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Critique de Unvola


Ce formidable Essai publié en 2000, de ce grand Penseur que fût Jean-François Revel, représente un florilège d'analyses concrètes, d'une pertinence rarissime, d'un intérêt intellectuel et moral indispensables pour éveiller les consciences ; voire tenter (si cela est encore possible ? !) de réveiller certaines consciences qui sont encore aujourd'hui, volontairement, sous domination idéologique, à propos des régimes totalitaires et en particulier…, du Communisme. Communisme, toujours dramatiquement encore au Pouvoir, en ce début de 21ème siècle, dans plusieurs pays du monde : en Chine, à Cuba, en Corée du Nord, au Vietnam, etc..

Au nom de cette Idéologie, le Communisme a exterminé extrêmement large : environ 100 000 000 de morts innocents dans le monde entre 1917 et la fin du 20ème siècle, pour créer un « peuple nouveau » et lui proposer un soi-disant « paradis » terrestre…, qui n'est bien évidemment jamais advenu !
En revanche, le Communisme a engendré un effroyable, monumental et absurde gâchis en vies humaines.

Voici donc ci-dessous, quelques pages d'anthologie incomparables et indispensables (selon moi) issues de la description et de l'analyse de l'auteur, concernant l'un des deux plus grands Mal du XXème siècle : le Totalitarisme Communiste.

* Pages 32 et 33 :
« Car, pour reprendre le raccourci symbolique du Mur, ce qui marque la faillite du communisme, ce n'est pas la chute du Mur de Berlin, en 1989, c'est sa construction, en 1961. Elle démontrait que le « socialisme réel » avait atteint un point de décomposition où il était contraint d'enfermer ses ressortissants pour les empêcher de le fuir. Malheureusement, le message tangible de cet éclatant aveu d'échec ne fut compris que par une minorité d'Occidentaux.
(…) C'est le déshonneur de l'Occident que le Mur fût en fin de compte abattu par les populations asservies au communisme en 1989 et non par les démocraties en 1961, comme il leur eût été si facile de le faire.
(…) L'utopie n'est astreinte à aucune obligation de résultats. Sa seule fonction est de permettre à ses adeptes de condamner ce qui existe au nom de ce qui n'existe pas.
* Pages 36 et 37 :
« Ainsi aux États-Unis comme en Europe, au moment où le communisme vient de s'effondrer et où l'horreur de son passé apparaît sous un jour enfin complet, ce sont les anciens anti-communistes qui sont mis en accusation, tandis que les anciens procommunistes entérinent avec une fierté redoublée les choix qu'ils ont faits.
Eux ne se sont pas trompés, ce sont leurs contradicteurs que l'histoire a réfutés. Pourquoi ? En particulier, parce que ces obsédés avaient qualifié le totalitarisme communiste d'irréversible. Or, il a disparu, donc l'événement leur a donné tort. J'ai déjà longuement répondu, en ce qui me concerne, à cette objection, dans le le Regain démocratique (note n°1 : 1992, Fayard et Pluriel-Hachette. Voir notamment le chapitre sixième, « le prévisible et l'imprévu », et l'annexe I, « de la réversibilité du communisme », reproduction d'un article paru en 1988). Je serai donc très succinct ici. J'ai souvent écrit que le communisme était irréversible dans ce sens qu'il était inamendable, mais je n'ai jamais dit qu'il fût irrenversable. J'ai même toujours dit le contraire. le rêve de la gauche universelle – perfectionner le communisme, l'humaniser, le rendre le plus efficace économiquement et moins répressif politiquement, tout en y maintenant les structures maîtresses du socialisme – a été, partout et toujours, réfuté par la pratique. Un système totalitaire ne peut pas s'améliorer : il ne peut que se conserver ou s'effondrer. Ce qui est une autre manière de dire qu'il n'est pas réversible, mais qu'il est renversable. C'est pourquoi j'ai écrit dans La Tentation totalitaire (1976) : « La seule manière d'améliorer le communisme, c'est de s'en débarrasser. » C'est exactement ce qu'ont fini par comprendre et par faire les peuples de l'ex-Union soviétique et des colonies d'Europe centrale, entre 1989 et 1991. »
* Pages 62 à 65 :
« Un malentendu fausse quasiment toutes les discussions sur les mérites respectifs du socialisme et du libéralisme : les socialistes se figurent que le libéralisme est une idéologie. Et, suivant une soumission mimétique souvent décrite dans ces pages, les libéraux se sont laissés inculquer cette vision grossièrement erronée d'eux-mêmes. Les socialistes, élevés dans l'idéologie, ne peuvent concevoir qu'il existe d'autres formes d'activité intellectuelle.
