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J'ai vu le film de Sidney Lumet tiré de la pièce un nombre incalculable de fois au cours des cinq ou six dernières décennies, et ce film est un de mes films préférés. le casting, la réalisation, le jeu sont d'une maîtrise parfaite et captivent ( c'est mon cas ) le spectateur du début à la fin.
De temps à autre... ce fut le cas hier soir, je tends la main vers ma bibliothèque pour y prendre la pièce écrite par Reginald Rose et me replonger dans ce huis clos devenu un classique... donc un incontournable.
Pour les quelques rares qui ne connaîtraient pas le thème, il s'agit de douze jurés qui, au terme d'un procès au cours duquel a été jugé un gamin de 16 ans pour parricide, doivent décider à l'unanimité de sa culpabilité ... qui ne souffre, a priori, d'aucun doute "raisonnable", ou de son innocence qui apparaît comme invraisemblable. Donc rendre un verdict... qui semble d'évidence d'entrée comme défavorable.
Et pourtant, un juré a des doutes, et ce juré va envers et contre tous éclairer ses compagnons "enchaînés au fond de la grotte"...
L'auteur a réussi la prouesse de nous montrer à travers les délibérations de ce jury (exclusivement masculin...) socialement, intellectuellement, culturellement et générationnellement hétérogène, les interactions psychologiques et les comportements qu'elles induisent sur l'un ou les autres à partir d'un mot, d'une remarque, d'une question d'un ou de plusieurs des personnalités constituant le groupe.
Il nous donne par ailleurs une belle leçon de ce que peut être la victoire toujours incertaine et fragile de la socialisation sur ce qu'on pourrait appeler les "instincts", et en extrapolant, de la civilisation sur la barbarie.
Les procès ont un pouvoir de fascination sur notre imaginaire que l'auteur a su exploiter avec maestria pour nous permettre de nous interroger sur qui nous sommes en nous offrant pendant une heure et demie la possibilité de nous observer...
Du très grand art !
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Messieurs les jurés, vous venez d'assister pendant cinq jours au déroulement d'une affaire longue et difficile.
Meurtre au premier degré, avec préméditation, telle est l'accusation.
Vous avez maintenant le devoir de vous faire une opinion en séparant les faits des hypothèses.
Votre verdict doit être unanime.
Un homme est mort. La vie d'un autre est en jeu.
Lentement, les douze jurés pénètrent sur la scène, l'un derrière l'autre.
Le premier, président du jury, entraîneur de foot-ball est un sentimental.
Le deuxième est un jeune employé de banque.
Le troisième juré est un homme d'affaires. Il attaque violemment l'accusé.
Le quatrième est courtier. Froid, logique, il accumule les faits.
Le cinquième est né dans le même quartier que l'accusé.
Le sixième juré est un ouvrier maçon. Il cherche à comprendre le mobile.
Le septième est camelot. Amateur de base-ball, il ne pense qu'à filer au match.
Le huitième est architecte. Il est sensible et généreux.
Le neuvième est un vieux monsieur, vif, intelligent et perspicace.
Le dixième juré est garagiste. Il est odieux et de mauvaise foi.
Le onzième a fui le nazisme. Il est sensible et humain.
Le douzième et dernier juré est un publiciste superficiel et inconséquent...
Ce drame, en un seul tableau, de Réginald Rose est un huis-clos brillant et lourd.
André Obey, en octobre 1958, en a fait, pour la scène du théâtre de la Gaîté-Montparnasse, une adaptation française classique et efficace.
C'est cette dernière que l'on retrouve dans ce numéro de "l'Avant-Scène".
Le dialogue éclaire, peu à peu, la psychologie de chacun des jurés.
La pièce se lit littéralement, même si elle n'est pas vraiment du genre, comme un morceau policier.
En 1958, au même moment, à Paris, on pouvait voir les deux versions de l'oeuvre, celle de Sydney Lumet avec Henry Fonda sur les écrans de cinéma, celle d'André Obey avec Michel Vitold sur scène.
Le verdict final semble acquis mais pourtant un homme doute...
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Douze keums qu'ont le seum.
C'est le souk entre eux, et pourtant, y a pas de meufs.
En 1954, aux Etats-Unis, les jurys populaires, c'est une affaire de mecs.

