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Critique de Sofiert



Dans le roman d'Andrew Ridker, le personnage de la fille de la famille qui travaille dans une maison d'édition, déclare à propos du roman de son ancien professeur qu'il lui demande d'éditer : "Selon Maya, c'était le genre de roman qui aurait pu être publié avec un certain succès une vingtaine d'années plus tôt."
C'est exactement le sentiment que j'ai eu à la lecture de "Hope", l'histoire d'une famille juive aisée qui va se mettre à dysfonctionner.
Sans doute, l'auteur gagne son statut de digne héritier des grands auteurs judéo-américains, de Philip Roth à Jonathan Franzen en passant par Saul Bellow, mais c'est en reproduisant quasi à l'identique une narration qui a déjà prouvé son efficacité dans la dissection
d'un microcosme familial.

Certes la chronologie a été actualisée puisque l'intrigue se déroule en 2013, pendant l'époque Obama et Ridker évoque largement la situation en Israël et à Gaza, ainsi que le combat des kurdes pour la création d'un état.
Il n'empêche que si la lecture est très plaisante ( on ne va pas bouder son plaisir d'autant que l'écriture est alerte), l'impression de déjà-vu ne parvient pas à s'estomper.

L'intrigue reste un classique du genre .La famille Greenspan vit confortablement à Brookline dans le Massachusetts. Scott est médecin, Deb, une ancienne danseuse, est femme au foyer et s'investit dans sa synagogue et dans l'accueil des réfugiés. Leur fille Maya travaille dans une prestigieuse maison d'édition alors que leur fils Gideon va entamer ses études de médecine. Bref la famille parfaite aux yeux du voisinage.
Sauf que Scott, qui doit entretenir une mère exigeante, est amené à falsifier des échantillons de sang dans une étude de recherche. Deb le quitte alors pour vivre avec son amante , Maya débute une relation avec un ancien professeur tout en étant fiancée et perd son emploi, tandis que Gideon abandonne ses études pour combattre auprès des kurdes.

Cette succession de mauvais choix de vie, dans la mesure où ils prennent le contre-pied du chemin tracé, donne des portraits de personnages bien développés, alors que l'auteur a opté pour une présentation successive de leurs points de vue. Il s'inscrit également dans la tradition du roman juif-américain en s'exprimant sur le ton de la satire et d'un humour acerbe et en construisant son intrigue sur une succession d'épisodes tragi-comiques.
L'insertion de la famille dans une communauté juive aisée semble parfaitement harmonieuse, tout comme le respect des traditions et des fêtes religieuses. Toutefois, l'auteur va introduire le sentiment de doute et le malaise que peuvent éprouver certaines populations juives face à la politique menée par l'état juif.

" Petite fille, Deb avait fait du porte à porte afin de collecter de l'argent pour le Fonds national juif. Elle avait été élevée dans la conviction de la nécessité d'un Etat juif et tenté de transmettre ce credo à ses enfants. Mais ces dernières années, elle se sentait de plus en plus gênée par les colonies, et s'en voulait que cette prise de conscience ait mis tant de temps à arriver. le glissement qu'operait le pays vers un régime autoritaire de droite, donnait à Deb l'impression d'être agressée par sa propre famille. "
On devine que l'interrogation de Deb est partagée aux États-Unis et ailleurs, et notamment par l'auteur lui-même.

Bien qu'il ne fasse pas preuve d'originalité dans l'intrigue ou dans l'écriture, ce roman constitue un divertissement savoureux lorsque l'on apprécie d'assister à l'autopsie d'une famille parfaite qui soudain se désagrège dans un climat d'ironie distante mais sans cynisme.
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