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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


L'édition de poche classe ce livre dans les « thrillers ». Je ne suis pas vraiment d'accord. Il ne s'agit pas ici d'un de ces polars sanglants actuels à l'écriture simple (simpliste), à l'intrigue complexe et, surtout, au rythme effréné, qui se lit dans le noir en quelques heures stressantes. Amateurs de ce genre-là, passez votre chemin, vous seriez déçus.
Non, Seul le silence est moins un thriller qu'un roman noir machiavélique, où le récit s'écoule lentement sous une chape lourde et mélancolique, étouffante et implacable comme peut l'être le soleil de Géorgie.
Lenteur, d'abord : le récit commence en 1939 et s'étale sur plus de 30 ans et 600 pages. Il nous est raconté chronologiquement par le narrateur, Joseph Vaughan, et est entrecoupé de courts passages qui indiquent le dénouement (sans nuire au suspense). Lenteur également simplement due à l'époque, où les courriers se transmettaient encore par la poste et où relier New York à la Géorgie était un voyage éprouvant de dizaines d'heures de bus.
Lourdeur, mélancolie, parce que l'histoire est sordide : pendant des années, un prédateur sexuel massacrera un nombre inouï d'innocentes gamines, en Géorgie et dans les Etats voisins, sans qu'on ne relève jamais le moindre indice. On croira à un moment que le coupable s'est désigné lui-même, mais parfois il y a un gouffre entre ce qu'on a envie de croire et la vérité…
Etouffant, parce que le narrateur est encore un enfant quand le 1er meurtre est commis. Plus tard, lui-même découvrira le cadavre de l'une des petites filles. Traumatisé par ces horreurs comme peut l'être un enfant de 12 ans, il restera hanté à vie par ces visages innocents, culpabilisant de n'avoir pas su les protéger avec ses copains du club des Anges Gardiens. Etouffant aussi parce que Joseph n'aura aucun répit tout au long de sa vie, entre ces meurtres et le sort qui s'acharne sur lui (un peu trop d'ailleurs…vraiment trop pour un seul homme). A peine quelques rayons de soleil avec les femmes de sa vie, puis grâce à son ami Paul.
Implacable parce qu'on sait dès le départ que le récit s'achemine vers la confrontation entre Joseph et le coupable, dont l'identité, en ce qui me concerne, est restée indécise jusqu'aux 50 dernières pages (j'ai longtemps hésité entre 3 ou 4 personnes).
Et tout ça fait que c'est magnifique même si les faits sont horribles. Malgré certaines longueurs et certains personnages trop « idéaux », j'ai beaucoup aimé l'atmosphère, l'écriture, le style. Beaucoup d'avis font référence à Truman Capote, d'autres à Steinbeck, moi j'ai pensé à William Styron : l'épisode de Brooklyn m'a rappelé « le choix de Sophie ».
J'ignore si les autres livres d'Ellory sont aussi bons, mais j'y goûterai…
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