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EAN : 9782020011426
256 pages
Seuil (01/05/1970)
3.38/5   4 notes
Résumé :
Alors que la seconde guerre mondiale entre en 1944 dans sa phase décisive, l'aviateur Jacques Sainte-Rose est blessé dans un raid au-dessus de la zone italienne encore aux mains des Allemands

. Il est recueilli, caché, soigné, conduit à Rome où il compte retrouver son camarade de combat Bourgoin avec qui il doit traverser les lignes ennemies pour rejoindre les unités alliées en Italie du Sud dès qu'il sera guéri.

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Dehors le soleil de mars était clair, des branches verdissaient et Filangeri sentit sa propre vie aussi fragile que ces minuscules bourgeons. Toute son existence il l'avait consacrée au culte de la beauté et il avait oublié qu'un rien suffisait à réveiller dans l'épaisseur de la conscience humaine la cruauté du temps des hordes. Sa mère avait été servante et son père carrier. Il pensa à eux, morts depuis tant d'années et les vit dans le décor de sa jeunesse, sur les contreforts onduleux des Apennins. Alors, tout sollicitait son amour : un renard tapi dans les herbes, un arbre gonflé de vent, un oiseau dans les nappes de soleil, la roue de la noria et son eau cascadeuse, et la lampe de porcelaine, le soir, protectrice et apaisante. Il ne s'attendrissait pas à évoquer l'enfant ébloui qu'il avait été mais trouvait dans ces souvenirs un remède contre la haine et la désespérance, car l'essentiel, devant ce corps torturé et ce regard millénaire de la douleur, était de ne pas se désunir, de ne pas glisser hors de soi, de demeurer fidèle à l'être qu'il avait construit en lui-même dans la passion de vivre et d'admirer. "Soif", gémit l'inconnu. De nouveau Filangeri se leva, se rendit au robinet et revint, les mains dans l'attitude de l'offrande, semant des gouttes qui étincelaient comme des diamants.
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Je fis le tour de la pièce. De son oeil vert un chat me guettait. Il était couché sur l'appui d'un castelet, parmi des marionnettes, la patte droite en avant, la peau des doigts d'un joli cuir noir et je me souvins qu'au Japon, au cimetière pour chats de Go-To-Ku-Ji, j'avais vu la fresque des matous sur la façade du temple, la patte levée pour un mystérieux salut. Selon les légendes chinoises et japonaises l'âme d'une personne morte de mort violente pouvait être recueillie dans le corps d'un chat et même parler par sa bouche.
"Maneki Neko", dis-je doucement, en lui caressant l'échine.
C'était la formule magique qu'on m'avait apprise à Tokyo pour faire parler un chat dont le maître avait été tué. Mais celui-ci se contenta de frissonner sous ma main.
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Encore un coup de sifflet. Une voix grondeuse monta :
"Lumière au trois !"
Ce cri parut exaspérer davantage le chahut hystérique de la D.C.A. Sandra avait légèrement replié sa robe mais gardait les seins à découvert. Elle écoutait paresseusement Sainte-Rose qui disait :
"En Allemagne il arrive que des aviateurs alliés, abattus par la Flak ou la chasse, soient fusillés en l'air par les civils pendant qu'ils descendent du ciel en parachute, et quand ils touchent la terre ils ne sont plus que des cadavres déchiquetés. Si une telle aventure m'advenait, je crois qu'au-delà de ma terreur et de mon désespoir je n'en voudrais pas trop à mes assassins. Les maisons éventrées, les décombres, les enfants écrasés sous les ruines, cela existe. Ce que nous ressentons, nous, là-haut, n'est pas une compensation. Autre chose..."
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A gauche dans les lointains brouillés par la pluie ou la brume, Rome surgit enfin. Comme à travers un aquarium, on distinguait les coupoles et les campaniles parmi les formes bleuâtres des édifices modernes et les taches plus sombres des collines. Prise dans ces vapeurs, une planète jaune et noire dérivait lentement et Sainte-Rose reconnut le dôme de la basilique Saint-Pierre. La grisaille ajoutait à la ville un aspect inaccessible et rendait plus lugubre la maigreur hivernale des campagnes qui s'étendaient en avant des premières lignes de maisons. On aurait dit une cité au bord d'une mer figée, une cité morte, dépeuplée à jamais avec de profondes ténèbres dans les rues et une sorte d'écume au ras des toits. Aucune fumée. Rien ne bougeait. Parfois une lueur perçait entre deux nuages, se posait sur quelques hautes façades, approfondissait davantage l'aspect de désolation, d'abandon définitif. Sainte-Rose contemplait ce spectacle à travers le pare-brise.
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Sainte-Rose se souvint de tous les visages, de tous les événements qu'il avait connus depuis qu'il était tombé du ciel, par une aigre journée d'hiver, au bord de la mer d'Italie. Quelque chose de triste et d'exaltant s'était alors emparé de lui comme si, à Rome, au printemps de mil neuf cent quarante-quatre et dans sa vingt-huitième année il avait approché le mystère de sa propre existence. Et à l'instant de dire adieu à Luca et à son frère il eut le sentiment qu'il disait aussi adieu à sa jeunesse, et qu'elle ne serait désormais derrière lui qu'un peu de neige au creux d'un rocher.
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Vidéo de Emmanuel Roblès
Émission complète : http://www.web-tv-culture.com/seules-les-montagnes-dessinent-des-nuages-de-marc-lepape-1277.html
C?est en 2008 que nous avions découvert Marc Lepape. Son roman « Vasilsca », alors salué par la critique, avait notamment remporté le prix Emmanuel Roblès du premier roman. Depuis, ce professeur de lettres avait quitté les écrans radar. Marc Lepape était parti vers d?autres univers. Tout en gardant un goût prononcé pour la littérature, il s?est réorienté vers le théâtre et la mise en scène, donnant lui-même des cours et s?est essayé à la peinture pour éprouver d?autres sensations de création. Mais l?envie de l?écriture était toujours là. C?est finalement une histoire sur laquelle il s?était déjà penché qu?il ressort d?un tiroir et retravaille. Et voilà ce nouvel opus « Seules les montagnes dessinent des nuages », formidable roman qui, sous couvert d?aventures, d?intrigues sur une île lointaine à la fin du XIXème siècle, cache en fait une véritable interrogation sur la place de l?homme sur la planète, sur notre vision du bien et du mal et notre relation à l?autre et à la nature. Sur une petite île d?un royaume imaginaire, Erraink Rurem débarque d?un voilier en provenance du continent européen. Sur ces terres lointaines de Sélébie, le jeune ingénieur hydrolicien doit amener l?eau dans les contrées reculées de l?île où vivent des communautés qui ne connaissent ni la violence, ni la jalousie. Mais un crime est commis et les habitants de la vallée de l?Onk apprennent la peur. Erraink, aidé de la jeune et jolie Ilnah, va devoir comprendre ce nouveau monde qu?il découvre, entre mythes et légendes, et lever la malédiction qui semble peser sur ces terres à la fois fascinantes et hostiles. Porté une écriture flamboyante mais maitrisée, un rythme soutenu en courts chapitres, et des personnages attachants dans leur complexité et leur fragilité, le nouveau roman de Marc Lepape, qui n?est pas sans rappeler le plaisir de lecture de Jules Verne, est un formidable voyage initiatique, une quête intemporelle sur l?accomplissement et une interrogation renouvelée sur le sens de la vie. « Seules les montagnes dessinent des nuages » de Marc Lepape est publié aux éditions Emmanuelle Collas.
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