(…) Si, par exemple, un libéral dit à un socialiste : « À l'usage, le marché semble être un moins mauvais moyen d'allocation des ressources que la répartition autoritaire et planifiée », le socialiste répond aussitôt : « le marché ne résout pas tous les problèmes. » Certes ! Qui a jamais soutenu pareille ânerie ? Mais, comme le socialisme, lui, a été conçu dans l'illusion de résoudre tous les problèmes, ses partisans prêtent à leurs contradicteurs la même prétention. Or tout le monde n'est pas mégalomane, heureusement. le libéralisme n'a jamais eu l'ambition de bâtir une société parfaite. Il se contente de comparer les diverses sociétés qui existent ou ont existé et de retenir les leçons à tirer de l'étude de celles qui fonctionnent ou ont fonctionné le moins mal. Pourtant, de nombreux libéraux, hypnotisés par l'impérialisme moral des socialistes, acceptent la discussion sur le même terrain qu'eux. « Je crois à la loi du marché, mais elle ne suffit pas », déclare l'économiste américain Jeremy Rifkin (note n°1 : le Monde, 20 avril 1999). « le marché libre ne peut tout résoudre », renchérit le spéculateur George Soros (note n°2 : Jeune Afrique, 1er juin 1999. Repris de la New York Review of Books). Ces piètres truismes émanent d'un système de pensée figé, selon lequel le libéralisme serait une théorie opposée au socialisme par ses thèses mais identique à lui par ses mécanismes.
Or il n'est ni l'un ni l'autre. le libéralisme n'a jamais été une idéologie, j'entends n'est pas une théorie se fondant sur des concepts antérieurs à toute expérience, ni un dogme invariable et indépendant du cours des choses ou des résultats de l'action. Ce n'est qu'un ensemble d'observations, portant sur des faits qui se sont déjà produits. Les idées générales qui en découlent constituent non pas une doctrine globale et définitive, aspirant à devenir le moule de la totalité du réel, mais une série d'hypothèses interprétatives concernant des évènements qui se sont effectivement déroulés.
(…) Il faut donc réfuter l'affrontement entre socialisme et libéralisme comme étant l'affrontement de deux idéologies. Qu'est-ce qu'une idéologie ? C'est une construction a priori, élaborée en amont et au mépris des faits et des droits, c'est le contraire à la fois de la science et de la philosophie, de la religion et de la morale. L'idéologie n'est ni la science, pour laquelle elle a voulu se faire passer ; ni la morale, dont elle a cru détenir les clefs et pouvoir s'arroger le monopole, tout en s'acharnant à en détruire la source et la condition : le libre arbitre individuel ; ni la religion, à laquelle on l'a souvent et à tort comparée. La religion tire sa signification de la foi en une transcendance, et l'idéologie prétend rendre parfait ce monde-ci. La science accepte, je dirai même provoque, les décisions de l'expérience, et l'idéologie les a toujours refusées. La morale repose sur le respect de la personne humaine, et l'idéologie n'a jamais régné que pour la briser. Cette funeste invention de la face noire de notre esprit, qui a tant coûté à l'humanité, engendre en outre, chez ses adeptes, ce curieux travers qui consiste à prêter à autrui leur propre forme d'organisation mentale. L'idéologie ne peut pas concevoir qu'on lui oppose une objection si ce n'est au nom d'une autre idéologie.
Or toute idéologie est un égarement. Il ne peut pas y avoir d'idéologie juste. Toute idéologie est intrinsèquement fausse, de par ses causes, ses motivations et ses fins, qui sont de réaliser une adaptation fictive du sujet humain à lui-même – à ce « lui-même », du moins, qui a décidé de ne plus accepter la réalité, ni comme source d'information ni comme juge du bien-fondé de l'action.
