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L'homme en souffrance, qui n'a pas pris conscience des causes de sa souffrance, continue sa chute en s'abandonnant à n'importe quel mythe, n'importe quelle autorité. A grande échelle cela peut donner naissance à un état totalitaire. C'est un phénomène millénaire.
"La psychologie de masse du fascisme" est donc une plongée à la racine de la souffrance avec un développement très important sur le refoulement sexuel et ses conséquences inconscientes. L'auteur se place dans la suite des découvertes de Freud, et en tant que médecin, il parviendra, sous l'Allemagne nazi, à mettre sa théorie de "l'économie sexuelle" en pratique par des expériences de rééducation sexuelle de la jeunesse ou de thérapie sexuelle auprès des femmes notamment.
Notons que son livre écrit à l'aube de la dictature nationale-socialiste sera interdit en Allemagne. Notons également que le livre sera réédité en 1942 à l'aube de la dictature du capitalisme d'état en Union soviétique. Après s'être opposé à Hitler qu'il qualifie de "grand psychopathe", il s'oppose donc à Staline. La vie de Wilhelm Reich est décidément sous haute tension.
Il est d'abord affligé par l'impuissance du mouvement révolutionnaire communiste face à la montée du nazisme. Il reproche aux communistes allemands de ne pas approfondir le facteur subjectif de l'histoire et plus généralement de ne pas faire vivre la pensée socialiste scientifique initiée par Marx et Engels. En Union soviétique, l'installation de la bureaucratie stalinienne marque la fin du rêve de la "démocratie sociale" de Lénine et d'une partie du monde suspendue au développement de la révolution russe.
Wilhelm Reich retient malgré tout l'idée que les individus doivent trouver en eux la capacité d'auto-gérer le travail qui est strictement utile à la société et surtout de cesser de déléguer cette responsabilité à l'état.
Ce livre est donc aujourd'hui un appel à la responsabilité des individus face aux différentes formes de fascisme, pour comprendre les causes de leurs souffrances qui viennent altérer leur raisonnement, dans le but de dévoiler très rapidement les mythes nationalistes, religieux ou autres, et de prendre part pleinement à la vie sociale.
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Rédigé entre 1930 et 1933, juste avant la prise de pouvoir des nazis, cet ouvrage de référence a naturellement pris quelques rides du fait des modifications notables que la domination a apporté à son mode de fonctionnement et tout particulièrement dans le contrôle de ce que l'on appelle l'opinion. Ce que Goebbels, ministre de la propagande du régime nazi rêvait, la société spectaculaire-marchande l'a réalisé beaucoup plus efficacement.
Il faut donc se rappeler que Wilhelm Reich, en tant que penseur critique de cette époque particulièrement troublée, fut parmi les premiers à tenter de faire usage des découvertes de la psychanalyse freudienne conjointement à la pensée émancipatrice de Marx. Ce qui le désigna automatiquement comme cible privilégiée de toutes les tendances totalitaires et réactionnaires de son temps. Tendances qui, hier comme aujourd'hui, ne veulent pas admettre cette synthèse, profondément novatrice, orientant les recherches « sur la manière dont l'homme d'une certaine époque est, pense, agit en fonction de sa structure caractérielle, sur la manière dont les contradictions de son existence se répercutent en lui, sur la manière dont il tente de maîtriser sa vie. »
Contestant des approches purement psychologisantes ou purement économiques, Reich tente une approche globale d'un phénomène complexe qui reste toujours aussi angoissant en notre époque : pourquoi les « masses » font-elles ainsi le choix du pire ? « La question n'a pas été posée de savoir comment des masses paupérisées ont pu passer au nationalisme. Des mots comme "chauvinisme" "psychose", "conséquences du traité de Versailles" n'expliquent pas la tendance du petit bourgeois ruiné à épouser le radicalisme de droite, puisqu'ils ne cernent pas réellement le processus en question. »
« La critique n'a de sens et de portée pratique que si elle peut montrer à quel point précis on est passé à coté des contradictions de la réalité sociale. »
Reich dénonce également le verbiage issu de l'héritage marxiste dévoyé : « Des méthodes vivantes se sont figés en formules, des recherches scientifiques en schémas creux. »
Pour cela, il cherche à revenir aux fondamentaux d'une pensée qui se veut réellement dialectique, démontrant que les contradictions d'une époque, ses mensonges et dissimulations diverses, ont une relation directe avec la formation de la psyché des individus qui la composent et donc avec leur aliénation : « S'il est vrai qu'une "idéologie agit en retour sur le processus économique", elle a dû se transformer auparavant en une puissance matérielle.
