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Citations sur L'Homme-dé (142)

Je voulais commettre un meurtre qui ferait plaisir à Agatha Christie et ne l'offenserait pas. Je voulais un crime si ingénieux que personne ne devinerait le coupable, ni l'assassiné, ni la police, ni même moi.
Évidemment, un crime aussi parfait est impossible. J'ai donc décidé d'en revenir à mon projet précédent, de massacrer sans émois, sans complications,sans violence, avec dignité, de la grâce et de l'esthétisme béat. Je devait bien ça à la victime.
Mais comment ? seul les dés le savaient. Il me faudrait avoir la foi.
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Je pouvais aussi utiliser deux dés, ce qui permettait des arrangements beaucoup plus subtils des probabilités. Je m'étais tout de même fixé deux principes auxquels je ne dérogeais pas. D'abord, il fallait jamais inclure un choix si je me sentais incapable de le suivre. Ensuite, il me fallait obéir aux décisions des dés sans arrière pensée et sans chipoter. Une vie-dé réussie consistait sans le fait d'accepter d'être la marionnette, et d'accepter que les dés soient les marionnettistes.
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-Mais je ne vois pas pourquoi, dit-elle.
Tu dis que je pourrais faire choisir aux dés si l'on baise ou pas ce matin. Je trouve ça idiot. J'ai envie de baiser. Pourquoi faire intervenir les dés ?
-Parce qu'il y a beaucoup de petites fractions de toi-même qui n'ont pas envie de baiser. Il y en a une qui a envie de me frapper, ou de revenir en courant chez Jake, ou de parler psychanalyse.
Mais on ne laisse jamais vivre ces petites fractions. Tu les réprimes parce que dans l'ensemble, tu as surtout envie de baiser.
-Si elles sont si petites, elles n'ont qu'à le rester.
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Terry Tracy, mes amis, remplit ses devoirs spirituels avec une adresse, une docilité, une ferveur et un sérieux admirable. Avec même, une excessive habileté.
Comme j'avais d'abord du mal à entrer en elle, je l'encourager à baptiser l'enfant non circoncis avec la sainte eau de sa bouche, ce à quoi elle s'employa avec tant de dévotion, que je tardais à me remémorer mon but central.
A ce moment-là, j'étais spirituellement trop bien parti pour exercer une pression quelconque sans parvenir selon toute vraisemblance à la grâce divine complète et immédiate.
Elle eut la compréhension de me consoler avec ses mains, puis abaissa sa sainte bouche sur l'enfant tremblant et l'y baigna : elle avait le don des langues.
Je gémissais avec un manque total de cohérence et de dignité, comme il arrive en général en de telle vêpres émotionnelles, et je sentis monter le Saint-Esprit.
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De retour à mon bureau, je récrivis les deux premières options : quitter Lil et abandonner les dés. J’accordai alors une chance sur cinq à l’option de décider au début de chacun des sept mois suivants (c’est-à-dire jusqu’au premier anniversaire du jour D à la mi-août) à quoi chacun de ces mois devrait être consacré. J’attribuai les mêmes chances à l’option d’essayer d’écrire un roman pendant ces sept mois. Un peu plus à celle de faire trois mois de tourisme en Europe et de voyager le reste du temps selon le caprice du dé. Ma dernière option était de remettre la conduite de mes recherches de sexologie avec le Dr Felloni à l’imagination du dé.

