L'absence de femmes, d'amour surtout, s'expliquait par l'incroyable capacité de travail de Bertrand. Cette force faisait tout oublier et tout comprendre. En un an, il n'avait pris que deux ou trois jours de vacances. C'était la seule anomalie, la seule différence, sa façon si singulière d'exister pour lui-même, en permanence, sans risque d'attachement. Chacun à son poste, lui à la direction. Peu importe laquelle. Cela lui offrait tant de prétextes, tant de motifs pour ne pas vivre exactement comme les autres.
Plus besoin de scène ou d'applaudimètre. C'était son plus beau rôle et elle jouait sans public. Je l'admirai sans le lui dire.
Nous étions devenus deux étrangers. « On finit toujours par être lourdé ».
Pour la première fois, j'imaginai une vie sans Nina. Comme l'on rêve, enfant, d'être transformé en une petite souris pour assister à un conseil de classe. J'aurais aimé repartir à zéro. L'affaire d'une ou deux heures.
Nos dîners fréquents avec Nina chez Michel et Sophie qui nous noyaient toujours avec des tas d'autres gens pour ne pas se retrouver tous les quatre, par crainte de n'avoir rien à se dire? Les gens qui ne s'aiment pas vraiment fuient désespérément ces silences.
Nous cherchions nos mots pour parler finalement du beau temps, d'un match de tennis, d'un film assez célèbre ou assez mauvais pour qu'il soit sorti avec succès à la fois au Canada et en France.
« Bonjour, bonsoir, comment ça va? ». La plupart des gens qui demandent ainsi de vos nouvelles n'écoutent pas la réponse.
Il est des êtres sur lesquels il semble impossible de se prononcer immédiatement. Une intuition vous met en garde : cette fois, il serait dangereux de se tromper.
Quand on a appris à dormir avec quelqu'un il est difficile de l'oublier.
Mentir. Je mens pour des choses futiles. Plus que des mensonges, ce sont des histoires déformées, racontées d'une autre manière.