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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quel point commun entre Rachida Dati, la narratrice et Sara, une jeune femme au destin tragique ? …Chalons sur Saône !

C'est là qu'elles ont grandi, toutes les trois, où elles se sont croisées dans un quartier déshérité comme on en a construit tant dans les années 60. Mêmes rues arpentées, même école et pourtant, leurs parcours seront tellement différent. On connaît celui de l‘avocate qui deviendra garde des Sceaux, députée européenne et j'en passe. Remarquable quand on est issue d'une famille de onze enfants aux moyens plus que modestes. Si le destin s'est montré plutôt clément envers la narratrice , il n'en a pas été de même pour Sara, dont la souffrance physique et psychique s'exprime au cours de crises de somnambulisme. La détresse conduit à la prise de sédatifs, qui ruinent les capacités déjà amoindries, et créent l'addiction. Jusqu'au drame.

Avec beaucoup de tendresse pour ce personnage si malmené par l'existence, Johanne Rigoulot essaie de comprendre. Comment Sarah en est-elle arrivée à une impasse existentielle ? Quelles conditions, quel contexte social, et quels rendez-vous funestes ont pu mettre en place le scénario final ?

Sans parti pris, sans jugement, une belle analyse de ce que la société fait aux plus fragiles, portée par une plume sobre et agréable.

Merci à Netgalley et aux éditions Les avrils

160 pages Les Avrils 20 septembre 2023
#Unefilledeprovince #NetGalleyFrance


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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C'est l'histoire de deux copines, Johanne et Sara, qui ont grandi dans un quartier populaire et ouvrier de Chalon-sur-Saône dans les années quatre-vingt. Johanne, la narratrice, a quitté la ville depuis longtemps mais « la petite Jojo de Chalon coexiste en moi avec la crâneuse parisienne aux talons trop hauts et au parfum trop cher. Sara, cadette d'une famille de six enfants nés d'un père kabyle et d'une mère française, y est resté, pour son malheur puisqu'elle s'est suicidée après sa sortie de prison où elle purgeait une peine pour assassinat. Des années plus tard, Johanne revient à Chalon, pour « déterrer le souvenir d'une petite fille née victime et morte coupable ». Cette quête de vérité la replonge dans ses souvenirs d'enfance et d'adolescence, tout en essayant de comprendre comme on transforme une gentille petite fille en meurtrière de grand-mère.
Ce roman très bien écrit et qu'on suppose autobiographique présente deux intérêts majeurs. D'abord, c'est une touchante évocation de la vie quotidienne dans une cité de province des années quatre-vingt. Ensuite, l'autrice aborde le délicat problème de la santé mentale, de ses affections trop vite soignées à grands renforts de médicaments, parfois contradictoires et générateurs de sévères troubles psychologiques.
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Nouvelle pépite de la maison d'édition « les Avrils » qui sait trouver et publier des écritures contemporaines originales.
Sur le bandeau de couverture, une banale photo de classe dans une cour d'école. Une image un peu passée, remontant aux années 1980 à en croire les pulls des enfants. A y regarder de plus près, on ne distingue que le visage de l'autrice. Celui de ses camarades est dissimulé sous une pastille. Parmi eux se cache une meurtrière. Celle qui a sauvagement tué de multiples coups de couteau la vieille dame chez qui elle travaillait. Une meurtrière donc, mais n'importe qui. Une meurtrière qui était aussi une copine de classe, une amie d'enfance. Une fille banale, d'une ville de province banale. Quoiqu'à y regarder à nouveau de plus près, on peut trouver quelques pistes : la précarité qui s'installe, l'urbanisme qui sépare, l'éducation publique qui s'effrite…
En retournant sur le lieu de son enfance, sur les traces de son amitié perdue, Johanne Rigoulot cherche à comprendre et transforme ce fait divers, comme il en existe tant d'autres, en un récit intime et sociologique pour ne pas dire politique. En dépit que quelques faiblesses stylistiques et de quelques facilités narratives, le récit nous happe et nous embarque dans un voyage à multiples fonds à effet miroir entre hier et aujourd'hui.
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A nouveau, un texte surprenant, interpellant publié par les éditions Les Avrils, qui au fils de leur ligne éditoriale, nous font découvrir de nouvelles plumes.
Un titre qui m'a questionné, "province" est souvent utilisé par les Parisiens pour désigner les autres, ceux qui ne vivent pas dans la Capitale.
Johanne Rigoulot est "une fille de province", elle vit à Paris mais est née à Chalons sur Saône et y a vécu son enfance, son adolescence et dans ce texte, elle va revenir dans sa ville, sur les traces de ses souvenirs et pour se souvenir de ses amies d'école (que sont devenues les enfants sur les photos de classe). Elle nous parlera aussi d'une "célébrité" de la ville qui a "réussi" Rachita Dati. Des pages sur la façon dont Rachita Dati raconte, elle, son enfance et son ascension sociale, politique.
Elle raconte sa ville, de belles pages sur l'architecture de la ville et de la région, sur l'économie de cette région mais surtout sur les souvenirs de son enfance et adolescence et ses souvenirs de camarades de classe. de différentes classes sociales d'ailleurs.
Elle est une fille d'une famille de ce que l'on appelle la classe moyenne, des parents attentionnés, une nourrice qui s'occupe des enfants et c'est ainsi qu'elle ira au début de a scolarité dans une école "populaire". Puis elle quittera cette école pour une école plus "bourgeoise", mais elle gardera le souvenir de copines de classe. Et en particulier, de Sara et là le livre pourrait devenir un polar. Car la petite Sara, déjà une enfant un peu sauvage à l'école va faire la une des journaux car elle va assassiner une commerçante de la ville, où elle était logée en échange de petits services. L'auteure va alors enquêter sur ce fait divers et tenter de comprendre.
Le portrait de Sara est impressionnant, son chemin de vie est difficile, une enfance avec un père violent, une famille nombreuse, très proche de la précarité, des problèmes psy soignés par une médication excessive.
Un texte qui mêle beaucoup de thèmes mais c'est aussi un hommage à la vie de province, de petits gens. C'est un constat alarmant aussi de notre société et de ses changements.
L'auteure parle très bien du déterminisme social, des changements sociétaux.
Avec une écriture simple, plaisante, nous cheminons avec l'auteure dans les rues de sa ville, dans ses recherches, dans ses souvenirs.
Elle fait le constat de l'évolution de la société française en nous narrant la vie des années 80, de l'éducation (échec de l'école publique laïque qui a du mal à insèrera des enfants "difficiles") , de la gestion de la santé mentale (des pages impressionnantes de la façon de prescrire des médicaments dangereux pour des problèmes psychologiques et sur la sur médicalisation).
Des sujets graves, difficiles mais la lecture n'est pas plombante, au contraire car l'auteure sait nous entraîner dans ses souvenirs, dans des descriptions poétiques.
#Unefilledeprovince #NetGalleyFrance
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Sara et Johanne ont grandit à Chalon-sur-Saône. Sara était l'amie de Johanne. Toutes les deux portaient les mêmes vêtements, jouaient aux mêmes jeux mais leur destin ne fut pas du tout le même. Sara fut incarcérée pour meurtre peu après sa majorité et Johanne s'est construit une vie d'adulte et de famille. Pourquoi Sara a-t-elle tué ? Johanne revient sur ce fait divers.
J'ai bien aimé ce livre qui est quasiment une enquête sur un fait divers.
Les chapitres sont très courts, la plume fluide et le propos très documenté.
Johanna Rigoulot a assaisonné son histoire de faits d'enquête, d'extrait de procès et d'interview des médecins et d'avocat de Sara.
Elle fait un parallèle entre leurs deux enfances. L'une vie dans une famille française, pavillon de banlieue et prêt sur vingt ans, heureuse mais dont les parents vont divorcer. L'autre vit dans une cité avec un père violent qui l'a réveille toutes les nuits pour la molester, une mère démissionnaire qui ne va rien faire pour l'aider. Sara va grandir dans cette violence, victime d'un stress post-traumatique latent, et va trouver refuge dans les médicaments pour pouvoir enfin dormir. Les médicaments, les drogues pour apaiser les insomnies, la survie au quotidien font de Sara une enfant qui prend du retard dans ses études.
Elle commettra l'irréparable, mais étant sous influence de médicaments est-ce vraiment sa faute ?
On voit bien l'influence du milieu dans lesquelles ces jeunes ont vécu. Elles n'ont clairement pas eu les mêmes chances au départ.
J'ai refermé ce livre avec un sentiment de tristesse profond pour Sara et ce gâchis dont beaucoup de tiers ont participé à faire.
Une histoire bouleversante qui fait réfléchir sur notre société.
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Récit qui tient plus de la non-fiction, Johanne Rigoulot partage avec le lecteur l'enquête qu'elle a fait sur une de ses anciennes camarades de classe, Sara, jeune fille qui a été condamnée pour le meurtre d'une femme dont elle était l'aide-soignante et qui s'est suicidée peu après sa sortie de prison. C'est avec une écriture fine et acérée qu'elle analyse les travers et les échecs d'une société envers une jeune femme délaissée, faisant un parallèle avec sa propre vie.

