Elen.
Elle ne répondit pas immédiatement. Elle leva les yeux pour essayer de comprendre au travers de son regard les raisons de sa venue.
- Comment m'as-tu retrouvée ?
L'homme dont le chapeau laissait entrevoir ses épais sourcils aussi blancs que sa moustache tout aussi fournie esquissa un léger sourire.
- Ton visage... il a changé... tu sembles... heureuse.
- Je fais de mon mieux. Conrad, que viens-tu faire ici ?
- Elena, j'espère que tu me pardonneras, mais je vais être obligé de t'arracher à ce lieu.
- J'imagine que tu ne serais pas venu si ce n'était pas important.
Conrad, comme à son habitude, ferma les yeux quelques secondes, confus de venir bousculer le bonheur presque parfait de celle qui avait gagné le droit à cette retraite.
— Qu’est-ce qui se passe Conrad ? Pourquoi tu as fait sortir Phels ? Pour éviter que je lui saute dessus ou il y a autre chose ?
— J’en conclus que tu n’as pas entendu la radio aujourd’hui.
— Quoi encore, qu’est-ce que j’ai raté de si important ? Raconte-moi, j’en tremble d’impatience, répondit Elen d’un air blasé.
— Les journalistes ont parlé de la disparition de Bart Trick, en précisant que la police semblait se désintéresser de celui qui pourrait bien être le principal suspect. Phels était furieux, et tout cela n’arrange rien à notre affaire et nous met dans une situation délicate s’il s’avérait que Trick est effectivement impliqué. Or sa disparition ne me rassure pas.
— Merde, mais d’où obtiennent-ils toutes ces infos, c’est invraisemblable ? s’emporta Elen qui venait de sortir de ses gonds. Qu’importe ! Laisse-moi te dire Conrad, que je me contrefiche de ces journalistes et qu’il serait bien que tu en fasses de même ! Ma patience a des limites, crois-moi, et pardon de te parler ainsi, mais je commence sérieusement à me poser la question de ma place dans toute cette affaire ! Je te laisse, j’ai mieux à faire que d’entendre de telles conneries !