AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Meps


Michel Quint, comme beaucoup de Français, éprouve une certaine fascination, attirance-répulsion, pour les deux guerres mondiales qui ont meurtri son pays. Son best-seller Effroyables Jardins, dont j'ai vu l'adaptation ciné, évoquait certains retentissements de la Seconde Guerre Mondiale. J'ai lu pour ma part Un hiver avec le Diable qui parle de la France en reconstruction dans l'immédiate après-guerre.

C'est à l'immédiat après premier conflit mondial que nous convie ici l'auteur. Ces périodes du "juste avant" ou "juste après" sont toujours riches d'enseignement dans L Histoire... et propices à la création littéraire. D'abord parce que les historiens préfèrent souvent nous instruire du "pendant" et que le terrain est donc défriché pour la fiction. Ensuite parce que, plutôt que de faits historiques concrets, ces périodes nécessitent de rendre une atmosphère, un climat particulier, tâche à laquelle les auteurs ne rechignent pas à s'atteler.

Par rapport aux deux autres histoires, Quint s'attache ici beaucoup plus à évoquer les personnalités de l'époque, peintres (Soutine, Modigliani) auteurs (Cocteau, Breton, Gertrude Stein), politiques (Clémenceau, Blum). Il le fait par le prisme des "petites gens", qui sont toujours les héros de ses histoires. Mais ces "stars" sont malgré tout des personnages essentiels qui viennent interagir avec l'intrigue policière qui reste la colonne vertébrale de l'histoire. J'aime plutôt l'exercice qui consiste à faire intervenir des personnages historiques dans une fiction. On passera sur la petite invraisemblance que les héros côtoient facilement toutes ces célébrités, rendu plus crédible par les professions de journaliste et de reporter photo des deux protagonistes. On sera moins indulgent quand Léonie et Norbert se posent en devins de ce qui risque de se produire dans l'avenir, bénéficiant bien trop facilement de la connaissance de ce futur de l'auteur pour briller à moindre frais.

Heureusement, la petite musique de Quint fonctionne malgré tout cela de façon assez efficace. La relation tumultueuse entre les deux personnages d'enquêteur permet de retrouver la patte de l'auteur, assez difficile à définir mais bien reconnaissable. On a affaire à du polar roman, à l'image d'un Simenon avec ses maigrets, où l'enquête, même si elle sert de pivot, n'est pas forcément ce qui nous touche le plus. D'ailleurs l'auteur brouille tellement les pistes en mélangeant les noms des suspects et en nous empêchant de relier identités et personnalités, qu'on en vient à abandonner l'espoir de résoudre l'intrigue et qu'on se contente de se laisser porter par le style de Michel Quint, un petit cours d'eau agréable qui nous mène malgré tout à bon port, dans la résolution forcément étonnante du mystère installé.
Commenter  J’apprécie          170



Ont apprécié cette critique (17)voir plus




{* *}