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Citations sur La Psychologie de masse du fascisme (29)

Tout être vivant s'efforcera naturellement de découvrir et d'éliminer les causes de la catastrophe dans laquelle il s'est engagé. Nos politiciens ignorent totalement ce genre de réactions. On peut sincèrement affirmer que la politique consiste essentiellement à ne rien apprendre des expériences du passé.
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Être radical, cela veut dire selon la définition de Marx lui-même, "prendre les choses à la racine"; si l'on prend les choses à la racine, si l'on se rend compte de leur processus contradictoire, la victoire sur l'élément réactionnaire est assurée. Si l'on procède autrement, on aboutit inéluctablement aux vues mécanistes, économistes ou métaphysiques, autrement dit au désastre.
Il s'ensuit que la critique n'a de sens et de portée pratique que si elle peut montrer à quel point précis on est passé à côté des contradictions de la réalité sociale.
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Il est évident que le travail mécanique, biologiquement peu satisfaisant, est la conséquence d’une conception mécaniste de la vie et d’une civilisation fondée sur la machine. Est-il possible de concilier la fonction biologique du travail avec sa fonction sociale ? Cela est possible, mais à condition de réformer radicalement nos concepts et institutions traditionnels.

L’artisanat des siècles passés connaissait encore le rapport étroit entre le travailleur et le produit de son travail. Mais quand, dans une usine Ford, un ouvrier accomplit pendant des années toujours le même geste correspondant à un détail du produit qu’il fabrique sans jamais voir l’ensemble, il ne saurait être question d’un travail satisfaisant. La division spécialisée et mécanisée du travail jointe au système du salariat empêche le travailleur d’entretenir la moindre relation avec la machine.

On objectera qu’il existe un besoin de travailler, que la joie de travailler est une donnée « de la nature », qu’elle accompagne l’acte même de travailler. Il est exact que l’activité comme telle s’accompagne d’une sorte de joie biologique, mais les formes qui ont été imposées à cette activité par l’économie de marché étouffent la joie et le besoin de travailler et ne leur permettent pas de se faire valoir. Aussi est-ce une des tâches les plus urgentes de la démocratie du travail de créer une harmonie entre les formes du travail et le besoin et la joie de travailler, autrement dit d’abolir l’antagonisme entre joie de vivre et travail. Ici, un domaine immense s’ouvre à la pensée humaine : y aura-t-il moyen de maintenir la rationalisation et la mécanisation du travail tout en sauvegardant la joie de travailler ? (chapitre X)
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"Eloignons-nous de l'animal, éloignons-nous de la sexualité !" Voilà la devise de toutes les formations d'idéologies humaines. Peu importe le travesti choisi par telle ou telle idéologie : ainsi le fasciste parlera du "surhomme authentique", le communiste de l'"honneur de la classe prolétarienne", le chrétien de la "nature spirituelle et morale de l'homme", le libéral des "valeurs humaines supérieures". Au fond de tout cela, on entend toujours la même chanson monotone : "Je ne suis pas un animal".
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La 'démocratie sociale' de Lénine devait substituer à la dictature étatique du prolétariat l'autogouvernement effectif et pratique des masses laborieuses. (...) En réalité, nous avons affaire à la dictature de la bureaucratie du Parti sur les masses sous les apparences d'une démocratie parlementaire.
Il ne faut jamais perdre de vue qu'Hitler a toujours fait appel - et avec succès - au ressentiment des masses contre la pseudo-démocratie et le système parlementaire. L'"alliance entre le marxisme et le libéralisme bourgeois-parlementaire" utilisée comme slogan efficace par le fascisme n'a certainement pas manqué d'impressionner les foules après les manoeuvres des communistes russes !
Vers 1935, les espoirs que les foules mondiales avaient mis dans l'Union Soviétique s'évanouissaient peu à peu.
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(au sujet de la jeunesse, cible de la propagande fasciste)
Le fascisme allemand a essayé par tous les moyens de s'enraciner dans les structures psychiques et s'est attaqué pour cette raison de préférence aux enfants et aux jeunes. Le seul moyen dont il disposait était d'éveiller et d'entretenir la soumission à l'autorité, grâce à une éducation ascétique et anti-sexuelle. Les aspirations sexuelles naturelles qui portent dès l'enfance un sexe vers l'autre et qui demandent à être satisfaites, étaient remplacés par des sentiments sadiques détournés, en partie aussi par l'ascèse. Cette remarque s'applique au prétendu "esprit de camaraderie" dans les camps de travail et à l'éducation des jeunes au trop fameux "esprit de discipline et d'obéissance". Cette éducation avait pour fonction de déchaîner la brutalité et de la mettre au service de la guerre impérialiste.