Ces douze-là doivent rendre un verdict à l'unanimité, ça promet d'être long, c'est mal parti pour le match du soir.
Le sujet du débat : faut-il envoyer sur la chaise électrique un garçon de seize ans accusé d'avoir tué son père ?
Oui, selon onze jurés.
Une seule voix s'élève contre cette sentence, celle de n° 8, alias Henry Fonda dans le film adapté de cette pièce (Sidney Lumet, 1957). Un homme bien, un architecte, qui réfléchit, doute, se pose les bonnes questions et les soumet aux autres membres du jury.

Joute verbale jubilatoire qui, au-delà des questions qu'elle soulève sur la justice et la peine de mort, nous montre la dynamique des groupes, et l'influence de nos préjugés et de nos expériences sur nos décisions.

>> https://www.youtube.com/watch?v=dzhH2hlNSfs
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Cette pièce de 1954 a été adaptée au cinéma en 1957 avec Henry Fonda, puis en 2009 par Nikita Mikhaïkov dans un cadre russifié. J'avais vu ce film russe avant de lire le texte de la pièce, ce qui a gommé la plupart des effets de surprise réservés aux lecteurs.

Douze hommes sont réunis en huis clos pour statuer sur la culpabilité d'un jeune homme accusé de l'assassinat de son père. La décision doit être prise à l'unanimité. A défaut, elle sera confiée à un autre jury.
Des jurés sont pressés d'en finir, et les témoignages qu'ils ont entendus durant le procès sont accablants : le jeune inculpé semble donc promis à la peine de mort...
Ces douze jurés sont très différents les uns des autres. Chacun est là avec ses préjugés et ses préoccupations personnelles. Ces éléments influencent la manière dont chacun se prononce, et le recul et l'objectivité sont rarement de mise.

Cette pièce amène à s'interroger sur notre capacité à juger autrui, et sur le fonctionnement même de la justice institutionnalisée dans un pays considéré comme démocratique (ici, je ne parle pas du film russe) mais dans lequel la peine capitale persiste.
L'auteur ne nomme pas ses personnages mais les désigne par leur numéro de membre du jury, probablement pour dépersonnaliser son propos et en souligner ainsi l'universalité.
En tant que lecteur cela ne facilite pas l'identification des jurés (c'est plus simple dans le film puisque l'on visualise les protagonistes).

En tout cas le propos de l'auteur reste très moderne, puisque je n'ai découvert la date de son écrit qu'à l'occasion de la rédaction de ce billet et que j'avais imaginé l'histoire au début du XXIe siècle.
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Un thriller judiciaire exemplaire et une magnifique démonstration contre la peine de mort,

Un juré, seul contre tous, entreprend de prouver aux 11 autres (et au spectateur tétanisé), que l'erreur est humaine, y compris celle du jury, et que, par conséquent, le doute doit profiter à l'accusé.

Un film inoubliable avec le superbe Henry Fonda, a immortalisé la pièce, qui se laisse lire, mais plus encore regarder avec une passion toujours renouvelée.
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Douze hommes sont enfermés dans une pièce du tribunal le temps de décider si l'accusé est coupable ou si un doute persiste. Ce sont les jurés du procès d'un jeune homme accusé d'avoir poignardé son père à mort. Douze hommes d'âge et d'origines sociales différentes, douze hommes au tempérament parfois opposé. L' affaire semble simple, un jeune délinquant des bas-quartiers poignarde son père violent sous l'oeil de témoins. Alors, lorsque débute la pièce, la plupart d'entre eux sont pressés d'en finir et parfaitement convaincus de la culpabilité du jeune homme. La plupart d'entre eux sauf un homme. Et comme la majorité absolue est nécessaire pour établir un verdict de culpabilité, tout le suspens va résider dans la capacité de cet homme à convaincre les onze autres.

Ce livre aborde la délicate question de la justice. L'homme est -il a même de pouvoir juger un de ses semblables avec bon sens et objectivité ? Est-ce possible de faire taire ses opinions, de ne pas se laisser influencer par son propre vécu, de s'extraire de sa propre histoire ? Au delà de la justice, cette pièce nous parle de la nature humaine, avec tous ses travers et ses faiblesses, mais aussi sa noblesse.
On peut y voir également une critique de la peine de mort; et une dénonciation l'inégalité de traitement par la justice selon sa classe sociale.

