Quignard est un génie et c'est sans doute
la raison pour laquelle les éditeurs imprimeraient même un hoquet de lui. Un peu comme la mise en vente d'un morceau de nappe en papier gribouillé par Picasso. Évidemment,
la leçon de musique est bien plus qu'un morceau de nappe en papier mais cela ressemble beaucoup à des notes "à pas oublier pour un prochain roman". Quand on lit en première page "un épisode tiré de la vie de
Marin Marais" on ne s'y retrouve pas parce que de
Marin Marais il est peu question. Bien sûr il y a des phrases fulgurantes parce que même dans ses brouillons
Pascal Quignard reste un érudit, un philosophe, un écrivain.
Ceci étant dit, il s'agit de quoi ? Ce que j'ai retenu de ces dizaines de notes c'est que la grenouille mâle en période de reproduction a un coassement grave et que c'est la même chose qui arrive aux jeunes garçons en pleine mue, leur voix se cassent avant de devenir plus grave pour signaler leur maturation sexuelle. de longs passages sur la mue pubertaire, de longs passages sur la musique, l'apprentissage, la transmission, la métamorphose de l'aigu vers le grave qui ne peut jamais se réaliser dans l'autre sens. Tout ceci pour nous conduire sur le chemin de vie de
Marin Marais se transformant de chanteur en violiste. La dernière partie "La dernière leçon de musique de Tch'eng Lien" est très agréable à lire.
Ce livre édité en 1987 annonce le chef d'oeuvre de 1991 "
Tous les matins du monde" autant commencer par là.
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