Mettre de la musique ou profiter au contraire du silence et rester seule. L’intimité est un luxe que je peux aujourd’hui m’offrir.
J’ai la mémoire sélective, mon cerveau enregistre par intermittence, mais quand il le fait, c’est indélébile.
Je n’ai pas pleuré, pas une seule larme. Je suis devenue fossile. Oui je suis desséchée et vide, toute eau m’a quittée. Je ne sens plus grand-chose.
Nous avons tous nos cicatrices, elles sont plus ou moins cachées, c'est tout.
Je suis submergée à chaque fois par une vague de tendresse et de gratitude. J’ai envie de remercier…Qui ? Je ne sais pas, qu’importe, pour tout ce bonheur.
Je marche sur la grève. Cherche des preuves de mon existence. Mes traces de pas dans le sable où mes pieds s'enfoncent légèrement. Mon ombre sombre sur le sol doré, plus fine que dans mes souvenirs. Autrefois j'étais une bonne vivante. Mes joues ont fondu, mes fossettes, disparu. Mais l'une d'elles, la gauche, fait sa timide réapparition.
C’est un monde parallèle, un monde qui n’est pas pour moi. Mes rêves sont simples.
Ils n’ont rien fait pour moi, à part me donner une vie de misère, un vide de merde…
J’ai longtemps fait de mon mieux pour que tout ça tienne. Pour que ça ressemble à quelque chose, notre famille. J’ai fini par jeter l’éponge, cela ne servirait à rien.
Un silence qui ne heurte pas ma peine, une sorte de douceur ambiante.