(...) Comme les hommes faisant partie des différentes couches ne sont pas seulement les objets de ces influences mais les reproduisent aussi comme individus actifs, leur pensée et leur action doivent être aussi contradictoires que la société d'où elles émanent. Comme une idéologie sociale modifie la structure psychique des hommes, elle ne s'est pas seulement reproduite dans ces hommes, mais -- ce qui est plus important -- elle a pris dans la forme de l'homme concrètement modifié et agissant d'une manière modifiée et contradictoire le caractère d'une force active, d'une puissance matérielle. C'est ainsi et seulement ainsi que s'explique l'effet en retour de l'idéologie d'une société sur la base économique dont elle est issue. »
Pour bien saisir la portée des analyses de Reich, on les replacera donc dans leur contexte, à savoir les aboutissements de la République de Weimar, régime issu des conséquences en Allemagne de la guerre 14-18 et massacreur de la tentative révolutionnaire de 1918 en ce pays. Mais aussi l'échec de la Révolution russe avec la prise de pouvoir des bolchéviks et la mise en place d'un régime totalitaire, d'un capitalisme d'État, fort éloigné des aspirations historiques de Marx. Et la mainmise de ce régime, dans les années 20, sur tous les partis dits-communistes européens dont les directions furent transformées en simple relai du régime stalinien. On comprendra mieux alors toute la portée des « contradictions » dont parle Reich.
L'on dispose bien alors d'une clé de compréhension de ce qui, pour beaucoup, reste un phénomène historique incompréhensible. Analyse qui a le grand mérite d'être applicable aussi bien pour le nazisme que pour son pendant stalinien. le plus grand reproche que l'on puisse formuler à l'encontre de la pensée de Reich, c'est qu'elle ait trouvé si peu de continuateurs conséquents. Et que, de ce fait, la relation entre l'inconscient humain et le champ politico-social reste tristement inexploré.
Sauf à un niveau primaire (pour la propagande et la publicité) par ceux qui sont les représentants de la domination et qui n'ont donc aucun intérêt à l'émancipation du genre humain.
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Rédigé entre 1930 et 1933, juste avant la prise de pouvoir des nazis, cet ouvrage de référence a naturellement pris quelques rides du fait des modifications notables que la domination a apporté à son mode de fonctionnement et tout particulièrement dans le contrôle de ce que l'on appelle l'opinion. Ce que Goebbels, ministre de la propagande du régime nazi rêvait, la société spectaculaire-marchande l'a réalisé beaucoup plus efficacement.
Il faut donc se rappeler que Wilhelm Reich, en tant que penseur critique de cette époque particulièrement troublée, fut parmi les premiers à tenter de faire usage des découvertes de la psychanalyse freudienne conjointement à la pensée émancipatrice de Marx. Ce qui le désigna automatiquement comme cible privilégiée de toutes les tendances totalitaires et réactionnaires de son temps. Tendances qui, hier comme aujourd'hui, ne veulent pas admettre cette synthèse, profondément novatrice, orientant les recherches « sur la manière dont l'homme d'une certaine époque est, pense, agit en fonction de sa structure caractérielle, sur la manière dont les contradictions de son existence se répercutent en lui, sur la manière dont il tente de maîtriser sa vie. »
Contestant des approches purement psychologisantes ou purement économiques, Reich tente une approche globale d'un phénomène complexe qui reste toujours aussi angoissant en notre époque : pourquoi les « masses » font-elles ainsi le choix du pire ? « La question n'a pas été posée de savoir comment des masses paupérisées ont pu passer au nationalisme. Des mots comme "chauvinisme" "psychose", "conséquences du traité de Versailles" n'expliquent pas la tendance du petit bourgeois ruiné à épouser le radicalisme de droite, puisqu'ils ne cernent pas réellement le processus en question. »
« La critique n'a de sens et de portée pratique que si elle peut montrer à quel point précis on est passé à coté des contradictions de la réalité sociale. »
Reich dénonce également le verbiage issu de l'héritage marxiste dévoyé : « Des méthodes vivantes se sont figées en formules, des recherches scientifiques en schémas creux. »
Pour cela, il cherche à revenir aux fondamentaux d'une pensée qui se veut réellement dialectique, démontrant que les contradictions d'une époque, ses mensonges et dissimulations diverses, ont une relation directe avec la formation de la psyché des individus qui la composent et donc avec leur aliénation : « S'il est vrai qu'une "idéologie agit en retour sur le processus économique", elle a dû se transformer auparavant en une puissance matérielle.
