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publie.net (05/12/2012)
4.33/5   3 notes
Résumé :
La chèvre noire, c'est l'animal du sacrifice. Au point de départ, le roman familial, l'approche de la mère.

François Rannou compose son travail comme une suite, avec la liberté du jazz, mais une musique atonale, avec l'excès du cri, la rémanence des phrases orales, la violence qu'est toute enfance, et le décor du monde qui lui sert d'échappée, le rock contre l'eau de Javel.

Alors cette tension de la forme pour approcher plus près les co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La chèvre noire
Peut-on imaginer ce titre comme celui d'un roman familial ?
Livré comme une musique intérieure, il délivre en bottes rouges, en clé qui raye le frigo, … les bras sur le fauteuil ne sont pas consolation. Les mots éclaboussent à faire des trous dans les plis de la peau. Loin. Profond. Tard. Tard dans la nuit de la vie.
L'écriture de François Rannou se respire, se soupire, se touche, s'apprend.
Peut-on dire d'une écriture qu'elle est impressionniste ?
Oui, quand la couleur des mots se juxtapose entre spontanéité et sens. Ce sens qui parfois vous saute au visage, parfois vous engloutit dans les méandres de la mémoire. Votre mémoire. En lents mouvements, en stabiles à la Calder, au gré du vent de votre lecture : liberté ! Emoi et respiration. Coquelicot rouge et noir. le coeur. Coups de pinceau comme un scalpel. le velours-pulpe au bout des doigts, en teinture indélébile se trace, sur les pages, entre pouce et index; les mots lentement graves, sans que rien ne s'efface. Pulsation. Rythme.
Une suite de Bach, un Bach d'aujourd'hui qui swinguerait les battements du coeur-cymbale. Fla ! Appogiature. Anacrouse. Les doigts s'enroulent sur la baguette. Sur un fil électrique, équilibre, des pattes d'oiseau se dessinent sur le fil de la portée imaginée. Phrasé musical en chair.
Dans la constellation du Cocher, les yeux perdus dans le ciel, la chèvre noire est une double étoile lumineuse. Il suffit de lever le nez et regarder la mer, en va-et-vient de bourrasques, la vie vous fouette plus fort que le vent, chargée de sable et de galets, les larmes du silence couleront en dedans.
Petite chèvre noire aux cheveux mouillés, résistante aux sortilèges, femme engrossée, terre féconde, telle une créature diabolique, Amalthée.
« L'église, ça forge des remords, des vices, et des solitudes coupables » p34.
Il faut - parfois - puiser sa respiration au milieu des accélérations, apaiser le tempo qui s'emballe, tant les vagues tourbillonnent, vous mènent sur la grève, comme un poisson sans eau, amoureux d'un oiseau. Larmes invisibles, d'une rive à l'autre, parce que vous auriez oublié le regard de l'enfant devenu grand, « quitter le lit d'un saut d'oiseau » p59.
Du rire à la folie, image du supplice. Attaché nu sur la roue, la langue rappeuse de la chèvre aux rectangles pupillaires, sous la plante des pieds, apprendre à se tenir debout. A l'envers. Contre tous.
"Quoi de plus concret
que la mort
Quoi de plus abstrait? a écrit A. Saâdi
L'entendez vous le rubato, ce libre arbitre que sait préserver F. Rannou?
« Oh oui, me laisser haler le long du courant, glisser , comme on s'évanouit, dans les plis de tulle que l'eau du fleuve exhalerait en une respiration continue se mêlant à mon haleine » p75.
La mère. La pluie. Les pieds nus. de l'autre côté du jardin. Une maison jaune. le plaisir à tâtons.
Une incertitude à flot, une tête d'épingle « (un roman) ramené ici à une tête de jivaro incandescente qui brûle à froid » nous indique la 4éme de couverture
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selon l'auteur : une suite narrative -
des citations introduisant et concluant des récits, ou des airs, en strophes espacées, de tonalités différentes, de voix différentes, la grand-mère, la mère, le fils, le voisin, en une composition musicale
au centre une histoire familiale - comme un noyau
s'ouvre sur la mère, la grand-mère, la maison jaune et les deux autres, l'homme qui n'est plus présent que pour la mère, l'Afrique, les corps, le lyrisme, ... une construction basée sur des correspondances davantage que sur un ordre logique, une énonciation logique.
les paroles qu'on pense, qui prennent forme, libérées (par la grâce du sacrifice de la chèvre noire, comme l'agneau et la brebis dans l'Odyssée)
une maquette soignée, chaque partie, chaque air, introduit par une image, une belle composition (et, via un lien, la lecture d'une partie par l'auteur)
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Ce mouvement du bras touche le bord du cadre. Elle semble cueillir une fleur avec un air de petite fille. J’essaie de retrouver exactement ce qui la transfigure ainsi. Comme si ce qui floute et assombrit son visage s’était évaporé, les muscles de la figure allégés de ce qui tire, pèse sur les traits, aggravant leur marque.
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Par terre des feuilles comme une volée de monnaie tombée. Je les ramasse pour ma princesse qui fabrique si soigneusement son herbier… Je l’observe. Je suis assise dans mon fauteuil. Le bras droit replié, l’index posé sur le pouce souligne ma lèvre inférieure, les autres doigts refermés.
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La table d’harmonie exhibe ses cordes à la clarté blanche d’hiver que filtrent les rideaux de la porte-fenêtre. Je fais glisser les voiles sur les tringles. Amas serré dont j’enroule la traîne sur l’espagnolette une fois que c’est grand ouvert. Ça aère la pièce. Pas de vent.
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Oh oui, me laisser haler le long du courant, glisser, comme on s’évanouit, dans les plis de tulle que l’eau du fleuve exhalerait en une respiration continue se mêlant à mon haleine.
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Seule. Aspirée par la chambre sans tain. Épaules soulevées le torse entier expiré seins tombant sur son ventre à la fin. Seule. Tatouée de l’intérieur.
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Video de François Rannou (1) Voir plusAjouter une vidéo
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