Ni vent perdu ni ruisseau effondré…
Ni vent perdu ni ruisseau effondré
ne prétendent à l’amour.
Mais toi dans l’unique voisinage
De cette mort dont tu rêves,
pareille aux passions cachées,
Mort secrète et qui s’ouvre comme
une trappe,
tu as le corps empli de voix,
sa musique est sans mémoire
et ne s’achève pas.
Comme ils étaient extravagants…
Comme ils étaient extravagants,
ces arbres d’encre, ces bouffées de fête
tu regardais de loin vivre les gens.
L’heure qui passe ne passe pas
et les pas sont tout en moi-même.
Tout s’éloigne les amis les saisons
La lampe de l’œil, qu’a-t-elle donc éclairé ?
Même l’hypothèse d’un nuage
était impossible à dire.
Peu à peu les noms s’effacent…
Peu à peu les noms
s’effacent
après avoir tant fulguré.
Dans la nuit
étoiles et chimères tombent.
Ils sont apparus, ils ont disparu.
Reste une vibration, un vol
d’oiseaux pathétiques dans le ciel constant.
Chaque chose est irréfutable…
Chaque chose est irréfutable
et s’abîme dans la réalité de son nom :
cette colline bleue, la table où tu écris.
L’heure elle-même est devenue transparence,
éternité d’un instant.
Tu vis dans la dissipation
d’une présence sans ombre
avec un regard éclairé.
Tu es sur le chemin…
Tu es sur le chemin dont nul n’est revenu,
c’est ton tour, c’est le vieillissement,
l’illisible dieu interroge sous le masque.
L’hiver s’avance d’un pas égal, dénude
les arbres, rentre en lui-même, souverain.
C’est l’accession sans égarement, tu regardes
le seuil, les maisons sont plus âpres, les portes
fermées, comme un château défait
la vie retombe.
Et pourtant…
Et pourtant de façon imperceptible
quelque chose bouge dans l’ombre simple,
les monstres se raréfient, l’imprononçable
Abîme s’estompe, on dirait que te voilà
dans l’œil du Temps, regardant le monde
Alentour qui nidifie dans la parole,
s’érige en elle en figure de l’inachevé,
l’eau descend, le ciel monte jusqu’à lui