Si l'ensemble prend au final deux routes ; l'enquête sur Sara et la vie personnelle de l'autrice, où l'on peine à faire des parallèles réels puisque les sujets ne sont pas les mêmes (le côté très parisien et ses rappels de sa vie de provinciale ou la vieillesse de son père semblent absurdes au contact de l'analyse très marquante de la vie de Sara). J'ai souvent été interpellée et bousculée par des remarques, qui m'ont touchée, et qui ont fait la vraie force de ce livre.

Merci aux éditions Les Avrils et à NetGalley pour l'opportunité de lecture.
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Une fille de province
Johanne Rigoulot
Les Avrils
169 pages

Après avoir écrit sur un féminicide commis par son cousin, Un Dimanche Matin, (ce livre est remarquable !) l'auteure enquête sur un meurtre barbare commis par une de ses camarades de classe, Sara.

Difficile retour aux sources, dans un quartier défavorisé de Châlon-sur-Saône, où elle a grandi, aux côtés de Sara, de Leila, et de Rachida, la future ministre.
Difficile enquête car les pauvres ne laissent pas de traces.
Comment cette discrète petite fille a-t-elle pu en arriver, à peine majeure, à commettre un acte aussi épouvantable, sans mobile?
Par quel enchaînement de causes, par quelle addition de déterminismes, celle qui est issue du même environnement que Rachida, Leila, Johanne, a-t-elle pu cocher toutes les cases du malheur absolu?

L'auteure se livre lors de cette plongée dans le passé. Elle explore le parcours de son père, celui de sa mère. Sa propre enfance, ses drames, ses bonheurs. Son échappée. Ses réussites. Ses phobies et incapacités. (Je découvre que j'en partage quelques unes avec l'auteure, et pour la première fois de ma vie j'en éprouve de la fierté suite à la lecture de ce livre grave.)

Sara. Née victime. Morte coupable. Pour elle tout va dysfonctionner. Famille, école, santé, services sociaux, justice...
On s'agace parfois d'entendre ceux qui accusent la Société de les avoir rendu mauvais.
Sara n'accuse personne, et n'a même pas eu la capacité d'adopter cette posture arrogante. Pourtant la Société a eu tout faux. Véritablement. Jusqu'au bout.
Mais Sara a eu le dernier mot.
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