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sur 343 notes
Dans son troisième roman, Vers la Violence, Prix Méduse et Grand Prix des lectrices de Elle, Blandine Rinkel raconte une éducation « à la violence », s'interroge sur la violence et la façon dont notre héritage nous façonne.

La couverture du livre, qui présente quatre dessins de loups, allant de la simple esquisse au loup qui nous regarde dans les yeux, fait parfaitement écho au texte. L'histoire s'ouvre et se clôt avec un loup. le loup, espèce éradiquée et disparue en France depuis 1937, réapparaît en la présence d'un loup solitaire dans le Bas-Dauphiné. Ce loup de Sermérieu est traqué et abattu le 12 janvier 1954, le jour même de la naissance de Gérard, le père de Lou, la narratrice de Vers la violence.

Lou et son père, très complices, ont tissé une « indestructible alliance », grâce à un « pacte d imaginaires ». Gérard, conteur né, « le sorcier de l'univers », entraîne sa fille dans des aventures imaginaires. Avec lui, ses plus beaux « souvenirs sont bleus », bleus comme la mer où ils guerroyaient contre les vagues envoyées par Amphitrite.
« Gérard voulait que mon esprit lui appartienne : rester maître de mon royaume. » (P.57).Gérard, colosse sympathique et solaire, à la joie cruelle mais contagieuse et au sourire carnassier, illumine l'enfance de Lou. Mais une autre facette de son père, plus sombre, assombrit leur relation et la blesse. Gérard a perdu sa première femme et ses deux enfants dans un tragique naufrage, et leurs fantômes hantent la maison. Il est pris de violents accès de colère.

« Quand il évoquait la sensation du couteau, on sentait que la violence et la vitalité ne faisait plus qu'un. Il m'a dit une fois toi aussi tu chercheras le couteau, à ta manière. Personne n'y échappe » (P.47). Gérard veut vivre quelque chose de plus grand que la vie, et il le cherche dans sa quête de territoires imaginaires, mais aussi dans la violence. Son appétit de vivre s'exprime aussi dans la violence.
« A partir de quelle année la peur s'est-elle définitivement installée dans notre maison ? » (P.189)
Les accès de violence se multiplient et la complicité qui unissait le père et la fille s'amenuise au fil du temps, tandis que la candeur de Lou disparaît à l'aube de l'adolescence.

Comment une femme peut-elle se construire lorsqu'elle a reçu une éducation violente ? Dans ses interviews, Blandine Rinkel exprime son désir d'explorer comment une femme peut inventer sa propre violence, « une violence à soi » en référence à Une chambre à soi de Virginie Woolf, et se ré-énergiser dans cette violence.
Lou trouve refuge et réconfort dans la danse, devenant danseuse professionnelle. Elle danse « en domptant, en maîtrisant, en maltraitant son corps », « une technique de survie ». (P.223). Avec Raphaël, elle va changer, et sa façon de danser aussi. « Après avoir longtemps été carcérale, elle (la danse) devenait pour moi une chance d'approcher l'animalité….. » (P.236).
Blandine Rinkel, elle-même danseuse, écrit et décrit merveilleusement bien la danse. La relation avec le corps, les mouvements et les sensations. Danser « c'était laisser sa vie intérieure s ensauvager et dicter sa loi… » (P.237)

Un livre très bien écrit où l'on doute et où l'on s'interroge. Un livre avec une rupture entre les deux personnages qui donne à réfléchir. Blandine Rinkel consolide sa réputation d'"artiste totale" avec son dernier roman, dont je recommande chaleureusement la lecture.



Lien : https://lavaliseauxlivres.wi..
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Des failles sous le verni !

Une femme, Lou, nous raconte son enfance construite autour d'une relation complexe : celle qu'elle entretient avec son père, Gérard. Elle nous parle de son admiration pour lui quand il lui racontait des histoires de la mythologie et lui faisait voir la vie comme un grand terrain de jeux. Elle nous confie aussi la peur qu'il lui inspirait quand il cherchait sans cesse à la tester, à mesurer sa force. Elle évoque l'amour prisonnier de la terreur et la fière carrure de ce policier cachant un passé trouble. Elle nous parle d'elle, elle nous parle de lui, et un jeu de miroir s'installe entre les deux. Il y a aussi d'autres vies fulgurantes traversant cette lutte et certaines qui emportent des contours ne laissant du père qu'une image un peu floue quand Lou devient adulte.