Si ce texte n'est pas remarquable par son écriture, la construction est magistrale. La tension se fait de plus en plus présente, le lecteur est tenu en haleine jusqu'au bout.

A noter que ce texte peut plaire même à ceux qui n'aiment pas ou n'ont pas l'habitude de lire du théâtre.
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Trois jours...
Trois jours qu'ils sont enfermés là, qu'ils n'en peuvent plus, qu'ils crèvent de chaud... Vous pensez, d'après le journal, c'est le jour le plus caniculaire de l'année.
Trois jours. Trois jours qu'ils se regardent en chien de faïence, qu'ils écoutent toujours les mêmes témoignages, qu'ils réfléchissent, qu'ils attendent.
Heureusement, c'est bientôt fini. Ils vont enfin pouvoir sortir, aller assister au match, retrouver leurs femmes et leurs femmes, leur agence de publicité, leur boîte de coursiers, leurs montres et leurs horloges. Leurs vies. Ils n'ont plus qu'à rendre -enfin- leur verdict.
Coupable. C'est sûr qu'il est coupable le gamin. C'est sûr qu'il l'a poignardé son vieux. Pas vrai? Ils sont tous d'accord, non? Bien sûr que le môme risque la chaise électrique, m'enfin, il n'avait qu'à y penser avant aussi. Et puis, tuer son père, son propre père… Qu'est ce que ça mérite d'autre, franchement?
Il fait toujours aussi chaud bon sang… Mais c'est bientôt la fin. On passe enfin aux votes... Ce sera "coupable", à l'unanimité.
Jusqu'à ce foutu jury 8 qui ne lève pas la main, qui fait résonner un " non coupable" dans la salle surchauffée par un soleil implacable et un huis clos qui joue avec les nerfs des douze hommes en colère, et toutes ces incertitudes, toutes ces questions avec...
Parce que... S'il n'avait rien fait le môme? Si le couteau n'était pas le sien? Si la femme du dessus avait menti? Et le vieil homme?

Alors, à bout de nerfs et de patience, les douze jurys refont le procès, encore une fois, mêlant aux faits leurs personnalités, leurs vécus, leurs opinions, leurs colères, leurs lassitudes.
Bien sûr que c'est long, bien sûr que c'est éprouvant... mais il ressort de ce huis clos une pièce érigée en classique contemporain véritablement captivante, de laquelle naît une tension presque insupportable, étouffante en même temps qu'un questionnement philosophique fort et engagé. La vie, la mort, l'innocence et la culpabilité, la justice des hommes...

"Douze hommes en colère" est définitivement un texte majeur de son époque, une joute verbale jubilatoire, un engagement fait drame. C'est aussi une pièce qui met très intelligemment au jour l'influence de l'éducation et des préjugés, la force du groupe et de toutes les bavures d'une société qui ne sera jamais juste.

Grandiose.


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"Douze hommes en colère" est une pièce de théâtre écrite en 1953 après que son auteur, Reginald Rose, a été juré dans une affaire assez macabre. Elle a été adaptée en français pour la première fois par André Obey.

Les jurés d'une cour d'assises sont réunis pour se prononcer sur la culpabilité d'un adolescent noir accusé du meurtre de sa mère. L'accusé encourt la peine capitale, condamnation en vigueur dans cet état des États-Unis. le verdict ne peut être rendu qu'à partir du moment où l'unanimité des jurés sur sa culpabilité ou son innocence est obtenue.

Ce huis clos, écrit par Reginald Rose, a été adapté au cinéma par Sydney Lumet en 1957, ce qui l'a rendu très célèbre.

C'est le plus beau plaidoyer contre la peine de mort que je connaissance, il fait appel à la raison et explique les sentiments des jurés. L'intelligence de ce drame psychologique m'a profondément marquée.
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Cette pièce plonge les lecteurs dans le huis clos d'une salle des délibérations d'un jury d'un tribunal de la ville de New York. le procès vient de se terminer, et la pièce va se composer des échanges des différents jurés jusqu'au verdict : coupable ou non coupable.