C'est donc un non-sens, quand une idéologie est morte, de se dire qu'il faut de toute urgence la remplacer par une autre. Remplacer une aberration par une aberration, c'est de nouveau céder au mirage. Peu importe alors quel mirage se substitue au précédent, car ce n'est pas le contenu d'une illusion qui compte, c'est l'illusion même.
Le libéralisme n'est pas le socialisme à l'envers, n'est pas un totalitarisme idéologique régi par des lois intellectuelles identiques à celles qu'il critique. Cette méprise rend absurde le dialogue entre socialistes et libéraux.
(…) Mais, outre que le libéralisme n'a jamais été un fanatisme lancé contre un autre, je n'ai jamais lutté contre le communisme au nom du libéralisme, ou seulement au nom du libéralisme. J'ai lutté contre le communisme avant tout au nom de la dignité humaine et du droit à la vie. Que la faillite permanente et ridicule des économies administrées ne fût pas sans apporter quelques arguments aux économistes libéraux – encore que bien des socialistes le nient encore aujourd'hui farouchement – c'était incontestable, mais ce n'était pas l'essentiel. Quand on se trouve devant une prison doublée d'un asile de fous et d'une association de meurtriers, on ne se demande pas s'il faut les détruire au nom du libéralisme, de la social-démocratie, de la « troisième voie », du « socialisme de marché » ou de l'anarcho-capitalisme. de telles arguties sont même indécentes, et le débat sur libéralisme ou social-étatisme ne peut renaître légitimement que dans une société rendue à la liberté. J'ai combattu le communisme mû par la même « obsession » qui m'avait jadis fait combattre le nazisme : l' »idée fixe », « viscérale » du respect de la personne humaine. »
* Page 87 :
« Aucune des justifications avancées depuis 1917 en faveur du communisme réel n'a résisté à l'expérience ; aucun des objectifs qu'il se targuait d'atteindre n'a été atteint : ni la liberté, ni la prospérité, ni l'égalité, ni la paix. Si bien qu'il a disparu, sous le poids de ses propres vices plus que sous les coups de ses adversaires. Et pourtant, il n'a peut-être jamais été aussi farouchement protégé par autant de censeurs aussi dénués de scrupules que depuis son naufrage.
Que d'abnégation ne faut-il pas pour ferrailler en faveur d'un système politique et idéologique qui n'a plus d'avenir, pas même de présent, et dont le passé est à ce point grotesque, stérile et sanglant ! Pousser aussi loin le sacrifice volontaire de sa propre intelligence force l'estime, mais demeure une énigme : l'énigme de l'homme même, sans doute.
* Pages 89 à 97 :
« Comme il arrive parfois, les communistes inscrits ou leurs journalistes assermentés se montrent plus lestes dans l'esquive que leurs maladroits alliés. Ils accordent éventuellement qu' : « il n'est pas question de nier les crimes rapportés dans le Livre noir », selon les termes de Régine Deforges dans sa chronique de L'Humanité (note n°1 : 18 novembre 1997). de quoi est-il question, alors ? de soutenir que ces crimes ne sont en rien représentatifs du communisme. C'est la tactique qu'appliquera, imperturbable, le secrétaire national du PCF, Robert Hue, tout au long de l'émission « La Marche du siècle », déjà mentionnée, à laquelle j'ai participé en compagnie de Stéphane Courtois, d'Andreï Gratchev, ancien porte-parole de Gorbatchev et auteur de L'Histoire vraie de la fin de l'URSS (note n°2 : Éditions du Rocher. Traduit du russe par Galia Ackerman et Pierre Lorrain, 1992), de Jean Ferrat, vedette communiste de la chanson et de Jacques Rossi. Ce dernier, presque nonagénaire, ancien membre français de l'Internationale communiste, avait été, avant la guerre, arrêté à Moscou pour des motifs imaginaires, comme tant d'autres bons et fidèles serviteurs communistes, puis expédié au goulag, où il avait coulé des jours instructifs pendant dix-neuf ans. Il venait de publier – ce qui avait incité Jean-Marie Cavada à l'inviter – un Manuel du Goulag, « dictionnaire historique » (note n°1 : le Cherche-Midi éditeur, 1997). Il y montre, grâce à son expérience, en vieux client de ce type de villégiature, que le goulag était beaucoup plus qu'un camp de concentration répressif et liquidateur. « le goulag, écrit-il, servait de laboratoire au régime soviétique, dans le but de créer une société idéale : garde-à-vous et pensée unique. » (C'est moi qui souligne).
