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Citations sur Les Yeux d'Irène (10)

Construits plus récemment, la plupart des magasins, les hôtels, les faux pubs à néon, les crêperies tenues par des Parisiens, les friteries, les bars étaient fermés. La vie de vacances n'est qu'artifice. Chacun s'y leurre sans se douter que le néant recouvre la plus grande partie de l'année le théâtre des illusions d'été et que les foules en congé d'un mois ne font que se croiser dans des tombeaux et déambuler dans des nécropoles. Il n'en reste personne. Personne n'est venu. C'est bien ainsi.
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À jeter un regard sur mon existence récente, il me semblait qu’elle s’était rudement simplifiée. J’avais bêtement quitté Anne, ma femme, deux ans plus tôt, pour une jeune oie toute fraîche mais qui ne la valait pas. Le joli volatile avait filé au bout de six mois en compagnie d’un jeune crétin de son âge, illustrant ainsi la punition que j’avais tant de fois appelée de mes vœux contre les salopards âgés d’un demi-siècle qui abandonnent leur vieille compagne et changent de monture à mi-course, ce qui m’avait toujours semblé particulièrement révoltant avant que j’eusse trahi à mon tour.
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Dans ma solitude, voilà la chose qui m’avait le plus manqué et cela en expliquait peut-être bien d’autres. Je m’étais volontairement si éloigné de tous et de tout que mes dernières amies secourables s’étaient lassées et que je n’avais plus le courage ni le désir, à ce jour, de mendier leur retour.
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Les convalescences de l’imagination sont-elles longues ? Je n’en avais aucune expérience mais je le pressentais. Il fallait soigner le mal par le mal, mais rien d’autre ne stimulait mon imagination.
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Certains jardinets disparaissaient sous un amoncellement défenestré de meubles brisés, de linge épars et de vaisselle cassée. Je regardai Aude. Elle avait blêmi. Dans le jardin d'une autre maison, deux spécimens de ces êtres-là, le pantalon sur les talons,s'accouplaient au ras du sol. La femme, si c'en était une,en voyant passer la Daimler, se redressa sur un coude et leva légèrement la tête. sans cesser d'être besognée par un derrière maigre et gris agité de grotesques soubresauts, elle cracha dans notre direction. Son visage encadré de cheveux ternes collés par la sueur n'exprimait aucun sentiment humain.
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C’était ainsi qu’en toute conscience et pleine possession de mes facultés, comme on le précise dans un testament, j’avais envisagé l’amour, l’avenir, la vie, la rencontre des autres, l’espoir, le destin. Cela pouvait faire un roman. L’essentiel s’y trouvait, à hauteur d’une véritable ambition d’écrivain, tous ces mots que l’on agite pour essayer en vain de comprendre ce que sont l’homme et sa destinée, mais ce n’était que l’envers de tout, le contraire des choses, la dérision de la vie, la marche lente vers le tombeau. Rien n’avait plus d’issue.
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L’émotion de la jeune fille… Il était difficile de faire vrai. Elle se levait et se penchait à sa fenêtre. La nuit était noire. Des réverbères massacrés par les voyous de banlieue, un seul avait été épargné qui diffusait une lueur pâle. D’abord la jeune fille ne distinguait rien, mais elle se rendait compte, à l’oreille, que les cavaliers invisibles s’éloignaient.
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La dernière note concernait une jeune fille. Pour parler comme dans un conte de fées, disons qu’elle était belle et pure. J’avais écrit qu’à l’évidence aucun poncif ne lui serait épargné et j’avais souligné le mot. Elle avait le regard lumineux et cette langueur cachée sous la vivacité, cette sensualité déguisée en pudeur qui expriment l’espérance et la certitude de toutes les choses de l’amour,en même temps que le regret déjà douloureusement perçu de les voir s’abîmer et se pourrir sitôt atteintes. C’était une jeune fille probablement unique en cette fin de siècle, en France, dernier exemplaire d’un modèle assez répandu et tout à fait adorable qui faisait naguère le charme de nos familles et de nos sociétés et qui s’est partout effacé devant la collégienne de C.E.G., au visage déjà dur de baiseuse endurcie, qui représente aujourd’hui notre banal univers juvénil féminin. Des âges de la vie, on peut rayer l’adolescence...
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Ils avaient faim. Ils avaient soif. Ils n’étaient pas des fantômes, mais des hommes de chair et d’appétit. Le désert de silence s’anima. Il retentit d’abord du craquement des branches mortes que les cavaliers cassaient sur leurs genoux, puis du crépitement du feu dont les flammes montaient droit à hauteur de visage, et le désert s’éclaira.
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Et cette guerre-là, je veux dire celle du roman, Salvator l'aimait-il ? Sans doute. C'était une guerre propice aux attitudes. Je l'avais entendu déclarer, plus tard, que l'attitude prime, qu'elle peut tenir lieu de conviction, et que c'est elle, le plus souvent, qui engage l'existence…
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