Violette Morris, Tome 1 : Première comparution

Ce premier tome ne va pas assez loin pour pouvoir s'en faire une véritable idée, le scénario est trop cinématographique, jouant avec les flashback, les saynètes où Violette Morris nous fait la démonstration de son langage châtié, j'ai eu l'impression de regarder un téléfilm, ça manque d'originalité, de rythme, malgré le propos. le dessin trop léché, trop lisse et sans prises de risques ne m'a pas enthousiasmé.
Et le caractère du personnage manque totalement d'aspérités, dans le ton, l'atmosphère et l'époque, cette série rappelle la série “Il était une fois en France” de Fabien Nury et Sylvain Vallée, mais leur personnage était au contraire très ambigu et c'était ce qui en faisait tout le sel. Quand aux causes homosexuelles et féministes, il y a des oeuvres de bande dessinées beaucoup plus subtiles sur le sujet.
Ici, arrivé à la fin, je n'ai ressenti qu'une impression d'une accumulation de poncifs sur l'homosexualité féminine dans la première moitié du XXe siècle, une suite d'anecdotes et de clichés, et le reportage de la fin est presque plus intéressant. Je n'ai jamais été remué alors que le sujet l'aurait permis, même sans tomber dans le manichéen de base ou le larmoyant sirupeux. Cette série évite tout de même ces deux écueils, c'est toujours ça. J'espère que la suite nous réveillera un peu, j'ai toujours un doute sur les choix éditoriaux de ce genre, on divise l'histoire en plusieurs parties pour vendre plus d'albums, alors qu'un gros pavé aurait pu être excellent, et on sort des albums dont un sur deux nous frustre. J'attends de voir la suite, mais je ne suis pas certain que ce premier tome m'ait suffisamment motivé pour ouvrir le second.

Personnalité sulfureuse à l'histoire trouble, Violette Morris était une sportive accomplie dans de multiples disciplines dont l'histoire a également retenu des probables activités de collaboration qui auraient conduit à sa mort, elle aussi emplie de zones d'ombre.
Le personnage en tant que tel est tellement riche qu'il semble dépasser la fiction et aurait pu être un sujet de BD formidable, comme pour Joseph Joanovici dans 'Il était une fois en France'. Sauf que ici, l'histoire manque cruellement de profondeur.
C'est lisse, les rapports entre les gens manquent terriblement de subtilité et les scènes se succèdent sans transition ni réel affect psychologique.
J'attends tout de même de lire la suite pour voir quelle voie (l'officielle ou celle de la contestation) ont suivi les narrateurs.

Autre BD choisie pour moi par ma bibliothécaire, Violette Morris est l'histoire imaginée de cette sportive hors du commun qui a réellement existé. Bien que je ne sois pas une adepte des BD, j'avoue que cela m'a permis de connaître l'existence de cette femme qui a marqué son temps ainsi que le sport, puisqu'elle a contribué à valoriser le sport féminin au même niveau que celui des hommes. Une féministe avant l'heure, en quelque sorte.
Un mot sur l'auteure, Marie-Jo Bonnet, historienne et écrivaine, promotrice de la BD féminine, auteure de nombreux ouvrages sur l'histoire des femmes, l'homosexualité, l'art, la Résistance et la déportation.
Il me reste à découvrir le tome 2 pour connaître le sort de Violette.