Rudes propos pour les communistes présents à l'émission. Aussi Robert Hue appliqua-t-il tout au long de la soirée son plan de bataille en deux parties. Premièrement, dit-il, nous reconnaissons l'existence des abominations relatées dans le Livre noir. Deuxièmement, ces abominations n'ont rien à voir avec le communisme. Elles en sont la perversion. Elles n'en découlent pas, elles le trahissent.
On admirera que ces socialistes « scientifiques » plaident avec autant d'ingénuité l'existence de phénomènes historiques sans cause, et qui sont en outre en proie à la contrariante habitude de se répéter avec la régularité d'une rotation astronomique. La répression concentrationnaire ou carcérale, les procès truqués, les épurations meurtrières, les famines provoquées accompagnent tous les régimes communistes, sans exception, tout au long de leur trajet. Et cette association constante serait fortuite ? En revanche l'essence véritable du communisme résiderait dans ce qu'il n'a jamais été, dans ce qu'il n'a jamais produit ? Qu'est-ce donc que ce système, le meilleur jamais conçu par l'homme, nous dit-on, mais qui est doté de cette surnaturelle propriété de ne jamais mettre en oeuvre, nulle part, autre chose que le contraire de lui-même, que sa propre perversion ?
À l'émission « Bouillon de culture » du 7 novembre, déjà, les communistes présents avaient soutenu que l'histoire du communisme tel qu'il avait été n'avait aucun rapport avec le communisme. Mais alors, pourquoi vous obstinez-vous à nier les crimes de ces régimes totalitaires qui, selon vous, n'étaient pas communistes ? S'ils vous demeurent si chers, c'est qu'ils l'étaient quand même un peu… Sinon, nous aurions d'un côté une série de causes porteuses de la plus sublime perfection et, de l'autre, une série d'effets parmi les plus exécrables de l'histoire humaine. Ce n'est plus du matérialisme historique, c'est de la magie noire. Malgré l'invraisemblance de leur délire ratiocineur, les communistes présents à « Bouillon de culture » atteignirent leur but, qui était de couper si constamment la parole à leurs interlocuteurs historiens que les téléspectateurs n'avaient quasiment rien pu apprendre de ce que contenait effectivement le Livre noir. Mission accomplie. Pour le coup de l'étrier, un communiste avait même fini par trouver le moyen de traiter Stéphane Courtois… d'antisémite !
À « La Marche du siècle », Robert Hue nous resservit la même rengaine : le communisme était un cerisier merveilleux sur lequel, par le plus incompréhensible des hasards, ne poussaient que des champignons vénéneux. Pour agrémenter ce raisonnement puissamment rationnel, Jean Ferrat joua la sentimentalité geignarde. Il s'attendrit sur la générosité, la fraternité, l'espérance, etc., communistes. Robert Hue était venu pour louvoyer et Jean Ferrat pour larmoyer. Les duettistes étaient bien rodés. le bouquet final réédita l'entourloupette utilisée par les braves camarades à « Bouillon de culture ». Ce fut le moment, déjà narré, où le secrétaire national sortit de sa manche et brandit devant la caméra un numéro du journal lepéniste National Hebdo, en nous accusant, Stéphane Courtois, Jacques Rossi et moi de faire le jeu du fascisme. Dans cette méprisable conspiration de notre « bande des trois », on flétrira comme particulièrement sournoise la ruse ingénieuse de Jacques Rossi. N'avait-il pas poussé le vice réactionnaire jusqu'à se faire enfermer pendant dix-neuf ans au goulag, dans le seul dessein évident de servir dans l'avenir la propagande anticommuniste d'un futur Front national qui alors n'existait même pas ? Qui n'est pas fasciste, d'ailleurs, aux yeux des communistes, à un moment ou à un autre ? Faut-il rappeler que, jusqu'au mot d'ordre d'unité d'action qui donna naissance au Front populaire de 1936, les socialistes étaient couramment appelés par le PCF et l'Internationale communiste, les « sociaux-fascistes » ?

P.S. : Vous pouvez consulter ce commentaire, dans son intégralité, sur mon blog :
Lien : https://communismetotalitari..
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