Le panel de juré est représentatif de la société américaine, tous les âges et toutes les couches sociales sont présents. le premier verdict va montrer la mentalité de la société américaine de cette époque.

Tous sont décontractés, persuadés d'en finir très vite. « C'est ça, plus tôt on commencera, plus tôt on finira, on n'a pas que ça à faire ». Les jurés discutent de tout et de rien (météo, football, procès) de manière superficielle, jusqu'à la courte réplique du juré 8, la première phrase vraiment pertinente : « je ne sais pas », au sujet de la culpabilité de l'accusé. « C'est homme ! C'est un gosse de seize ans ».

A partir de là, ce juré va prendre l'ascendant sur les autres, interpellant, analysant, mettant le doigt sur les détails qui clochent…Il se fait des ennemis parmi les jurés pressés d'en finir ! Mais ce qui fait froid dans le dos, c'est de voir que les onze autres sont prêts à envoyé à la mort (culpabilité de crime= peine de mort) un gamin de seize ans pour vite aller voir leur match de foot ! Ils sont prêts à prendre pour argent comptant le dernier discours entendu, sans réflexion. le juré ne remet pas en cause la culpabilité éventuelle de l'accusé, mais l'absence de discussion à ce sujet pour éclaircir les points litigieux.

Ce juré à la forte personnalité va donc perturber ses acolytes, nous perturber, nous faire réfléchir, en touchant la corde sensible de chacun.

J'ai vu une version filmée de cette pièce en français, avec Michel Leeb dans le rôle du juré N°8, celui qui fait tout basculer. J'aurai aimé la voir « en vrai » , il devait se dégager quelque chose d'impressionnant dans la salle. C'est aussi une pièce qui a fait réagir des élèves de Terminale bac pro il y a quelques années. Ils étaient dans le même état d'esprit que les jurés de la pièce, la diversité sociale en moins. Tous étaient prêts à envoyer le coupable à la chaise électrique. Mais lorsqu'on met ne avant un fait qui prête à discussion, le revirement est total, et ils incriminent alors la peine de mort qui peut mettre fin à la vie d'innocents, à qui le doute doit profiter. On était passé d'un extrême à l'autre.
C'est une pièce éducative très intéressante pour montrer le pouvoir de la parole, de la persuasion, et le rôle de l'argumentation
A VOIR, A ANALYSER, A DISCUTER.
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Quand j'animais des formations pour professionnels du monde de la santé c'était un livre (ou les différentes versions ciné, télé - ne pas oublier la version du cinéaste william Friedkin avec Jack Lemmon et georges C.Scott - et théâtre existantes) que je recommandais vivement de lire, à la fois pour son fond et pour sa forme : court et prenant, facile à lire, il convenait même à des personnes peu habituées ou enclines à lire et il est efficace et riche pour étudier la manière de communiquer des uns et des autres et faire apparaître ce qui modèle notre communication personnelle : notre "culture" - largement dépendante de notre milieu d'origine, notre expérience de la vie -, notre lecture et compréhension du "monde", d'autrui, notre "paire de lunettes", notre vision, nos a priori, nos préjugés, nos goûts ( différents qu'on soit un homme ou une femme) le contexte social ( les USA racistes dans les années 1950) ou l'actualité du moment, notre tempérament, notre capacité d'écoute véritable selon notre état de fatigue, notre objectif explicité ou pas etc etc.. très riche !
Sur le fond, rejoint par la forme, à la fois une réflexion sur la justice et les comparaisons entre jugement " de tous les jours" et jugement dans un cadre judiciaire, et une réflexion sur la peine de mort (à compléter par des films comme "tu ne tueras point" de Krystof Kieslowsky - orthographe non garanti - (qui passe cette semaine sur Arte) et 2 hommes dans la ville, très accessible pour des Français puisqu'y jouent Delon et Gabin..
C'est donc une pièce facile à lire et très enrichissante pour chacun d'entre nous et utile pour une société, encore aujourd'hui, presque 70 ans après sa parution.
Alors, pourquoi pas 5 étoiles ? Parce, quand même, celui qui voulait expédier vite fait les débats a raté un match à la tv, et ça ce n'est pas sympa, de la part de l'auteur, pour ce personnage.. car un match, tout de même, c'est important..
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