Le premier jour semestriel de la distribution de ma destinée était arrivé – une occasion mémorable. Je bénis les dés au nom de Nietzsche, de Freud, de Jake Ecstein et de Norman Vincent Peale et les agitai dans mes mains en coupe, en leur faisant durement heurter mes paumes. Je gloussais d’impatience : c’était une demi-année de ma vie, peut-être même plus qui tremblotait là dans mes mains. Les dés roulèrent sur le bureau ; il y avait un six et un… trois. Neuf : survie, anticlimax, inachèvement, et même désappointement ; les dés m’avaient ordonné de recommencer chaque mois à leur faire choisir ma destinée particulière.
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(Extrait du New York Times, mercredi 13 août 1969, dernière édition.)
« La plus grande évasion collective de l’histoire des établissements psychiatriques de l’État de New York : trente-trois malades du Queensborough State Hospital de Queens se sont évadés hier soir durant une représentation de Hair au Blovill Theater, en plein cœur de Manhattan.
À 2 heures ce matin, dix d’entre eux avaient été repris par la police municipale et le personnel de l’hôpital mais vingt-trois resteraient introuvables.
Les malades étaient restés tranquillement assis durant le premier acte de la célèbre comédie musicale au Blovill Theater, mais ils commencèrent à ménager leur évasion au deuxième acte. La plupart d’entre eux se faufilèrent sur scène en dansant sur la musique de la première partie du deuxième acte « Where do I Go ? », ils se mêlèrent aux acteurs, puis gagnèrent les coulisses et enfin la rue. Les spectateurs ont cru, semble-t-il, que l’intervention des malades faisait partie de la représentation.
Les autorités hospitalières déclarent que quelqu’un aurait visiblement falsifié la signature d’un directeur de l’hôpital, le docteur Timothy J Mann, apposée sur des documents donnant ordre à des membres du personnel de prendre les dispositions nécessaires pour assurer le transport au théâtre de trente-huit malades du service des admissions en affrétant spécialement un car. Le docteur Luke Rhinehart que les documents falsifiés avaient invité à organiser et a dirigé cette expédition a déclaré que, occupé ainsi que les surveillants à retenir les trois ou quatre malades éventuellement dangereux, il avait été dans l’impossibilité de poursuivre la majorité des autres au moment de leur fuite dans les coulisses. Au total, cinq malades furent retenus dans l’enceinte du théâtre.
« Cette excursion n’aurait pas dû avoir lieu à une telle heure ni dans de telles conditions ; elle était en fait ridicule et je le savais, a-t-il dit mais j’ai essayé en vain par quatre fois de joindre le docteur Mann pour l’interroger sur ce que j’avais à faire et, faute d’y parvenir, je n’avais plus qu’à essayer de la mener à bien. »
D’après la police, l’importance de cette évasion collective, le caractère de certains patients qui en font partie, les faux nombreux et compliqués nécessaires pour tromper les membres du personnel responsable, semblent indiquer un complot d’envergure.
Parmi les évadés figurent Arturo Toscanini Jones, membre du Black Party qui avait fait naguère parler de lui en crachant à la figure du maire John Lindsay au cours d’un de ses bains de foule à Harlem, et le hippie bien connu Éric Cannon, dont les admirateurs ont récemment fait scandale pendant la messe de Pâques à la cathédrale Saint-John-the-divine.
La liste complète des évadés n’a pas encore été rendue officielle par les autorités de l’hôpital, qui attendent d’avoir pu prendre contact avec les familles des fugitifs.
La plupart d’entre étaient vêtus d’uniformes kaki et de T-shirt et ne portaient pas de chaussures de ville mais des tennis, des sandales ou des pantoufles. On apprend même, de source digne de foi, que certains étaient en veste de pyjama ou en peignoir de bain.
La police signale que certains malades pourraient avoir des réactions violentes si on l’on tentait de les arrêter et recommande à la population de n’approcher tout fugitif reconnu qu’avec prudence. Elle précise qu’il y a parmi eux demande deux membres du Black Party de Mr Jones.
Au moment de mettre sous presse, une enquête approfondie allait être engagée.
Les responsables du Blovill Theater et de Hair Productions, Inc. ; ont démenti avoir organisé cette évasion à titre publicitaire».
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– Je veux que tu me fasses sortir, dit tranquillement Éric en tenant du bout des doigts comme un objet fragile un sandwich à la salade de thon. Nous nous trouvions à la cafétéria du pavillon W, parmi la foule des malades et de leurs visites. À la circonstance, je portais un vieux complet noir et un pull chaussette noir, il était, lui, en uniforme d’hôpital psychiatrique, raide et gris.
– Pourquoi ça ? demandai-je en me penchant vers lui pour mieux l’entendre à travers le boucan environnant.
– Il faut que je sorte ; je ne fais plus rien d’utile ici.
Il regardait par-dessus mon épaule la foule confuse d’individus derrière mon dos.
– Mais pourquoi moi ? Tu sais que tu ne peux pas me faire confiance.
Je ne peux pas te faire confiance, eux non plus, personne ne peut te faire confiance.
– Merci.

– Mais tu es le seul type à qui l’on ne puisse pas faire confiance de leur côté, qui en sache assez pour nous aider.
– Tu m’en vois flatté.
Je souris, me renversai sur ma chaise et, mal à l’aise, absorbai une gorgée de lait chocolaté au moyen de la paille plongée dans mon gobelet en carton. Je n’entendis pas le début de la phrase suivante.
– …on partira. Je le sais. De toute façon, ça se fera.
– Quoi ? dis-je en me penchant de nouveau vers lui.
Je veux que tu nous aides à foutre le camp.
– Ah, très bien. Et quand ça ?
– Ce soir.
– Haaa…, fis-je, comme un médecin qui vient de réunir un ensemble de symptômes particulièrement significatif.
– Ce soir à 8 heures.
– Pas huit heures et quart ?
–Tu vas commander un car pour emmener un groupe de malades voir Hair à Manhattan.le car arrivera à huit heures moins le quart. Tu viendras avec nous et tu nous feras sortir.
– Pourquoi veux-tu voir Hair ?
Ses yeux noirs eurent un bref éclair à mon adresse puis se reposer sur la mêlée humaine derrière mon dos.
– On ne va pas voir Hair. On se barre, précisa-t-il calmement. Toi, tu vas nous faire faire le mur.
– Mais personne ne peut quitter l’hôpital comme ça, sans un écrit signé du Docteur Mann ou d’un autre directeur de l’hôpital.
– Tu n’as qu’à faire un faux. Si c’est un médecin qui le remet à l’infirmier de service, personne ne se doutera que c’est un faux .
Page 347
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Les modèles que se constitue l'enfant sont une prostitution aux modèles parentaux. Ce sont les adultes qui les régissent et ce sont eux qui décernent des récompenses aux enfants qui s'y conforment. Tout est affaire de modèles. Et ça se termine par le malheur de tous.
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Mères du monde entier, que ne donneriez-vous pas pour ne passer que cinq heures par jour avec vos enfants ?
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Et toi, lecteur, mon compagnon, bouffon tout autant que moi, oui, toi, cher être insignifiant, toi aussi, tu es l'Homme-dé. Toi qui lis ce livre depuis le début, te voilà condamné à voir marqué à jamais dans ton âme le moi que j'ai ici décrit comme par un fer chaud : l'Homme-dé. Tu es multiple, et l''un de toi est moi. J'ai créé en toi une puce qui donnera pour toujours l'envie de te gratter. Ah, lecteur, tu n'aurais pas dû me laisser naître. Les autres moi peuvent mordre aussi, de temps à autre. Mais la puce Homme-dé exige qu'on la gratte sans cesse : elle est insatiable. Tu ne connaîtras plus jamais un seul instant où tu n'auras pas envie de te gratter - sauf si, bien sûr, tu deviens toi-même une puce. (p.291)
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