La parole qui maintient aujourd'hui ouverte la possibilité d'un autre monde est celle qui cesse de mentir sur sa légitimité et son efficacité, celle qui assume son statut de simple parole, oasis à côté d'autres oasis ou île séparée d'autres îles. Entre les unes et les autres il y a toujours la possibilité de chemins à tracer.
Qu'un système produise un effet de découragement ne veut pas dire que tout le monde soit découragé.
Les défaites de la démocratie sont des défaites de l'égalité et non la défection des illusions.
La question n'est pas de savoir s'il faut être réaliste ou intransigeant. Elle est de savoir le type de peuple auquel on s'identifie : le peuple construit par le système dominant ou un peuple égalitaire en construction.
On ne travaille pas pour l'avenir, on travaille pour creuser un écart, un sillon tracé dans le présent, pour intensifier l'expérience d'une autre manière d'être.
Des sociologues ont voulu opposer une douteuse "critique artiste", toujours prête à se reconvertir en "nouvel esprit du capitalisme", à la bonne vieille critique sociale.
Et l'émancipation, hier comme aujourd'hui, est une manière de vivre dans le monde de l'ennemi dans la position ambigüe de celui ou celle qui combat l'ordre dominant mais est aussi capable d'y construire des lieux à part où il échappe à sa loi.
Nous ne sommes pas en face du capitalisme mais dans son monde, un monde où le centre est partout et nulle part, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a rien à faire mais que la figure du face-à-face n'est jamais constituée comme telle.
La parole qui maintient aujourd'hui ouverte la possibilité d'un autre monde est celle qui cesse de mentir sur sa légitimité et son efficacité, celle qui assume son statut de simple parole, oasis à côté d'autres oasis ou île séparée d'autres îles. Entre les unes et les autres il y a toujours la possibilité de chemins à tracer.
Vivre sans gouvernement est assurément un bel objectif à se donner.