Quelle beauté et quelle force dans ce texte ! L'écriture est incroyable, elle semble habitée et m'a complètement subjuguée. Elle met en mots des sentiments qui, habituellement, ne s'expliquent pas, ne se décrivent même pas ! Elle alterne des micro récits d'une histoire familiale, dont certains sont extrêmement marquants, avec des réflexions intimes d'une personnalité artistique en construction ! C'est un coup de coeur !
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C'est l'histoire des rapports difficiles de Lou par rapport à son père, Gérard. Ce dernier, personnage « limite », instable, séducteur, entre violence et rêves…
Les 200 premières pages laissent espérer. Puis, le récit se perd. L'autrice s'évertue à faire de la littérature et on a l'impression qu'elle n'a plus grand-chose à écrire. du coup, les propos sont décousus et l'on s'enfonce dans une purge. Au bout des 368 pages, déception de ces heures passées...
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Ce livre est très bien écrit et montre parfaitement le passage de l'adoration du père à celui de la peur de ses réactions, de la compréhension que le père adulé n'est pas réellement celui que croyait l'enfant.
Je ne raconterai pas l'histoire, puisque cela a été fait plusieurs fois, mais je voudrais tout de même souligner que la narratrice, petite fille, puis jeune femme est issue d'un deuxième mariage et que ce père qu'elle adore a énormément souffert avant sa naissance.
Bien évidemment, cela n'excuse pas la violence à l'égard de sa fille, dont il fait preuve à un âge charnière de celle-ci.
Je n'ai pas aimé la dernière partie du texte. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi, mais je suis restée en dehors.
Lecture mitigée
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L'autrice a une plume et sait rendre une atmosphère et exprimer les ambivalences des sentiments que peut ressentir un enfant pour ses parents, fussent-ils violents et tyranniques. Comme d'autres lecteurs, l'histoire de la narratrice adulte m'a moins accrochée. Surtout, dans cette partie, l'ensemble de personnages apparaît finalement assez antipathique: le père, qu'on sait déjà odieux, la mère effacée et surtout la narratrice qui se révèle finalement plutôt narcissique. A la fin de l'histoire, elle a un choix à faire et je pense que la plupart d'entre nous aurait fait le même qu'elle. Pour autant, les circonstances et la façon, cruelle et lâche, dont elle solde son histoire avec son père en donnant l'impression d'en tirer une grande satisfaction, et de penser avoir fait quelque chose de courageux voire noble (cf l'apparition finale) m'a dérangé. C'est sur cette touche que se termine l'histoire.
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Il n'y a pas une page des trois premiers quarts du livre qui n'interroge pas la lectrice que jesuis. Cet état de sidération constant sur des descriptions d'événements multiples et intimes vus à travers les yeux d'une enfant. Parce que, dans chaque moment, il y a un père dont les réactions, les gestes, les paroles défient tout apaisement. Comme s'il fallait détruire tout ce qui n'était pas défaillant pour ne pas voir que l'on est soi-même, cassé. Ce père joue avec les extrêmes, il veut risquer, tout risquer, mais ne jamais perdre. C'est avec la plume magnifique de Blandine Rinkel que nous traversons les années avec Lou, enfant, ado puis adulte. Elle interroge, à ces différents stades de vie, ce que son père a fait d'elle et ce qu'elle est vraiment. Car, c'est une tendance, lorsqu'on déploie ses ailes, on regarde en arrière pour essayer de nous comprendre avec des yeux différents. Et, c'est ce regard nouveau qui m'a éloigné un peu de la puissance du récit. La Lou adulte ne m'a pas convaincu... sauf dans sa décision finale. J'admire l'auteur pour ces situations crédibles d'un quotidien familial violent et sa très belle écriture.
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Un livre étonnant qui nous narre l'histoire de Lou, cette petite fille folle amoureuse de son père.
Père joueur, inventeur et rieur. Mais aussi père meurtri, dur et violent. Une ambiguïté qui nous portera tout au long du roman et donnera cet aspect de traque oppressante au cours de la lecture.
C'est l'histoire de Lou et de Gérard, deux êtres qui s'aiment avec cette relation père fille aussi exceptionnelle que dévastatrice.
Lou nous raconte, ce père imprévisible, ce père de la deuxième chance. Elle le connait, par coeur, la tonalité de son pas qui lui permet de décoder son humeur et la forme de son sourire son sourire, tantôt joueur, tantôt machiavélique conditionnent toute son enfance et plus encore. Outre l'ambiguïté du père on observe également l'ambiguïté de Lou qui tout au long de sa vie ne parviendra pas à choisir entre amour et haine. Jusqu' à la mort de son père, elle oscille entre ces deux sentiments diamétralement opposés.
Une histoire de famille profonde et perturbante, qui nous montre que l'amour d'un enfant est sans condition, ou presque.
Une plume puissante et percutante, presque bestiale, dépeint des personnages riches et déstabilisants et rend ce livre percutant. Il reste néanmoins une impression de vide à la fin du livre, comme si nous avions traversé l'histoire de ce duo, sans qu'il n'y ai de but réel. Ce qui laisse une impression de trop peu en refermant le livre.
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