(exemple d'action proposée par W. Reich)
Une politique d'économie sexuelle conséquente devra faire la lumière sur les privations sexuelles : elle trouvera chez les jeunes un echo enthousiaste. Face à une telle activité, le premier mouvement du dirigeant fasciste ne peut être que l'étonnement et l'embarras. Contrairement aux affirmations de certaines responsable de jeunes, qui ne connaissent pratiquement rien, les jeunes gens et surtout les jeunes filles sont plus rapides, parce que plus émotifs et disponibles à comprendre leur responsabilité sociale si on leur fait prendre conscience de l'état de répression sexuelle dont ils sont les victimes. Le problème consiste simplement à aborder la question sexuelle intelligemment et à mettre en évidence ses rapports avec la situation sociale en général.
(...)
Le groupe d'études d'économie sexuelle de Berlin avait fait une première tentative de travailler sur l'enfance en mettant au point un conte collectif intitulé "Le triangle de craie, association pour l'exploration des secrets des adultes". (...) A la fin (de la lecture) on invita les enfants à faire part de leurs désirs et de leurs critiques. Beaucoup demandèrent la parole. Devant ces enfants, notre pudibonderie et notre gêne nous firent honte. Les adaptateurs pédagogiques du conte avaient décidé de ne pas aborder la contraception ni la masturbation. Mais aussitôt les questions jaillirent.
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(au sujet des femmes, cibles de la propagande fasciste)
La perennité de l'institution familiale autoritaire n'est pas exlusivement fondée sur la dépendance économique de la femme et des enfants du mari et père. Pour que des êtres asservis supportent cette dépendance, il ne faut rien négliger pour réprimer en eux la conscience d'être des êtres sexuels. Ainsi la femme ne doit pas apparaître comme être sexuel mais seulement comme génitrice. L'idéalisation de la maternité, son culte exalté, qui sont aux antipodes du traitement grossier qu'on inflige aux mères des classes laborieuses, sont essentiellement destinés à étouffer dans la femme la conscience sexuelle, à la soumettre au refoulement sexuel artificiel, à la maintenir sciemment dans un état d'angoisse sexuelle et de culpabilité. Reconnaître officiellement et publiquement à la femme son droit à la sexualité aboutirait à l'écroulement de tout l'édifice de l'idéologie autoritaire.

(exemple d'action proposée par W. Reich)
L'économie sexuelle sociale ne vise qu'à une seule chose : à faire prendre conscience aux hommes opprimés de la contradiction et la souffrance dont ils sont les victimes. On sait qu'on a de la moralité ; mais on sait mal qu'on a une sexualité qui demande à être satisfaite, ou si ce savoir existe, il est tellement refoulé que sont effet pratique est nul. On pourrait objecter que cette prise de conscience exige justement un travail d'analyse individuel. En tant que praticien, je réponds : si je parle dans mon cabinet avec une femme de ses besoins sexuels, elle m'opposera la résistance de tout son appareil moral : je ne pourrais pas la convaincre de quoi que ce soit. Mais si la même femme est exposée à l'atmosphère de masse d'une réunion où l'on parle ouvertement et en termes clairs, dans la perspective médicale et sociale, des besoins sexuels, elle ne se sent pas isolée. Elle sent que d'autres personnes prêtent également l'oreille à ces "sujets interdits" ; son inhibition morale individuelle se trouve contrée par une atmosphère collective d'affirmation sexuelle.
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Le travail révolutionnaire de masse en Allemagne s'est limité presque exclusivement à la propagande "contre la faim". Argument sans doute important, qui ne fournissait pourtant pas une base suffisante, comme la suite des évènements allait le montrer. La vie des individus nivelés dans la foule se déroule sous la surface visible des choses, dans mille petit riens. Ainsi le jeune travailleur est harassé, dès qu'il a calmé tant soit peu sa faim, par mille soucis d'ordre sexuel et culturel. La lutte contre la faim est certainement une lutte primordiale, mais il faut aussi placer brutalement et totalement dans les feux de la rampe les petits évènements de la comédie humaine, dans laquelle nous sommes tous à la fois spectateurs et acteurs.
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C'est dans la mesure même où le führer incarne la nation en accord avec le sentiment national des masses que se forme un lien personnel avec lui. S'il sait réveiller dans les individus nivelés par la masse les liens affectifs familiaux, il représentera en même temps le père autoritaire. Il attire sur sa personnalité l'ensemble des attitudes affectives qui s'adressaient naguère au père protecteur et représentatif (représentatif dans l'imagination de l'enfant). En faisant remarquer à des partisans nationaux-socialistes que le programme du parti était intenable à force d'être contradictoire, on obtenait souvent la réponse suivante : Hitler s'y connait bien mieux, "il trouvera solution à tout !".
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C'est la structure autoritaire, anti-libérale et anxieuse des hommes qui a permis à sa propagande d'accrocher les masses. C'est la raison pour laquelle l'importance sociologique d'Hitler ne réside pas dans sa personnalité mais dans ce que les masses ont fait de lui. Cet aspect du problème est d'autant plus piquant qu'Hitler méprisait du fond de l'âme les masses à l'aide desquelles il comptait imposer son impérialisme. Un seul aveu particulièrement franc en vaut d'autres : "la mentalité du peuple n'a jamais été que l'expression de ce qu'on fait avaler à l'opinion publique..." (op. cit..p140).
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