Jacob et Abe Portman.
Le premier adore écouter les récits que lui narre son grand-père du temps de sa folle jeunesse. Des chroniques aux allures de conte tant Abe joue avec l'histoire comme avec les protagonistes qui les parsèment.
En effet, comment prendre au sérieux un personnage, fût-il son aïeul adoré, n'aimant rien moins que d'évoquer des entités aussi insolites qu'une petite fille ayant le pouvoir de léviter, un jeune garçon squelettique à la force titanesque ou bien encore un troisième totalement invisible aux yeux du commun des mortels, uniquement des " Freaks " en culotte courte qui trouveraient aisément leur place dans l'univers d'un
Tim Burton certainement preneur.
Jacob n'en a cure et s'en amuse, l'important étant d'être toujours aussi proche de cet ancêtre un brin déjanté.
Mais toutes les bonnes choses ont une fin, ce bon vieux Abe Portman également.
Une disparition mystérieuse, une lettre qui ne l'est pas moins, il n'en faudra pas plus au jeune Jacob pour décider d'aller marcher sur les traces de ce passé familial d'exception...
Aaaaah, enfin un bouquin jeunesse digne de ce nom.
Un titre aussi intrigant que sa couverture. Une narration originale entrecoupée de mystérieuses photographies en noir et blanc du plus bel effet ( majoritairement authentiques qui plus est ) accentuant un peu plus ce sentiment d'étrangeté omniprésent, la promesse est belle. Mieux, elle est tenue !
Et puis merci à Riggs de nous avoir fait grâce d'une énième dystopie.
Le propos est original et audacieux puisqu'il questionne finalement sur la différence et les persécutions qui en découlent, le tout porté par une plume alerte, sensible et travaillée, à des années-lumière des pauvres standards actuels pourtant largement plébiscités par un public décidément peu regardant.
- Dis-moi, Jim ?
- Huuuum...
- As-tu du souci inquiétant qui te cause de l'anxiété angoissante, John ?
- Huuuum....
- Tu sais, tu peux tout me dire, Jacques, ne suis-je pas la femme que tu n'aimes plus que touuuut au mooon-de ?
- Huuuummm....
- Merci d'avoir partagé ce petit moment de complicité, Jim-John, j'en avais besoin...
Et n'aie crainte, je serai mouette comme une trombe...
A contrario, quel bonheur, ici, de côtoyer
Miss Peregrine et les Enfants Particuliers tout en se laissant bercé par son imaginaire débridé.
Intelligent, inclassable et captivant, cette Miss Peregrine devrait fédérer un large public, ce qui ne serait finalement que justice !
Un grand merci et Babelio et aux éditions Bayard pour cette parenthèse insolite et désenchantée...