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Citations sur Le Vésuve (2)

De la rue, on entendait la musique et les rires. Quelques marches à descendre sous une voûte aux briques apparentes, et l'on plongeait dans une lumière bleutée. Sur une estrade, un accordéoniste, velu jusqu'aux yeux, jouait un air sautillant dont les notes semblaient s'envoler, se heurter aux murs, aux poutres du plafond, comme des oiseaux apeurés. Les jeunes filles étaient nombreuses, en robes courtes, les jambes nues jusqu'au-dessus du genou, et dans leur visage à peine fardé, leurs yeux luisants avaient des éclats de petits miroirs.Un gamin servait des boissons tièdes et pétillantes, roses ou jaunes.
Silvia choisit des places au fond, près d'une porte vitrée qui donnait sur une cour dont on distinguait le carrelage de ciment, tout crevassé, sous la lumière pourpre du Vésuve.
Très dignes, assises sur des bancs, les bras croisés sur leurs vastes mamelles, quelques duègnes surveillaient le comportement de demoiselles dont elles avaient la charge.
Je remarquai l'une des jeunes filles ; à peine seize ans, des petits seins hauts et durs, de magnifiques cheveux noirs encadrant un visage triangulaire de chatte malicieuse. Je l'observai tandis qu'elle parlait avec son cavalier, un beau gaillard au corps délié, au buste moulé par un tricot blanc au col marqué d'une bande rouge. Quelques fresques ornaient les murs latéraux et représentaient des scènes de pêche ou de vendange dans les parages du Vésuve. Le trait avait cette souplesse et cette grâce naïve que j'admirais déjà en Algérie chez les artistes qui décoraient les cafés maures.
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Nous visitâmes des villas, des temples, des jardins et des boutiques de la via dell'Abbondanza. Sylvia me montrait des fresques et des mosaïques, attirait mon attention sur les sillons creusés par les charrois dans les dalles de la chaussée, sur l'usure des margelles à l'endroit où s'appuyaient les mains, sur les graffites le long de certains murs, sur mille signes et milles traces qui auraient dû m'émouvoir et qui cependant n'atteignaient pas mon coeur. C'est que des sentiments trop puissants me retenaient dans l'heure présente. Sylvia prenait visiblement plaisir à me guider, à me faire admirer les beautés et les curiosités de ces ruines qu'elle avait mainte fois parcourues. Elle me conduisit à l'amphithéâtre et à la caserne des gladiateurs lorsque déjà le jour déclinait. La mer virait au violet et le sommet enneigé du Vésuve s'éteignait lentement comme une lampe qui s'épuise. De la campagne, le moindre appel, le moindre bruit nous parvenait, aérien, mélancolique. Il était temps de rentrer.
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