(...) Comme les hommes faisant partie des différentes couches ne sont pas seulement les objets de ces influences mais les reproduisent aussi comme individus actifs, leur pensée et leur action doivent être aussi contradictoires que la société d'où elles émanent. Comme une idéologie sociale modifie la structure psychique des hommes, elle ne s'est pas seulement reproduite dans ces hommes, mais -- ce qui est plus important -- elle a pris dans la forme de l'homme concrètement modifié et agissant d'une manière modifiée et contradictoire le caractère d'une force active, d'une puissance matérielle. C'est ainsi et seulement ainsi que s'explique l'effet en retour de l'idéologie d'une société sur la base économique dont elle est issue. »
Pour bien saisir la portée des analyses de Reich, on les replacera donc dans leur contexte, à savoir les aboutissements de la République de Weimar, régime issu des conséquences en Allemagne de la guerre 14-18 et massacreur de la tentative révolutionnaire de 1918 en ce pays. Mais aussi l'échec de la Révolution russe avec la prise de pouvoir des bolchéviks et la mise en place d'un régime totalitaire, d'un capitalisme d'État, fort éloigné des aspirations historiques de Marx. Et la mainmise de ce régime, dans les années 20, sur tous les partis dits-communistes européens dont les directions furent transformées en simples relais du régime stalinien. On comprendra mieux alors toute la portée des « contradictions » dont parle Reich.
L'on dispose bien alors d'une clé de compréhension de ce qui, pour beaucoup, reste un phénomène historique incompréhensible. Analyse qui a le grand mérite d'être applicable aussi bien pour le nazisme que pour son pendant stalinien. le plus grand reproche que l'on puisse formuler à l'encontre de la pensée de Reich, c'est qu'elle ait trouvé si peu de continuateurs conséquents. Et que, de ce fait, la relation entre l'inconscient humain et le champ politico-social reste tristement inexplorée.
Sauf à un niveau primaire (pour la propagande et la publicité) par ceux qui sont les représentants de la domination et qui n'ont donc aucun intérêt à l'émancipation du genre humain.
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Un ouvrage de référence écrit lors de la prise de pouvoir d'Hitler en Allemagne.Wilhelm Reich pose la question fondamentale et dramatique à l'époque : comment les Allemands et notamment sa classe ouvrière réputée avoir atteint un haut niveau de maturité politique, ont pu se laisser abuser par l'idéologie nazie? Pourquoi les fondamentaux du marxisme qui postulent, notamment que le développement du mode de production capitaliste, comme tous ceux qui l'ont précédés, doit intensifier la lutte des classes, ne se sont pas traduits par un rejet des nazis?
Le diagnostic de Reich est que l'individu est asservi par une autorité patriarcale qui l'enferme dans une frustration sexuelle et dans la peur.
Le tour de force d'Hitler est d'avoir su, avec ses talents d'orateur et l'orchestration des grands rassemblements, capter cette frustration individuelle dans une sublimation collective. Cette sublimation a eu pour corollaire une régression de l'individu, en particulier d'un point de vue social et éthique. Une sorte de vases communicants a été mis en place entre l'appauvrissement de la psychologie individuelle rétrécie à un niveau primaire et un transfert en compensation dans une transcendance collective irrationnelle et en définitive suicidaire.
Le fascisme n'a pas créé cet asservissement individuel mais l'a aggravé et l'a porté à une sorte de paroxysme tout particulièrement dans le cas du nazisme.
Même s'il existe d'autres facteurs expliquant le succès de Hitler, à commencer par la capitulation voire une certaine bienveillance par crainte du communisme des gouvernements français et anglais l'analyse de Reich apparait pertinente surtout posée juste au moment de la prise du pouvoir sans avoir le confort du recul historique. Cette analyse rejoint sous un angle différent celle portée par Hannah Arendt dans son ouvrage de référence "les origines du totalitarisme"
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Rédigé entre 1930 et 1933, juste avant la prise de pouvoir des nazis, cet ouvrage de référence a naturellement pris quelques rides du fait des modifications notables que la domination a apporté à son mode de fonctionnement et tout particulièrement dans le contrôle de ce que l'on appelle l'opinion. Ce que Goebbels, ministre de la propagande du régime nazi rêvait, la société spectaculaire-marchande l'a réalisé beaucoup plus efficacement.
