes peuplés d'anges noirs et d'ours en armures, de terrifiants inquisiteurs et de valeureux aventuriers, d'enfants courageux et d'adultes corrompus, semés de clins d'oeil à de grandes épopées de la pop culture (d'Indiana Jones à Star Wars). Où les fans d'Harry Potter mesureront une nouvelle fois à quel point J.K. Rowling s'est inspirée de Pullman pour imaginer le destin du jeune sorcier à lunettes…
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