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Critique de SophieChalandre


Le livre A contrevie a été réécrit par Augusto Roa Bastos en 1994, y intégrant au passage des fragments d'anciennes oeuvres déjà parues, à l'image de toute sa production littéraire qui est un exercice permanent de réécriture de type hypertextuel. Ce recours à l'hypertexte, comme chez Borges et Julio Cortázar, est au fond un désir de livre infini, toujours recommencé mais jamais le même : c'est la signature créative de Roa Bastos.
A contrevie est l'histoire d'une tragédie sud-américaine mettant en scène un détenu qui survit à une tentative d'évasion d'une prison paraguayenne, tandis que ses camarades de fuite sont assassinés. Cette évasion devient une odyssée initiatique, errance suspendue entre rêve et cauchemar, où la réalité du Paraguay oscille entre terreur et passion pour la terre natale, punition et hasard existentiel.

Brillant exercice d'écriture, A contrevie est un récit en perpétuel mouvement, multipliant les allers-retours : de l'individu à la nation, du passé vers le présent, de la vie vers la mort, des autres oeuvres de l'auteur vers ce livre, de la déconstruction littéraire vers la construction par la réécriture.
Allers retours également entre errance extérieure décrite par un récit traditionnel et voyage intérieur traduit par un narratif métaphorique.
L'oeuvre se génère donc elle-même, livrant un brillant récit largement autobiographique, constamment critique sur les pouvoirs et leurs discours, sur les mythes historiques du Paraguay, sur l'exil imposé, sur les violences individuelles et collectives, récit critique également sur le dérisoire attachement à la géographie paraguayenne et à une terre d'enfance à jamais engloutie dans le passé.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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