Il faut donc se rappeler que Wilhelm Reich, en tant que penseur critique de cette époque particulièrement troublée, fut parmi les premiers à tenter de faire usage des découvertes de la psychanalyse freudienne conjointement à la pensée émancipatrice de Marx. Ce qui le désigna automatiquement comme cible privilégiée de toutes les tendances totalitaires et réactionnaires de son temps. Tendances qui, hier comme aujourd'hui, ne veulent pas admettre cette synthèse, profondément novatrice, orientant les recherches « sur la manière dont l'homme d'une certaine époque est, pense, agit en fonction de sa structure caractérielle, sur la manière dont les contradictions de son existence se répercutent en lui, sur la manière dont il tente de maîtriser sa vie. »
Contestant des approches purement psychologisantes ou purement économiques, Reich tente une approche globale d'un phénomène complexe qui reste toujours aussi angoissant en notre époque : pourquoi les « masses » font-elles ainsi le choix du pire ? « La question n'a pas été posée de savoir comment des masses paupérisées ont pu passer au nationalisme. Des mots comme "chauvinisme" "psychose", "conséquences du traité de Versailles" n'expliquent pas la tendance du petit bourgeois ruiné à épouser le radicalisme de droite, puisqu'ils ne cernent pas réellement le processus en question. »
« La critique n'a de sens et de portée pratique que si elle peut montrer à quel point précis on est passé à coté des contradictions de la réalité sociale. »
Reich dénonce également le verbiage issu de l'héritage marxiste dévoyé : « Des méthodes vivantes se sont figés en formules, des recherches scientifiques en schémas creux. »
Pour cela, il cherche à revenir aux fondamentaux d'une pensée qui se veut réellement dialectique, démontrant que les contradictions d'une époque, ses mensonges et dissimulations diverses, ont une relation directe avec la formation de la psyché des individus qui la composent et donc avec leur aliénation : « S'il est vrai qu'une "idéologie agit en retour sur le processus économique", elle a dû se transformer auparavant en une puissance matérielle.
(...) Comme les hommes faisant partie des différentes couches ne sont pas seulement les objets de ces influences mais les reproduisent aussi comme individus actifs, leur pensée et leur action doivent être aussi contradictoires que la société d'où elles émanent. Comme une idéologie sociale modifie la structure psychique des hommes, elle ne s'est pas seulement reproduite dans ces hommes, mais -- ce qui est plus important -- elle a pris dans la forme de l'homme concrètement modifié et agissant d'une manière modifiée et contradictoire le caractère d'une force active, d'une puissance matérielle. C'est ainsi et seulement ainsi que s'explique l'effet en retour de l'idéologie d'une société sur la base économique dont elle est issue. »
Pour bien saisir la portée des analyses de Reich, on les replacera donc dans leur contexte, à savoir les aboutissements de la République de Weimar, régime issu des conséquences en Allemagne de la guerre 14-18 et massacreur de la tentative révolutionnaire de 1918 en ce pays. Mais aussi l'échec de la Révolution russe avec la prise de pouvoir des bolchéviks et la mise en place d'un régime totalitaire, d'un capitalisme d'État, fort éloigné des aspirations historiques de Marx. Et la mainmise de ce régime, dans les années 20, sur tous les partis dits-communistes européens dont les directions furent transformées en simple relai du régime stalinien. On comprendra mieux alors toute la portée des « contradictions » dont parle Reich.
L'on dispose bien alors d'une clé de compréhension de ce qui, pour beaucoup, reste un phénomène historique incompréhensible. Analyse qui a le grand mérite d'être applicable aussi bien pour le nazisme que pour son pendant stalinien. le plus grand reproche que l'on puisse formuler à l'encontre de la pensée de Reich, c'est qu'elle ait trouvé si peu de continuateurs conséquents. Et que, de ce fait, la relation entre l'inconscient humain et le champ politico-social reste tristement inexploré.
Sauf à un niveau primaire (pour la propagande et la publicité) par ceux qui sont les représentants de la domination et qui n'ont donc aucun intérêt à l'émancipation du genre humain.
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L'examen de l'efficacité psychologique d'Hitler sur les masses devait partir de l'idée qu'un "führer" ou représentant d'une idée ne pouvait avoir de succès (succès non pas historique mais essentiellement passager) que si ses concepts personnels, son idéologie ou son programme étaient en harmonie avec la structure moyenne d'une large couche d'individus nivelés par la masse.
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excellent
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