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Critique de Cigale17


Coup de coeur !
L'album se présente dans un format à l'italienne, trop petit à mon goût pour en savourer pleinement les dessins, ce sera mon seul minuscule bémol. Pour nous raconter L'Affaire Méchant Loup, Marie-Sabine Roger emprunte à la fois aux fables et aux contes traditionnels, avant édulcoration disneyenne : l'histoire finit mal pour les deux principaux personnages… L'autrice met en scène des animaux antagonistes que l'on retrouve souvent dans les fables, ici un loup et une biquette, et comme dans certaines fablesDe La Fontaine, elle place une morale plurielle en prologue et en épilogue d'un texte en rimes et assonances, et parfois en alexandrins ! Mais en fait, sous la forme d'une fable, l'autrice détourne le conte d'Alphonse Daudet : La Chèvre de monsieur Seguin, et plonge les protagonistes dans notre époque.
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Un vieux loup à lunettes, assez misanthrope, vit pauvrement, en solitaire, dans une cabane sur la montagne. Son seul désir : qu'on lui fiche la paix ! Dans la vallée, monsieur Séguin élève des chèvres qui finiront dans nos assiettes. Mais il connaît leur goût pour l'escapade. Afin qu'elles ne s'enfuient pas, il leur raconte d'épouvantables histoires d'un loup dévoreur de biquettes. Mais malgré la peur, de temps en temps, une chèvre se sauve dans la montagne et fait la connaissance du loup qui la guide jusqu'à la frontière. Tout se passe bien jusqu'au jour où Blanchette s'échappe de sa prison…
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Je l'ai trouvé bien sympathique, ce pauvre Compère Loup qui aspire à être végétarien et qui limite sa consommation de viande. J'ai beaucoup aimé dans le texte le mélange d'un langage châtié (onde pour eau, las pour hélas, civilement pour poliment, l'emploi du passé simple et du subjonctif imparfait, etc.) avec de l'argot, des onomatopées, et dans un cadre résolument contemporain : la consommation de viande est remise en question, on parle implicitement de spécisme, monsieur Seguin va au supermarché et les biquettes qui fuguent ne pensent même pas à envoyer un texto pour le rassurer…
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Ne vous laissez pas abuser par l'apparente simplicité des illustrations de Marjolaine Leray : elles sont d'une grande richesse. Il faut beaucoup de talent pour que des « gribouillages », comme elle les appelle elle-même, soient aussi expressifs et provoquent instantanément aussi bien le rire que la compassion. Elle travaille au pastel presque exclusivement en noir, scanne le résultat qu'elle retravaille à l'ordinateur, elle varie beaucoup les plans et réussit à donner des expressions très diverses à ses personnages avec un minimum de moyens. J'ai craqué pour le loup qui joue aux échecs avec lui-même, la double page où une des biquettes arrive dans le pays des végétariens où dominent le blanc et le jaune. Une mention aussi pour les pages de garde qui présentent les Unes de journaux populaires avec gros titres : les loups y sont partout monstrueux…
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Cette vraie pépite se trouve dans la sélection du prix des Incorruptibles 2021-2022 pour les classes de CE2-CM1, ce qui, je l'avoue, me surprend beaucoup ! En effet, l'album est déjà lauréat du 22e prix Action-Enfance, mais dans la catégorie ado, et il est en lice pour le prix Bernard Versele 2022, catégorie pour les 11 ans.
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